Papa doit manger de Marie NDiaye à la Comédie-Française

03 mars 2003
02m 29s
Réf. 00021

Notice

Résumé :

En 2003, André Engel met en scène Papa doit manger de Marie NDiaye à la Comédie-Française. Cela faisait vingt ans qu'un auteur vivant n'était pas entré au répertoire de l'institution. Bakary Sangaré interprète le personnage éponyme. Extraits de la pièce et reportage sur Bakary Sangaré, nouveau venu de la troupe.

Date de diffusion :
03 mars 2003
Source :
Fiche CNT :

Éclairage

Née en 1967 d'une mère française et d'un père sénégalais, de nationalité française, Marie NDiaye est romancière et dramaturge. Son roman Trois femmes puissantes a reçu, en 2009, le Prix Goncourt. Depuis 1999, elle a écrit sept pièces de théâtre. Jouant avec l'étrangeté du réel et donnant à ses personnages une langue originale, elle revendique la résistance du texte à l'épreuve de la scène. Papa doit manger est sa deuxième pièce (à l'origine, le texte était une commande radiophonique intitulée Un amour déraisonnable). André Engel en assure, en 2003, la mise en scène dans la Salle Richelieu de la Comédie-Française. La création participe de la nouvelle dynamique de l'institution qui accueille dans cette salle pour la première fois depuis plus de vingt ans un auteur contemporain vivant. Marie NDiaye est par ailleurs la première femme écrivain à entrer au répertoire de son vivant. Pour interpréter le rôle de « Papa », Bakary Sangaré intègre la troupe de la Comédie-Française dont il est pensionnaire depuis 2002. Il est le premier acteur noir de la maison séculaire. Auparavant, le comédien malien avait notamment joué au théâtre sous la direction de Peter Brook. Le reportage revient sur son parcours.

La pièce représente le retour, après dix ans d'absence, de Papa auprès de Maman et ses deux filles. Papa prétend avoir fait fortune mais il n'a en réalité jamais quitté Courbevoie : il a vécu, pendant ces années, avec une autre femme qu'il vient de quitter. Charmeur et imposteur, le personnage apparaît comme un antihéros cynique qui souhaite se venger de la France. Papa a la peau noire. Maman a la peau blanche. Le retour de Papa fait à nouveau réagir les proches de Maman. Avec humour, Marie NDiaye aborde sans manichéisme différents sujets de société, tels que le racisme, l'amour mixte ou encore les rapports de domination.

Marie-Isabelle Boula de Mareuil

Transcription

Présentatrrice
Jamais une femme n’était entrée de son vivant au répertoire de la Comédie-Française, c’est chose faite avec la pièce de Marie NDiaye Papa doit manger et la jeune femme d’origine sénégalaise a fait appel à un acteur malien Bakary Sangaré pour le rôle principal. Dominique Poncet, Olivier Tieth.
Journaliste
Ce géant qui surgit désormais chaque jour à 18h pile du métro Palais Royal est un symbole malgré lui. C’est le premier africain à avoir été admis dans la troupe de Molière.
Bakary Sangaré
Je m’appelle Bakary Sangaré et puis je suis un nouveau pensionnaire ici à la Comédie-Française.
Journaliste
Né au Mali il y a 39 ans, jamais Bakary Sangaré n’aurait imaginé jouer un jour dans l’illustre maison. Son univers à lui, comédien à Paris depuis 20 ans, c’était plutôt celui de Peter Brook. Les ors et les velours de la salle Richelieu, ce petit-fils de conteur et de paysan ne les connaissait pas, sauf par ouïe dire. Il est impressionné.
Bakary Sangaré
Voilà, j’y suis. Moi je suis jusqu'ici fasciné par la simplicité de ce groupe avec lequel je travaille. J’ai pas eu de problèmes particuliers avec ce groupe là. Et moi j’étais venu... par contre moi avec évidemment plein de préjugés parce que, une telle maison qui existe depuis peut-être… enfin, qui est tricentaire peut-être. Donc c’est un lieu glorieux du théâtre alors ça veut dire, bon, qu’on vient avec ses appréhensions. C’est moi mon oiseau, c’est moi. Papa est revenu, Papa est revenu mais…
Journaliste
C’est pour jouer Papa doit manger de Marine Ndiaye que Bakary a été engagé. Il interprète Papa dans cette pièce qui traite de l’abandon et de l’amour, du racisme et de l’intégration, de la société blanche et de la négritude
Bakary Sangaré
La peau de Papa est aussi noire que peut l’être la peau humaine. Ma peau est bien noire ultime, insurpassable, le noir miroitant parmi lequel mes yeux foncés paraissent presque délavés. J’ai pas été forcément formé à ça, dans l'esprit, comme je me disais. Mais le but en tout cas est là où on se retrouve, là où je retombe sur mes pieds c’est que c'est du théâtre dans tous les cas et que ici aussi on en fait et de quelle manière.
Journaliste
Il sourit, il le peut. Papa doit manger est un succès, son jeu et sa présence y sont pour beaucoup.