La Place Royale mise en scène par Brigitte Jaques, un film de Benoît Jacquot
Notice
Acte I, scène 1 de la pièce, où Phylis (Marie-Armelle Deguy) tâche en vain de convaincre Angélique (Anne Consigny) de répondre aux avances de son frère Doraste. Angélique, qui aime Alidor, affirme sa fidélité, tandis que Phylis refuse de s'engager de manière exclusive.
Éclairage
Avec La Place Royale, créée au Théâtre du Marais en 1634, Pierre Corneille signe sa quatrième comédie et s'impose auprès du public parisien comme le nouvel auteur dramatique à la mode. Comme dans Mélite (1629), La Veuve (1632) et La Galerie du Palais (1633), il propose une nouvelle forme de comédie centrée sur les enjeux sentimentaux, délicate et dépourvue d'effets bouffons, plus proche de la pastorale que de la comédie à l'antique. En donnant à voir les revirements amoureux d'Alidor et les tourments d'Angélique, Corneille ne cherche pas à faire rire son public, mais plutôt à l'émouvoir et à le divertir de manière raffinée. En situant son action dans un lieu parisien très fréquenté, la Place Royale, devenue aujourd'hui Place des Vosges, il cherche à produire un effet d'identification de son public avec la jeunesse délicate et fiévreuse de sa comédie.
Par sa mise en scène présentée au Théâtre de la Commune d'Aubervilliers en 1992, Brigitte Jaques ressuscite une pièce que l'on ne jouait plus au théâtre depuis longtemps. Afin de respecter la démarche d'identification de Corneille tout en marquant quelque peu la distance qui sépare les spectateurs de ce texte ancien, elle choisit de situer ses personnages dans le passé proche des années 1960, dans une salle de café. Le vers est dit avec clarté et naturel, intégré de façon fluide à un jeu spontané qui rappelle l'esthétique de la Nouvelle Vague. Cet effet est encore souligné dans la captation par la réalisation de Benoît Jacquot, dont la caméra suit de près les mouvements des comédiens et les accompagne par moments jusque dans les coulisses.