Le Roi se meurt de Ionesco, mis en scène par Georges Werler
Notice
Michel Bouquet reprend le rôle du Roi Béranger 1er, qu'il avait déjà interprété en 1994, sous la direction de Georges Werler. On peut croit des extraits de la pièce sur la scène du Théâtre Hébertot, ainsi qu'une courte interview du metteur en scène expliquant la genèse du projet.
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Éclairage
Le roi se meurt raconte la lente agonie du Roi Béranger 1er. Le roi, déclare son médecin, se meurt. Il perd peu à peu de sa force. Il va s'éteindre. Dès l'ouverture de la pièce est donnée sa conclusion : à la fin de la pièce, le roi va mourir. Il cherche alors toutes sortes d'arrangements avec la mort, tentant de prolonger le plus possible ses derniers instants. Plus le vieux roi décline, plus son royaume lui-même se racornit, rétrécit. Béranger, dans la mort, entraîne tout son royaume, anéantissant tout pour mieux recommencer.
Michel Bouquet, né en 1925 à Paris, interprète ici le roi mourant. Il avait déjà créé ce rôle en 1994 avec Georges Werler, et le reprendra en 2010. Figure majeure du théâtre et du cinéma, Michel Bouquet est familier avec la dramaturgie d'Ionesco, et avec le théâtre de l'absurde en général – il a notamment joué En attendant Godot et Fin de Partie, de Samuel Beckett. Le lien particulier qu'entretient Michel Bouquet avec le rôle de Béranger 1er est indissociable de sa biographie : Lorsqu'il reprend le rôle, en 2004, Michel Bouquet a près de 80 ans. Son interprétation de ce roi déclinant est à la fois particulièrement émouvante – l'acteur est en effet vieillissant, et l'omniprésence de la mort renforce encore sa fragilité – et extrêmement malicieuse. La fragilité du roi se traduit, dans la mise en scène de Georges Werler, également dans l'évolution du costume : vêtu de pourpre au début, il se trouve peu à peu dépouillé de tous ses artifices. De la même manière, la scène, reflétant au début la pourpre et les ors du pouvoir, est peu à peu envahie par le noir, signifiant l'avancée de la mort. Les extraits le montrent : le metteur en scène s'attache à exploiter, dans son spectacle, tout autant le tragique de l'œuvre que son aspect comique. En effet, la mort du Roi, entouré des siens, revêt un aspect d'autant plus tragique qu'elle est rendue solennelle par les ors de la cour. Mais au milieu de ce décor de tragédie, le Roi semble lui-même en mesure de retarder le moment, capable de se jouer de la mort. De plus, les personnages qui l'entourent – les deux reines qui l'exhortent à mourir, l'huissier qui ponctue chacun de ses gestes par une retentissante annonce, le compte à rebours tenu par l'une des deux épouses – renforcent le burlesque de la situation, notamment grâce à un jeu outrancier qui est encore renforcé par des maquillages très marqués évoquant des masques.
Selon Michel Bouquet, les chefs d'œuvre résistent au temps ; pour lui, Le Roi se meurt véhicule un message universel, mais peut aussi prêter à diverses interprétations. Si la pièce traite d'une agonie, celle d'un roi, elle évoque aussi la déchéance de son royaume à travers lui. Comme l'indique le commentateur de la vidéo, la pièce raconte également la chute d'un système avant l'avènement d'un nouveau.