L'agriculture biologique dans le Diois

17 septembre 1996
04m 31s
Réf. 00412

Notice

Résumé :

L'agriculture biologique est en plein essor dans la Drôme et l'Ardèche. Le Diois est fortement engagé dans cette filière et des structures se créent telles que Corabio qui œuvre pour le développement de l'agriculture biologique et l'organisation des producteurs.

Date de diffusion :
17 septembre 1996
Source :
Thèmes :

Éclairage

L'agriculture biologique est une méthode de culture qui n'utilise pas de pesticides ou d'engrais chimiques et qui les remplace par d'autres méthodes incluant des produits issus des plantes ou des animaux (purin, compost ...). Cette préoccupation est incarnée depuis 1962 par l'Association Française pour l'Agriculture Biologique (AFAB). Le mouvement de retour à la nature des années 1968 a favorisé le développement de mode de production biologique. Le terme « agriculture biologique » est légalement protégé en France depuis la loi d'orientation agricole du 4 juillet 1980 et le décret du 10 mars 1981 qui ont fixé le cahier des charges et précisé les substances pouvant être utilisées dans la production, la conservation et la transformation des produits agricoles dits biologiques.

Le reportage de Rhône-Alpes Première du 17 septembre 1996 présente un réseau de producteurs du Diois, CORABIO, qui promeut le développement de l'agriculture biologique et l'organisation en coopératives des producteurs. Il souligne que le choix par des néo-ruraux de ce type d'agriculture se soucie d'éthique et d'avenir des générations futures. En Drôme-Ardèche également, l'association Passerelle Nature basée à Valence a constitué depuis plus d'une vingtaine d'années un réseau qui regroupe tous les professionnels et structures qui s'occupent de développement durable, d'écologie et de protection de l'environnement. Regroupant l'offre existante au niveau local, le réseau privilégie une logique de proximité.

L'agriculture biologique française représente 8,9 % de l'agriculture biologique européenne. En 2009, la surface agricole utile (SAU) consacrée à l'agriculture biologique est de 2,5 % (contre près de 9 % en Italie) ; pour atteindre les objectifs du Grenelle de l'environnement, un plan « Agriculture biologique : horizon 2012 », a été initié avec l'objectif d'atteindre à cette date 6 % de la SAU pour l'agriculture biologique, ce qui implique de tripler les surfaces en bio. Le nombre des agriculteurs bio aura quasiment été multiplié par 2 en 20 ans (passant de 10 000 producteurs en 1982 à près de 20 000 en 2010).

Un Plan d'action européen en matière d'alimentation et d'agriculture biologiques a été adopté le 18 octobre 2004. Dans l'Union européenne, la part des surfaces agricoles utiles (SAU) en mode de production biologique varie très fortement selon les États membres, de 14% en Autriche, à moins de 1% pour Malte. La France, avec 2,5 % des terres en bio est à la vingtième place. Depuis le mois d'avril 2000, le logo européen peut être apposé sur les produits et ingrédients composés d'au moins 95% d'ingrédients issus du mode de production biologique obtenus conformément à la réglementation européenne. La consommation d'aliments issus de l'agriculture biologique a progressé de près de 10 % en moyenne par an depuis dix ans. Depuis le 1er juillet 2010, le nouveau logo bio européen est obligatoire sur les produits alimentaires préemballés.

