On purge bébé de Georges Feydeau

04 mars 1961
08m 24s
Réf. 00372

Notice

Résumé :

Un extrait de la célèbre pièce de Feydeau filmée par Marcel Bluwal en 1961, avec le pétulant trio formé par Jean Poiret, Michel Serrault et Jacqueline Maillan.

Date de diffusion :
04 mars 1961
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Éclairage

Les Follavoine, fabricants de porcelaine – de pots de chambre « incassables » –, reçoivent à dîner les Chouilloux, c'est-à-dire le mari, un médecin attaché au ministère de la guerre, sa femme et son amant Horace Truchet. Follavoine tente de décrocher grâce à Chouilloux un contrat juteux pour fournir les armées en pots de chambre. Mais voilà que Toto, le fils des Follavoine, est constipé et refuse de prendre une purge. Seulement, c'est Follavoine qui se retrouve à prendre la purge...

Le sujet fait osciller la pièce entre la farce (comique relevant du bas et du vulgaire) et la satire (les préoccupations des petits bourgeois qui font grands cas de petits riens quotidiens). Feydeau montre la bêtise humaine dans toute sa splendeur : les bourgeois, près de leurs sous et ignares – les Follavoine cherchent dans le dictionnaire les îles Hébrides aux entrées « Zhébrides » ou « Ebrides » et s'étonnent de ne pas les trouver) ; le médecin aux diagnostics faussement alarmistes ; Toto l'enfant-roi capricieux à qui l'on a déjà trop cédé ; Mme Follavoine, qui a été élevée pour faire « une bonne ménagère ». Feydeau ne lésine pas sur les stéréotypes et la caricature, poussant même le dialogue vers un langage assez vert et le juron (le « Ta gueule ! » lancé par Toto à Chouilloux) qui détonnent sur la scène parisienne au début du XXe siècle.

Mais la pièce, sous ces rouages comiques assez grossiers, laisse cependant apparaître des allusions intéressantes aux questions de société qui commencent à poindre au début du siècle : la gestion et les chicaneries domestiques, l'obéissance et l'éducation des enfants, mais aussi la question de la condition féminine : il ne faut pas oublier que les « bas bleus », en France, ont fait beaucoup de bruit dans les années 1840 et que les suffragettes, aux Etats-Unis, militent activement pour un nouveau modèle social.

Cette pièce en acte de Feydeau, créée en 1910 au Théâtre des Nouveautés, a été montée maintes fois, mais on peut signaler, parmi les plus remarquables mises en scène, celle de Jean Meyer, en 1973, aux Célestins (Lyon) ; celle de Jean-Christophe Averty avec François Beaulieu et Bernard Menez dans une production de la Comédie-Française, en 1991 ; celle de Bernard Murat, en 1994, avec Pierre Richard, Muriel Robin et Darry Cowl au Théâtre Edouard VII ; celle de Gildas Bourdet en 2010 au théâtre du Palais-Royal avec Christiana Réali et Dominique Pinon. La pièce est très souvent montée à côté d'autres pièces de Feydeau pour former des soirées théâtrales complètes, comme dans le spectacle de Jean-Michel Rabeux, qui réunissait On purge bébé avec Léonie est en avance et Hortense a dit J'm'en fous ! (MC 93 de Bobigny, en 2004), ou encore la série imaginée par Alain Françon, pour un spectacle intitulé Du mariage au divorce, qui comprenait, outre On purge bébé, Feu la mère de Madame, Mais n'te promène donc pas toute nue ! et Léonie est en avance (Théâtre national de Strasbourg, 2010). Le cinéma n'est pas en reste et l'on peut notamment voir la très belle adaptation filmée par Jean Renoir – son premier film parlant, tourné en moins d'une semaine – en 1931, avec Jacques Louvigny, Michel Simon et Fernandel ; le téléfilm réalisé par Jeanette Hubert en 1979 avec Bernard Blier et Danielle Darrieux, ou celui d'Yves-André Hubert en 1996, avec Michel Galabru.

