Soulages reçoit le Prix Carnegie

06 février 1965
02m 38s
Réf. 00002

Notice

Résumé :

Dans son atelier parisien, interview du peintre, lauréat du prix Carnegie décerné en 1964 à Pittsburgh.

Date de diffusion :
06 février 1965
Personnalité(s) :

Transcription

Journaliste
Pierre Soulages, le prix Carnegie de peinture, que vous venez de recevoir, n’avait pas été décerné à un Français depuis plus de 10 ans. Quelle toile vous a valu ce prix ?
Pierre Soulages
C’est une toile que j’ai peinte… que j’ai peint en 63. C’est une grande toile de 3 mètres sur 2 environ.
Journaliste
Qu’est-ce que le prix Carnegie exactement ?
Pierre Soulages
C’est un prix qui est décerné tous les 3 ans. Et pendant 3 ans, les organisateurs de ce prix sélectionnent des toiles dans tous les pays du monde et les soumettent ensuite à un jury international à Pittsburgh, en Amérique.
Journaliste
Vous n’êtes pas un figuratif, Pierre Soulages. Pourtant, vous ne vous êtes pas toujours exprimé de cette façon avant de venir à Paris.
Pierre Soulages
Non. Mais depuis que je peintre, enfin que je fais uniquement de la peinture, je fais de la peinture abstraite. J’ai… A mes débuts, quand j’étais au lycée, quand j’étais enfant, j’ai peint les paysages dans mon pays natal, la région de Rodez. Mais depuis que je suis arrivé à Paris, c'est-à-dire depuis 1946, ma peinture est abstraite.
Journaliste
On a dit, Pierre Soulages, que votre peinture est restée marquée par les paysages de votre enfance. Qu’y a-t-il de vrai ?
Pierre Soulages
C’est vrai. C'est-à-dire l’influence du pays dans lequel j’ai vécu toute mon enfance est certaine. Maintenant, dans ce pays, j’avais déjà choisi les choses qui me touchent. J’aime les causses, par exemple, les grands plateaux désolés. Et quand j’étais tout jeune, je peignais très souvent des arbres noirs l’hiver. Mais dans mon pays natal, il n’y a pas que des causses et des arbres noirs. C’était ces choses-là que j’avais choisies. C'est-à-dire que l’influence de ce pays a joué, mais dès le début, les choix que j’y ai fait me paraissent aussi importants que cette influence.
Journaliste
Ici, à Paris, votre univers est un peu plus restreint, bien sûr. L’atelier parisien où vous nous recevez, par exemple, aujourd'hui, est-il votre lieu privilégié de travail ?
Pierre Soulages
Oui. Ce n’est pas… J’ai cet atelier tout près de Notre Dame que l’on peut voir, d’ailleurs, depuis ces fenêtres. Mais j’ai aussi un autre atelier à Sète, tout près du cimetière marin. Le… Je ne peux pas dire que c’est l’atelier de Paris que je préfère puisque je travaille aussi bien à Sète qu’à Paris. Mais enfin, c’est l’atelier de mes débuts.