Voeux pour l'année 1961
Notice
Le général de Gaulle présente aux Français ses voeux pour l'année 1961, année qu'il envisage avec confiance malgré les temps troublés. Il souhaite que tous les Français profitent du progrès économique et social. A l'extérieur, il critique l'attitude de l'URSS "colonisatrice" et "agitatrice", et formule de grandes ambitions pour l'Europe. Il évoque ensuite la question algérienne, et demande aux Français, appellés à voter par référendum le 8 janvier, d'approuver le principe de l'autodétermination. Il laisse planer la menace de son départ en cas de réponse "négative ou confuse", et appelle à un "oui franc et massif".
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Éclairage
Le 31 décembre 1960, le général de Gaulle présente ses voeux aux Français ; il l'avait fait pour la première fois, le 1er janvier 1960.
L'un des thèmes principaux de cette allocution est l'appel que lance le Général à un " oui franc et massif " au très prochain référendum en faveur de l'autodétermination de l'Algérie (le 8 janvier). Car 1961 doit être "l'année de la paix " et le pari est risqué. En effet, début décembre, le voyage en Algérie a tourné au drame : acclamé par les Musulmans, vilipendé par les Européens, des heurts sanglants et mortels se produisent. Mais, à une semaine du référendum, le chef de l'État déclare que " c'est là la seule solution valable ". Il avertit qu'en cas de résultat négatif, il serait contraint de se retirer.
Réalisant ensuite le bilan de l'année 1960, il commence par saluer la stabilité des institutions ; il rappelle ensuite le formidable développement économique et social vers lequel la France s'achemine (le plan Pinay-Rueff qui a permis un assainissement financier, la création du nouveau Franc le 1er janvier, le IIIe Plan intérimaire pour 1960-1961). Il évoque aussi " l'extérieur " et le rôle que la France est appelée à y jouer, et tout d'abord avec les pays de la Communauté : conformément à la loi constitutionnelle de juin 1960, tous les Etats africains liés à la France ont proclamé leur indépendance. Pour ceux restés au sein de la Communauté, il promet une " coopération amicale et féconde ".
Il formule ensuite de violentes critiques à l'encontre de l'URSS : si les premiers mois de l'année sont marqués par un rapprochement (la non-condamnation de la première explosion nucléaire française à Reggane en janvier, la visite de Khrouchtchev en mars), à partir de mai, la situation se dégrade (l'échec de la conférence de Paris en raison de l'affaire de l'avion-espion américain abattu sur le territoire de l'URSS, la crise américano-cubaine, l'infiltration soviétique au Laos et au Congo belge). Surtout, ce que de Gaulle ne tolère pas, ce sont les attaques formulées par le biais de l'ONU sur la politique algérienne de la France. D'ailleurs, un mois plus tôt, il avait mis en garde contre les dangers d'une " Algérie soviétique ".
Pour s'émanciper des encombrantes superpuissances, de Gaulle mise sur la construction européenne et affirme l'un des objectifs pour 1961 : " construire l'Europe " afin qu'elle devienne " la plus grande puissance ". Deux semaines après cette allocution, la seconde étape de la construction du Marché commun sera amorcée, grâce à l'accord des Six sur la politique agricole commune (PAC).