Retraites complémentaires : l'Arrco, Association pour le régime de retraite complémentaire des salariés

30 novembre 1967
43s
Réf. 00010

Notice

Résumé :

La Sécurité sociale de base de 1945 ne donnant que des retraites insuffisantes, les partenaires sociaux décident de créer des régimes de retraites complémentaires. C'est l'Agirc (1947) pour les cadres, et l'Arrco (1961) pour les non cadres. Ces régimes se veulent totalement indépendants des gouvernements.

Date de diffusion :
30 novembre 1967
Source :
ORTF (Collection: JT 20H )
Personnalité(s) :

Éclairage

Le 8 décembre 1961 marque une date très importante dans l'histoire des retraites en France.

Lorsque la Sécurité sociale est créée en 1945, la France sort de quatre années de guerre et d'occupation. Si le mérite de ses pères fondateurs est grand, force est de constater que dans un pays ruiné, la Sécurité sociale qui est créée, est une Sécurité sociale a minima. En particulier en matière de retraite, la pension maximale est égale à 40 % du plafond de la Sécurité sociale. Ce qui veut dire que pour un cadre gagnant deux fois le plafond, sa retraite ne représente que 20 % de son dernier salaire. Cette situation est bien entendu intenable et dès le 14 mars 1947 est créée l'Association Générale des Institutions de Retraite des Cadres (Agirc), fédérant toutes les caisses de retraite complémentaire des cadres existantes. Avec l'Agirc, un cadre peut désormais obtenir une retraite totale d'environ 70 % de son dernier salaire, mais dont 20 % seulement provient du Régime général et 50 % de sa caisse de cadre. Les salariés non cadres ne peuvent alors que rechercher une solution analogue en mettant en place des caisses de retraites complémentaires pour les non cadres, et arriver aussi à environ 70 % de leur dernier salaire. Avec une proportion différente : 50 % pour la retraite de base et 20 % pour la retraite complémentaire. De multiples caisses sont créées, où contrairement aux caisses de cadres, les règles de fonctionnement et le montant des prestations varient d'une caisse à l'autre. A l'Agirc, toutes les caisses appliquent les mêmes règles.

En 1957, nombre de caisses de non cadres se fédèrent dans l'Unirs (Union Nationale Interprofessionnelle de retraite des salariés).

Il fallait aller plus loin, cela est réalisé par l'accord du 8 décembre 1961. Cet accord étend le bénéfice d'une retraite complémentaire à l'ensemble des salariés non cadres du secteur privé. Il réalise entre les différentes institutions une coordination et une compensation appropriées. Il est conclu entre le CNPF d'une part, la CFTC et FO d'autre part (les autres grandes centrales syndicales ont adhéré ultérieurement). Il permet d'inclure dans son périmètre les employés, techniciens et agents de maîtrise (Etam) non rattachés à l'Agirc.

La particularité de l'Arrco (Association des Régimes de Retraite Complémentaire), mais aussi de l'Agirc, c'est qu'il s'agit de régimes strictement paritaires et gérés par les seuls partenaires sociaux. L'Etat ne peut pas s'immiscer dans leur gestion ou leur fonctionnement.

On en eut une illustration déterminante lors de l'abaissement de l'âge de la retraite en 1982. L'Etat décida pour le Régime général, mais ne pouvait rien faire pour les retraites complémentaire. L'Etat était donc totalement tributaire des partenaires sociaux, car s'ils n'adaptaient pas leur régime, la retraite à 60 ans était vide de sens. C'est ainsi que fut créée, par l'accord du 4 février 1983, l'Association pour la structure financière qui finance le supplément de dépenses provenant de l'abaissement de l'âge de la retraite à l'Agirc et à l'Arrco.

Les retraites complémentaires jouant un rôle majeur dans la retraite des Français, une loi de décembre 1972 généralise les retraites complémentaires. Dès lors, tout retraité du secteur privé perçoit obligatoirement au moins deux retraites, celle de la Cnav et en plus celle de sa ou de ses caisses complémentaires.

Les caisses de l'Arrco ont progressivement harmonisé leurs règles et se sont regroupées, de sorte qu'il n'existe plus aujourd'hui qu'une vingtaine de « groupes de protection sociale paritaire ».

Jean-François Chadelat

Transcription

Journaliste
Inauguration hier après-midi à Paris des nouveaux locaux de l’association des régimes de retraites complémentaires, l’Arrco. Inauguration qui a eu lieu en présence de Monsieur Laurent Lucas, Secrétaire général adjoint de la CFDT et président de cette association qui rassemble actuellement 22 régimes de retraites groupant plus de 7,5 millions de salariés et près de 1,5 million de retraités. Rappelons que la généralisation des retraites complémentaires à la quasi-totalité des salariés du commerce et de l’industrie a été décidée en 1961 par un accord entre le CNPF et les grandes centrales syndicales.