La Foulée blanche

Dans son édition de midi du 25 janvier 1999, le JT Alpes commence son reportage sur la Foulée blanche sur un fond de musique entraînante et des vue aériennes des 3400 skieurs s'élançant du village d'Autrans, dans le Vercors, pour un marathon de 42 kilomètres et 500 mètres de dénivelé devant les ramener à leur point de départ. Les images des concurrents aux vêtements colorés font écho à la neige brillante sous le soleil et donnent un sentiment de fête et d'enthousiasme. Signe de la forte reconnaissance de l'épreuve, celle-ci intègre cette année le championnat de France de ski de fond pour un circuit de 50 kilomètres chez les hommes, de 30 kilomètres chez les femmes. C'est d'ailleurs sur cette dernière compétition que s'attardent le plus les commentaires. Les plans rapprochés et les travellings sur les meilleurs skieurs mettent en avant leur qualité de vitesse et la technique de patineur qui, désormais, a pris l'ascendant sur le pas alternatif traditionnel. Les combinaisons moulantes et aérodynamiques n'ont plus grand chose à voir avec les pantalons fuseaux et les pullovers du début des années 1970. Le commentaire insiste cependant moins sur les vainqueurs, Stéphane Passeron chez les hommes et Sophie Villeneuve chez les femmes, que sur le quatrième de l'épreuve masculine, Vincent Vittoz. Originaire d'Annecy, ayant grandi à La Clusaz, celui-ci est en effet largement favori au départ, après sa neuvième place aux championnats du monde tenus deux semaines plus tôt, en Italie, alors qu'il n'a que 23 ans. Son échec relatif dans cette édition de la Foulée blanche ne l'empêchera d'ailleurs pas de devenir champion du monde de poursuite en 2005, quelques semaines après avoir été blanchi d'un contrôle anti-dopage d'abord positif.

Les images du podium, la présence de publicité, les spectateurs nombreux confirment combien le ski de fond est devenu un sport spectaculaire et apprécié. En dépit de l'absence de neige qui empêche sa tenue à six reprises avant 1999, y compris l'année précédente, la Foulée blanche connait d'ailleurs un succès de participation remarquable. Se faisant, elle contribue à assurer la promotion d'Autrans, qui avait accueilli les épreuves olympiques de ski de fond, de biathlon et de saut en 1968, et est rapidement devenue une destination privilégiée des nouveaux fondeurs. Par la suite, elle a parfaitement rentabilisé cet engouement et a su répondre à une demande exponentielle stimulée par la recherche d'un retour vers la nature pour une partie des populations urbaines. Dans la décennie 1975-1985, le rythme de progression du nombre de pratiquants en France a atteint plus 250 % en moyenne. Lancée en 1979 comme la Transjurassienne et d'autres épreuves de masse, la Foulée blanche a ainsi fourni un nouveau cadre à un public de sportifs tournés vers la nature, l'effort de durée, le dépassement de soi et la convivialité.