La Marmite de Plaute à la Cartoucherie de Vincennes
Notice
Outre quatre brefs extraits du spectacle, le reportage présente une interview de la metteuse en scène, Brigitte Jaques-Wajeman, qui explique sa démarche de transposition de la pièce antique et souligne l'importance de la musique et du travail sur le corps. Le comédien Cyril Anrep évoque ensuite les conditions de représentation du théâtre à l'époque de Plaute.
Éclairage
Poète comique déjà adulé de son vivant, homme de théâtre total, à la fois auteur et chef de troupe, Plaute est le Molière des Romains. Il fut l'auteur, dit-on, de cent trente pièces, dont une vingtaine seulement nous sont parvenues. Représentées une seule fois au cours de la liturgie rituelle des Jeux, qui réunit les Romains autour de danses, de banquets, de spectacles sportifs et de pièces de théâtre, les comédies romaines donnent à voir un monde fantaisiste où guerre et politique n'existent pas et où tous les personnages ne sont préoccupés que de fête, d'amour et d'argent.
La comédie de La Marmite, qui nous est parvenue amputée de sa fin, est aujourd'hui la plus célèbre du corpus de Plaute : son personnage d'Euclion, vieillard pingre et revêche, inspira en effet l'Harpagon de Molière, qui emprunta au poète romain une grande partie des scènes et des gags de L'Avare. La pièce réserve pourtant des surprises, à l'exemple du vieillard Mégadore, aussi dispendieux et jouisseur qu'Euclion est chiche, et d'un duo de cuisiniers danseurs et beaux parleurs.
Dans sa mise en scène, réalisée avec la collaboration et sur la traduction de la latiniste Florence Dupont, Brigitte Jaques-Wajeman entend recréer l'esprit festif et l'exigence spectaculaire du théâtre romain : s'il ne s'agit pas à proprement parler d'un travail de reconstitution historique, elle reprend cependant plusieurs principes majeurs de la codification théâtrale romaine, parmi lesquels la présence de passages chantés et dansés, les fréquentes adresses au public et une distribution exclusivement masculine. Les parties musicales sont prises en charge par un percussionniste présent sur scène, avec une musique originale de Marc-Olivier Dupin. La fin manquante devient quant à elle l'occasion d'un jeu jubilatoire d'auto-désignation du théâtre où deux dénouements sont proposés.