Michelle Zancarini

Transcription

(Musique)
Philippe Bette
Bonjour, nous avons choisi aujourd’hui de vous parler de l’agriculture biologique. Cette forme alternative d’agriculture qui proscrit l’usage des pesticides et des engrais chimiques. 500 exploitants en Rhône-Alpes ont déjà fait le pari de l’agriculture bio soit par intérêt économique soit par philosophie. 60% d’entre eux se trouvent installés en Drôme Ardèche. Ici se met en place autour du Diois une véritable filière bio, d’ailleurs encouragée par la région Rhône-Alpes et la Communauté Européenne.
(Musique)
Philippe Bette
Ils sont déjà une cinquantaine dans le Diois à faire du bio. Pierre Gautronneau est parti de rien en 83 pour créer son exploitation. 30 hectares de cultures, des céréales principalement. Travail contraignant puisqu’il prépare lui-même de quoi enrichir les sols sans adjuvant chimique. Fort heureusement, les producteurs bio de la région se sont regroupés pour acheter des matériels spécialisés et partager leurs moyens. C’est maintenant plus simple de faire des composts.
Pierre Gautronneau
Un engrais chimique utilisé en agriculture conventionnelle sert uniquement à nourrir la plante, à lui amener les quantités d’azote, de phosphore et de potasse suffisantes pour sa croissance, tandis que là avec un compost, nous augmentons le taux de matière organique du sol, la vie microbienne. Le principe de l’agriculture biologique c’est d’abord nourrir le sol qui est ensuite lui-même nourrira la plante.
Journaliste
Joëlle, la femme de Pierre contribue à l’entreprise. Elle s’occupe des produits maraîchers. Il aura fallu 8 ans pour dégager un revenu décent de l’exploitation. Faire du bio c’est un peu risqué, la nature est capricieuse, il faut de la constance et une certaine éthique. C’est quelque part une recherche personnelle.
Pierre Gautronneau
Il y a beaucoup d’aléas, c’est pas toujours, c’est pas toujours évident euh, mais on y arrive.
Journaliste
Vous avez choisi ce type d’exploitation par conviction personnelle ou par intérêt économique.
Pierre Gautronneau
Par conviction personnelle. Surtout pour que nos enfants, nos arrières petits enfants, nos arrières arrières petits enfants puissent continuer à cultiver la terre.
Journaliste
Pierre dit à qui veut l’entendre que pour réussir dans l’agriculture bio, il faut être un peu malin. Dans ces 4 hectares de vignes, il traque les maladies, il guette l’apparition du mildiou. Il faut être très à l’écoute de la nature.
(Bruit)
Journaliste
L’agriculteur bio se sait vulnérable et doit anticiper. Beaucoup ne se lancent dans l’aventure que très progressivement, convaincus de gagner davantage mais aussi de risquer gros.
Pierre Gautronneau
Il faut absolument pas rater un traitement par rapport aux agriculteurs qui en, en lutte conventionnelle utilisent des produits qui garantissent une protection de 15, de 15 jours ou 20 jours. Nous, nous devons renouveler après chaque pluie, mais bon l’état sanitaire des, des grappes est correct, tout a fait sain et donc nous allons faire la semaine prochaine de belles vendanges et nous espérons un très bon millésime.
Journaliste
Un peu plus loin, à Saint-Roman, on récolte des pommes et des poires qui seront vendues sur le marché de Grenoble avec le label bio. Jean-Marie Verdet, médecin de formation s’est réveillé un jour arboriculteur. Il a passé un bac agricole pour faire de l’alimentation naturelle, il a racheté 50 hectares de vergers et produit aujourd’hui des fruits et des plantes aromatiques. Spectaculaire conversion aux principes bios.
Jean-Marie Verdet
J’ai repris cette exploitation qui était en agriculture conventionnelle. Pendant 3 ans je n’ai pas mis un seul désherbant dans mes vergers. Au bout de la troisième année, j’ai fait une analyse de fruits et ben dans les fruits, il y avait des résidus de désherbant, trois ans après la dernière application sur le sol.
Journaliste
Cela vous a convaincu de vous convertir à l’agriculture biologique.
Jean-Marie Verdet
Non, c’était une c’est un argument de plus pour moi. Mais ma conviction était déjà faite avant.
Journaliste
Encore fragile, la filière bio s’organise Corabio, une coordination interprofessionnelle s’est mise en place en 94 dans le Diois. Ses objectifs, aider à la reconversion des agriculteurs traditionnels et défendre les intérêts d'exploitants isolés contre les grands réseaux de distribution.
Ghislaine Noailles
Ce qu’on essai de faire maintenant en Rhône-Alpes avec l’aide de la région, c’est de travailler à un programme de développement de l’agriculture biologique et de réorganiser, de structurer les producteurs de façon à ce qu’ils puisent faire une offre concertée au niveau des transformateurs avec des prix définis par eux-mêmes.
Journaliste
Premier équipement du genre en Rhône-Alpes, la nouvelle coopérative de Die peut maintenant accueillir des céréales biologiques, un investissement permis par les subventions européennes. La région Rhône-Alpes encourage elle aussi le développement de l’agriculture bio. Elle prépare un programme intégré de développement agricole, l’émergence d’une vraie filière professionnelle.
(Musique)