La culture du tabac
Notice
Ce reportage retrace le travail des producteurs de tabac en France, de la plantation à la vente aux manufactures. On y emploie des méthodes aussi bien traditionnelles, à la main, que modernes, à la machine.
Éclairage
La région Rhône-Alpes avec ses 1130 ha plantés en tabac est la 3ème en France (après le Périgord et l'Alsace), essentiellement dans le nord de la Drôme – 300 ha et au sud de l'Isère – 720 ha, et secondairement dans le sud de l'Ain grâce à des sols argileux-calcaires favorables à la culture du tabac. Elle commence au début du mois de mars avec les semences ; puis les plants sont transplantés en plein champ vers la mi-mai. Au début de l'été, lorsque le tabac atteint environ 1,80 m de hauteur, la floraison commence. La fleur est alors coupée pour favoriser un développement maximal des feuilles : une vingtaine par pied, des feuilles larges qui retombent légèrement. Après les premières décolorations, la récolte a lieu pendant les mois de juillet ou août. Elle nécessite le recours à une nombreuse main-d'œuvre car la récolte se fait feuille à feuille. Le tabac est ensuite séché à l'air libre dans des séchoirs traditionnels ou dans des locaux où souffle de l'air chaud. On dépend alors les feuilles pour effectuer un long triage d'où ressortent des « manoques », sortes de liasses de vingt-cinq feuilles environ, qui sont soumises à fermentation. Le tabac est trié au cours de l'automne avant d'être livré pour la production et la vente. Un grand nombre d'opérations vont transformer le tabac pressé et emballé en scaferlati (tabac haché). Il est alors expédié à l'usine où il sera transformé en cigarettes ou en cigares.
Le tabac, importé du Brésil par Jean Nicot - d'où son nom « d'herbe à Nicot » - est dans un premier temps, au milieu du XVIe siècle, consommé à la Cour de Catherine de Médicis. À partir de 1674, l'État s'est réservé le monopole de la fabrication et de la vente. Il est interdit dans les états du Dauphiné sous l'Ancien Régime, jusqu'à la Révolution française et la loi du 27 mars 1791 qui proclame la liberté de culture du tabac sur le territoire. Le monopole est rétabli par Napoléon 1er en 1810. Le tabac s'est surtout développé en Isère après l'annexion de la Savoie à la France en 1860 et la guerre de 1870-1871 où l'Alsace, terre de culture du tabac, est occupée par l'Allemagne. Le tabac était transformé dans des manufactures de l'État chargées également à partir de 1890, de la production et du monopole des allumettes. Le Service d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes (SEITA) qui gère le monopole est créé en 1926. La consommation du tabac se développe avec le service militaire obligatoire à partir de la fin du XIXe siècle (le tabac fait partie de la ration du soldat).
En avril 1970, dans le cadre de la politique agricole commune européenne, le monopole du tabac est aboli. La production devient alors du seul ressort des agriculteurs qui gèrent de petites exploitations plantées en tabac (entre 1,5 et 8 ha). La publicité pour le tabac est réglementée par la loi Veil en 1976, puis par la loi Evin en 1991. Après la privatisation de la Seita en 1995, toute participation de l'État à la production de tabac sera abandonnée en 2000. Le monopole exercé longtemps par l'État français a permis l'établissement de taxes qui procurent d'importants revenus au trésor public.