La Constitution est modifiée pour les LFSS
Notice
Il aura fallu attendre un demi-siècle pour que le Parlement puisse se prononcer par un vote sur les comptes de la Sécurité sociale. Alors que les masses financières sont très supérieures à celle du budget de l'Etat, aucun vote ne venait les sanctionner. C'est le grand mérite d'Alain Juppé que d'avoir créé les Lois de Financement de la Sécurité Sociale (LFSS).
Éclairage
La création des Lois de Financement de la Sécurité sociale constitue sans doute le point culminant du plan Juppé, pourtant très riche.
En 1956 avait été créé un fascicule budgétaire appelé « Budget Social de la Nation ». Ce document d'une vingtaine de pages ne comportait que des tableaux de chiffres, mais son titre était pour le moins malheureux, dans la mesure où il a suscité des envies chez les parlementaires. Ceux-ci votent le Budget de l'Etat, il leur paraissait donc naturel d'émettre un vote sur cet autre Budget. Il leur fut répondu qu'il s'agissait là d'un simple document d'information.
Les dépenses sociales croissant à un rythme élevé, elles dépassèrent, et de loin, le Budget de l'Etat. Mais toujours pas de vote. Pour tenter de calmer les parlementaires, on changea par une loi de décembre 1974 le nom du document en « Effort Social de la Nation ». Mais toujours pas de vote !
Les parlementaires se sentaient frustrés et déposaient à jet continu des propositions de loi pour pouvoir voter le « budget de la Sécu », mais elles étaient toutes inconstitutionnelles.
Considérant qu'il était naturel que le Parlement puisse se prononcer par un vote sur le budget de la Sécurité sociale, Alain Juppé décida de modifier la Constitution.
Ainsi chaque année, au début du mois d'octobre, un Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) est déposé sur le bureau du Parlement.
Le calendrier et le titre sont délibérément inspirés du Projet de Loi de Finances (PLF) qui conduit au vote du budget de l'Etat. Le parallélisme des formes a toutefois une limite. Les dépenses de l'Etat sont budgétairement limitatives. Ceci n'aurait guère de sens en matière sociale, où l'on n'imagine pas que l'on arrête les remboursements de soins parce que les crédits sont épuisés.
Le PLFSS, jamais remis en cause par aucun gouvernement, est le temps fort de l'année sociale. Il introduit surtout une contrainte très forte pour l‘exécutif. Fin septembre, la Commission des Comptes de la Sécurité sociale présente ses prévisions pour l'année suivante. Sur la base de ce document, le gouvernement doit dire ce qu'il va faire. Et la réponse est : le PLFSS.