Mise en œuvre du plan Juppé
Notice
Le plan Juppé est annoncé par le discours du 15 novembre 1995. Sa mise en œuvre se réalise par une série d'ordonnances publiées au cours de l'année 1996. Tous gouvernements confondus, l'œuvre d'Alain Juppé a perduré, constituant un tournant dans l'architecture de la Sécurité sociale. Les LFSS, l'Ondam, la Cades, les ARH sont les grandes pierres de cet édifice.
Éclairage
Le plan Juppé est présenté par son auteur dans un discours de politique générale sur la Sécurité sociale, le 15 novembre 1995. La particularité de ce plan est qu'il est très ambitieux. Le Premier ministre veut d'abord que le Parlement se prononce par un vote sur son plan. Mais la Constitution ne le permet pas. Alain Juppé n'a donc que la possibilité de faire un discours et, il faut le reconnaître, un débat sur ces mesures. Ce débat sur la Sécurité sociale est d'ailleurs explicitement prévu par la loi du 25 juillet 1994 tous les ans au milieu de la session d'automne du Parlement.
Alain Juppé est aussi surpris que heurté par cette situation qu'il juge anachronique.
Pour obtenir quand même un vote du Parlement, Alain Juppé décide donc d'engager la responsabilité de son Gouvernement. Il obtient, sans difficulté, le quitus de l'Assemblée, mais le problème est posé. Il faut donc modifier la Constitution. Il faut également mettre en œuvre toutes les mesures contenues dans son plan, ceci est fait par une série d'ordonnances.
Les principales mesures, outre la création des lois de financement (voir La constitution est modifiée pour les LFSS), sont les suivantes :
- Début de désendettement de la Sécurité sociale avec la création de la CADES, financée par la CRDS (voir La Contribution au Remboursement de la Dette Sociale (CRDS)).
- Début d'une certaine forme de régionalisation du système de soins avec la création des Agences Régionales d'Hospitalisation (ARH) (voir Lancement des agences régionales d'hospitalisation).
- Volonté de réguler les dépenses de santé avec la mise en place de l'Ondam (objectif national des dépenses d'Assurance maladie). L'Ondam n'est pas vraiment une nouveauté : au tout début des années quatre-vingt-dix, sous l'impulsion de trois Ministres socialistes de la santé - René Teulade, Jean-Louis Bianco et Claude Evin - ont été créés les OQN, Objectifs Quantifiés Nationaux, qui s'appliquent progressivement à toute une série de professionnels de santé : cliniques, masseurs, infirmiers, mais à l'exception des médecins. En faisant rentrer les médecins dans l'Ondam, Alain Juppé s'attire une véritable opposition du corps médical, qui vingt ans après reste vivace.
- Création de l'Agence Nationale d'Evaluation et d'Accréditation en Santé (ANAES) (voir Lancement des agences régionales d'hospitalisation).
- Création des Conventions d'Objectifs et de Gestion (COG), conclues entre l'Etat et les caisses nationales de la Sécurité sociale.