L'hôpital, principal poste de dépense de la Sécurité sociale

19 janvier 1976
03m 10s
Réf. 00090

Notice

Résumé :

La dérive des dépenses hospitalières est un grave problème pour la Sécurité sociale, car elles représentent pratiquement la moitié de ses dépenses. L'hôpital traite les cas les plus lourds, donc les plus coûteux. Economiser sur l'hôpital est une nécessité, mais il faut considérer que 70 % des dépenses de l'hôpital est constitué par sa masse salariale.

Date de diffusion :
19 janvier 1976
Source :
TF1 (Collection: IT1 20H )
Thèmes :

Éclairage

Ce qui est particulièrement intéressant dans cette vidéo, c'est qu'elle date du 19 janvier 1976, c'est-à-dire il y a quarante ans. Elle pourrait être diffusée aujourd'hui, sans en changer une virgule, et sans que personne ne s'en rende compte.

L'Assurance maladie a des problèmes financiers, il y a de la surconsommation médicale, il y a des arrêts de travail abusifs, mais il y a aussi et surtout le sujet des dépenses hospitalières. Le chiffre cité par le journaliste est de 40 % des dépenses d'Assurance maladie au titre de l'hôpital. Le pourcentage de 2015 est de 43,9 %. Il indique que la France est bien au-dessus de la moyenne européenne, ce qui est toujours le cas, et nombreuses sont les voix qui, aujourd'hui, critiquent cet hospitalo-centrisme.

Les causes de la très forte dérive des dépenses hospitalières (on a dépassé 35 % de croissance pour l'année 1976), sont décrites par le journaliste et par un directeur d'hôpital. Elles sont toujours d'actualité. On va de plus en plus souvent à l'hôpital. Les malades restent trop longtemps à l'hôpital. Sur ces deux points, il y a des progrès, la durée moyenne de séjour diminue lentement mais régulièrement. La Cnam développe des programmes pour favoriser le retour des patients hospitalisés à leur domicile. La chirurgie ambulatoire, domaine où la France est très en retard, va être érigée en priorité. Il est certain qu'en 1976 comme aujourd'hui l'hôpital est le lieu où l'on pratique les techniques de pointe de très haut niveau, mais cela coûte très cher.

En tout état de cause, si l'on veut économiser dans le secteur hospitalier, il faut impérativement garder en mémoire que les dépenses de personnel représentent 70 % des dépenses de l'hôpital.

Par voie de conséquence, économiser sur la masse salariale hospitalière revient à regrouper des services et à fermer des lits, car le personnel n'est ni trop nombreux, ni trop payé. Les communautés hospitalières de territoire (loi Bachelot) ou les groupements hospitaliers de territoire (loi Touraine), sont des réponses qui vont dans cette bonne direction.

Jean-François Chadelat

Transcription

Présentateur
Et c’est bien le moment pour nous de poursuivre notre route sur le chemin aride, mais quand bien passionnant pour tâcher de comprendre ce qui ne va pas dans les dépenses de la Sécurité sociale. Nous avons évoqué déjà la surconsommation médicale, c’est un fait, même s’il est contesté. Nous avons ouvert le dossier des arrêts de travail abusif. Et c’est encore plus délicat, car individuellement, personne n’abuse. Et voici aujourd’hui les hôpitaux, leur prix de journée. Les tarifs paraissent souvent extraordinairement élevés. Est-il possible de faire des économies dans ce secteur ? Jacques Lenoir pour un début de réponse.
Journaliste
Les hôpitaux coûtent cher, très cher, c’est vrai, ils engloutissent 40 % des dépenses de l’Assurance maladie. C’est énorme, bien plus que chez nos voisins européens. Chez nous, le coût moyen des dépenses d’hospitalisation est de 166 francs par assuré social. Il est, vous le voyez, supérieur à ceux d’Italie, d’Allemagne et de Belgique. De 1974 à 1975, les frais d’hôpitaux ont augmenté d’un tiers, pourquoi ? Eh bien, d’abord parce que l’on va de plus en plus souvent à l’hôpital. Parfois même, l’hospitalisation systématique est-elle abusive, et on y reste longtemps. La durée moyenne du séjour, certes, est en réduction, mais il est trop souvent prolongé inutilement, parce que le malade attend plusieurs jours avant de subir tel ou tel examen. Puis, les prix de journée montent sans cesse. Vous voyez ceux de cette année, ils augmentent ces jours-ci de 12 %. En 10 ans, la hausse est de 86 %. Réponse des directeurs d’hôpitaux, nos dépenses sont énormes. D’abord, celles en personnel, près de 60 % du budget. C’est beaucoup, oui. Est-ce excessif ? Sûrement pas, le personnel infirmier en particulier n’est ni trop nombreux, ni trop payé [Inaudible]. En fait, ce qui coûte cher à l’hôpital, c’est l’utilisation de techniques nécessitant des investissements importants.
Monsieur Billion
Aujourd’hui, les examens cliniques conservent certes toute son importance, mais ils se trouvent guidés, orientés, confortés par toute une série d’examens, d’analyses ; d’exploration biologique, radiologique, électrologique, électronique, isotopique, échographique, fonctionnelle ; que sais-je encore que l’on pratique couramment dans les hôpitaux et qui sont très chers.
Journaliste
Bref, selon vous, il est impossible de faire davantage d’économies dans les hôpitaux.
Monsieur Billion
Il faudrait renoncer à certaines acquisitions techniques récentes et par conséquent, accepter une certaine régression.
Journaliste
Pour économiser, l’Assistance publique a bien demandé de limiter les dépenses en nourriture, elle aussi à la charge de la Sécurité sociale. Mais elles ne représentent que 3 à 4 % de l’ensemble des frais. On peut donc difficilement parler de gaspillage. On peut, c’est certain, éviter des abus en particulier, des analyses ou des examens justifiés ; on peut surtout réduire la durée du séjour à l’hôpital qui reste encore trop longue. Mais il est difficile de faire d’autres économies. Ou alors, c’est l’état de santé de chacun d’entre nous qui risque d’en faire les frais. Bref, le remède miracle au déficit de la Sécurité sociale, ce n’est pas seulement à l’hôpital qu’on a le plus de chance de le trouver. Tout juste pourra-t-on derrière ces murs apporter quelques améliorations à l’état de santé de ce grand corps malade.