Pierre Dumayet reçoit Pierre Soulages

17 août 1969
04m 02s
Réf. 00007

Notice

Résumé :

Pierre Dumayet reçoit Pierre Soulages. Ce dernier commence par rejeter le terme "vocation", qui implique selon lui un "appel" extérieur. Le peintre retrace ensuite l'itinéraire de son inclination vers l'abstraction.

Type de média :
Date de diffusion :
17 août 1969
Source :
ORTF (Collection: Vocations )
Lieux :

Transcription

Technicien
Zoom arrière. Change !
(Bruit)
Technicien
Pano, change !
Technicien 2
D’accord.
Technicien
Rideau ! Zoom avant ! Change !
(Bruit)
Technicien 2
Ça te suffit ?
Pierre Soulages
Il faut que vous m’expliquiez un peu ce que c'est, qu’on va faire.
Pierre Dumayet
Oui, je vais expliquer ça.
(Bruit)
Pierre Soulages
Moi, je ne suis pas d’accord avec le mot, non. Parce que… Enfin, il faudrait savoir ce que veut dire exactement la vocation. Mais la vocation… Je ne sais pas, il faudrait prendre un dictionnaire pour voir exactement le sens du mot vocation. Mais…
Pierre Dumayet
Ce qui vous gêne, c’est la proximité avec l’expression religieuse et le sens religieux ?
Pierre Soulages
Oui, et puis, alors, cette espèce d’appel que ça a l’air d’être alors que c’est quelque chose qui a l’air d’être extérieur à un individu et qui… Enfin, il a l’air d’être appelé d’ailleurs. Alors que pour moi, c’est une chose qui est venue très naturellement, comme ça, et… Un beau jour, quand même, j’ai su que je serais peintre, au fond de moi. Mais je n’ai pas… Enfin, j’ai su que je serai peintre, j’ai su que je ferai tout pour, dans la vie, ne faire que de la peinture. C'est-à-dire j’ai considéré, un jour, que la peinture, c’était la chose la plus importante que je pouvais… la plus importante pour moi. Et c’était, finalement, même, la seule chose que j’aimerai faire. Alors, oui, un jour, je crois que j’ai su ça. J’en ai pris conscience. Et comment c’est venu ? Alors ça, je ne crois pas que ce soit… C’est venu… Au fond, je sais un peu comment c’est venu quand même. Enfin, je sais à quel moment j’en ai pris conscience. Ça, je m’en souviens. D’ailleurs, je vous l’avais dit. Après une visite à une abbatiale romane, à côté de Rodez, le lieu où je suis né, j’ai été très impressionné par ce que j’ai vu, par l’architecture, par la sculpture, par l’art. Et je crois que ce jour-là, au fond de moi, j’ai décidé de m’occuper de ces choses-là en en faisant toute ma vie. Enfin, d’essayer de faire ça toute ma vie en tout cas. Ce jour-là, je l’ai su. Je devais avoir 13, 14 ans. Mais enfin, si je suis devenu peintre, c’est parce que j’aimais peindre, parce que j’ai toujours peint. Quand j’étais enfant, je peignais. Et alors, si je suis devenu peintre, je crois que c’est parce que j’ai eu… Je préfèrerais dire : c’est parce qu’un jour, j’ai eu… je me suis aperçu que j’avais la passion de la peinture. C’est comme ça que c’est arrivé.
Pierre Dumayet
C’est la première découverte, la seconde étant l’abbaye en un sens. Ce n’est pas tout à fait…
Pierre Soulages
Je ne sais pas. Je peignais. Je ne savais peut-être pas que j’avais la passion de la peinture. Comme il y a des vices que l’on pratique et puis on s’aperçoit que ce sont des vices. Mais après.