Folies bourgeoises ou la petite illustration, un spectacle vaudevillesque mis en scène par Roger Planchon
Notice
Extraits des Folies bourgeoises ou la petite illustration, un spectacle conçu par Roger Planchon à partir de vaudevilles, de mélodrames et de pièces comiques du début du XXe siècle. Interview du metteur en scène, alors que le TNP de Villeurbanne est en tournée à Paris, au Théâtre de la Porte Saint-Martin.
Éclairage
Sardou, Feydeau, Labiche et Courteline sont les représentants les plus populaires et les plus célèbres du vaudeville à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Mais la production de formes comiques et plus généralement de saynètes de divertissement (la vogue est aux pièces en un acte) est considérable au tournant du siècle. Le public se presse dans les théâtres de boulevard – une quantité de théâtres sont d'ailleurs construits à cette époque dans tout Paris – pour apprécier, contre une somme très modique, des opérettes, des mélodrames, des pièces aux situations désopilantes, le plus souvent accompagnées de couplets et d'une musique entraînante. Cette forme de théâtre populaire, qui cherche à remplir les jauges et à faire fructifier ses recettes en proposant des pièces dans le goût et la mode du moment, n'a pas de prétention littéraire et reste d'une qualité très inégale voire parfois médiocre. La prolifération des auteurs et la surproduction entraîne des dramaturgies maladroites, trop vite écrites, versant dans le sentimentalisme, la farce grossière ou la parodie de pièces du répertoire. Les thématiques sont presque toujours les mêmes – les vicissitudes du mariage, l'adultère, l'argent, les personnages stéréotypés et ridicules – et sont déjà si usées que les pièces tiennent rarement plus d'une dizaine de soirs à l'affiche.
Ce théâtre de « faiseurs » et d'imitateurs persiste malgré tout et draine des quantités de spectateurs alors même que les dramaturgies et l'art de la scène sont en pleine révolution avec l'émergence des courants naturalistes et symbolistes (Antoine, Lugné-Poe...). Parmi quelques uns de ces continuateurs du théâtre populaire, on peut citer pour le drame bourgeois et le mélodrame Edouard Pailleron, Eugène Brieux, Paul Hervieu, Henri Lavedan, Emile Fabre, Henry Bataille, Henry Bernstein ou encore Marcel Prévost ; pour le boulevard Alfred Capus ou les moins méconnus Tristan Bernard et Sacha Guitry, qui assureront jusque dans les années 1960 les belles heures de la comédie de mœurs.
Planchon rend ici hommage, avec ce montage de courtes pièces produit par le Théâtre National Populaire en 1973 [1], à tous ces auteurs populaires dont on a aujourd'hui pour la plupart oublié le nom et les textes mais qui ont amusé une large communauté de spectateurs qui profitait alors du temps béni de la Belle Epoque, en toute insouciance, sans voir le drame qui allait déchirer l'Europe avec l'arrivée de la grande guerre, en 1914.
[1] Le spectacle a été créé à la Comédie de Saint-Etienne et repris au Théâtre de la Porte Saint-Martin.