Céline Hersant

Transcription

Michel Serrault
Mais tout à fait intéressant !
Jacqueline Maillan
Ce petit me rendra folle.
Jean Poiret
Ah, tu perds la tête ! Tu viens ici comme cela. Regarde-toi, je t’en prie, Monsieur Chouilloux, allons !
Jacqueline Maillan
Je me fiche de Monsieur Chouilloux.
Michel Serrault
Comment ?
Jean Poiret
Mais non, mais non, je t’en prie. Monsieur Chouilloux, ma femme.
Michel Serrault
Madame !
Jacqueline Maillan
Oui, je m’excuse de me montrer dans cette tenue mais…
Michel Serrault
Je vous en prie, madame. Une jolie femme est bien de toutes les façons.
Jacqueline Maillan
Merci, vous êtes trop aimable. Ecoute, écoute, viens je t’en prie, il faut qu’on parle à ce petit de purgation alors c’est…
Jean Poiret
Oui, bien, tant pis, tant pis, tant pis, tant pis, tant pis, tant pis, je regrette. Je suis là à causer et sérieusement avec Monsieur Chouilloux. J’ai autre chose à faire que de m’occuper des purgations de ton fils.
Jacqueline Maillan
Alors, voilà un père, Monsieur, voilà un père. Je vous présente un père.
Michel Serrault
Oui, madame !
Jean Poiret
Je te prie d’aller t’habiller. Je suis honteux pour toi de voir dans quel état tu oses te montrer. Il faut vraiment n’avoir aucun souci de sa dignité, tu sais.
Jacqueline Maillan
Tu crois que je pense à m’habiller dans des moments pareils toi.
Michel Serrault
Vous avez un enfant souffrant, Madame ?
Jacqueline Maillan
Oui, monsieur, oui.
Jean Poiret
Mais il n’a rien, Monsieur Chouilloux, il n’a rien du tout.
Jacqueline Maillan
Il n’a pas été ce matin.
Michel Serrault
Ah, ah !
Jean Poiret
Eh, bien, oui. Il a un peu de paresse d’intestin quoi.
Jacqueline Maillan
Ben oui, mais il appelle ça rien, lui. On voit bien qu’il ne s’agit pas de lui !
Jean Poiret
Enfin, après c’est l’affaire d’une purgation.
Jacqueline Maillan
Et alors, purge-le, c’est ça que je suis venue justement. Purge-le, mais non, toutes les corvées c’est pour moi monsieur.
Jean Poiret
Vraiment, vraiment ne dirait-on pas qu’il s’agit de quelque chose de grave enfin quoi !
Michel Serrault
Oui, en effet ce n’est pas grave. Mais enfin tout de même, il ne faut pas jouer avec ces choses-là.
Jacqueline Maillan
Tu vois ce que dit monsieur Chouilloux, qui a du savoir, c’est un homme…
Jean Poiret
Ah vraiment, Monsieur Chouilloux… ?
Michel Serrault
Evidemment, évidemment. Est-ce que l’enfant est sujet, pardonnez-moi le mot, à la constipation ?
Jacqueline Maillan
Ah, mais il a plutôt tendance, oui.
Michel Serrault
Oui, eh bien, il faut surveiller ça. Parce qu’un beau jour, ça dégénère en entérite, et c’est le diable pour s’en défaire.
Jacqueline Maillan
Tu vois ?
Michel Serrault
Je peux vous en parler savamment, j’en ai eu une, qui m’a duré cinq ans.
Jacqueline Maillan
Ah, pauvre Bébé !
Michel Serrault
Merci !
Jacqueline Maillan
Comment ?
Michel Serrault
Ah, pardon, je croyais que c’était à moi que…
Jacqueline Maillan
Mais non !
Michel Serrault
Oui, madame, cinq ans ! J’avais attrapé ça à la guerre.
Jacqueline Maillan
Eh oui en 70 !
Michel Serrault
Non, en 98.
Jacqueline Maillan
Ah ben oui, c’est ça. En 98 ? Il n’y a pas eu de guerre, en 98, il y a eu une guerre ?
Jean Poiret
Il n’y a pas eu de guerre !
Michel Serrault
À la guerre, à la guerre, au ministère de la Guerre, où je suis fonctionnaire.
Jacqueline Maillan
Ah !
Jean Poiret
Oui, parce que Mr Chouilloux est...
Jacqueline Maillan
Oui, oui, je sais.
Michel Serrault
Souvent, j’avais soif, je prenais de l’eau qu’on buvait là, n’importe où… J’étais le monsieur qui disait, ah, là, là… les microbes,… l’eau du robinet, voilà ! …Oui, eh bien, à ce régime, je me suis collé la bonne entérite. Et, résultat, j’ai dû aller trois ans de suite à Plombières.
Jacqueline Maillan
Alors, pour Bébé à Plombières, c’est bien ?
Michel Serrault
Ah, non, non, lui, il aurait plutôt l’entérite à forme constipée.
Jean Poiret
Oui.
Jacqueline Maillan
Oui.
Michel Serrault
Alors Châtel-Guyon conviendrait mieux. Moi, j’avais en quelque sorte… Mais si on s’asseyait.
Jean Poiret
C’est ça, Monsieur Chouilloux. Tout ça est tellement intéressant comme… on n’y pense pas enfin !
Michel Serrault
J’avais plutôt, dis-je, pardonnez-moi cette confidence, l’entérite à forme relâchée, voyez.
Jean Poiret
C’est intéressant de connaître.
Jacqueline Maillan
Oui, oui.
Michel Serrault
Alors, Plombières était désignée. Ah, quel régime !
Jacqueline Maillan
Oui, oui. Mais ça, ça m’est égal. Dites-moi, alors vous ne pensez qu’à la Châtelguyon ?
Michel Serrault
Hein, ah, je ne sais pas madame, je n’y ai pas été. Mais à Plombières, tous les matins, une douche ascendante, un litre, un litre et demi.
Jacqueline Maillan
Oui, ça, ça m’est absolument indifférent. A Châtelguyon, vous croyez que… ?
Michel Serrault
Je suis désolé, Madame, je n’y ai pas été. Après la douche, je prenais un bain… un bain d’une heure, après quoi un massage.
Jacqueline Maillan
Oui, oui oui…
Michel Serrault
Après quoi, le repas. Rien que des plats blancs. Purées, pâtes, macaroni, nouilles, gâteaux de riz, de semoule…
Jacqueline Maillan
Ah oui, alors oui. Et alors, à Châtel-Guyon ?
Jean Poiret
Oh, mais puisque Monsieur Chouilloux te dit qu’il n’y a pas été !
Michel Serrault
Oui, je suis désolé, mais…
Jean Poiret
Il ne peut te parler que de son régime de Plombières, il n’a pas été…
Jacqueline Maillan
Oui, mais alors, là je vais te dire une chose c’est que je me moque du régime de Plombières de Monsieur Chouilloux.
Michel Serrault
Ah, pardon !
Jacqueline Maillan
Puisque pour Bébé c’est Châtelguyon. Monsieur Chouilloux qui a l'air d'un homme intelligent me comprendra certainement.
Michel Serrault
Mais oui, mais oui !
Jacqueline Maillan
Il pourrait aussi me raconter comment on pêche la morue à Terre-Neuve. Ça serait très intéressant, mais ça n’aurait aucun rapport avec la santé de Toto.
Michel Serrault
Evidemment, évidemment !
Jacqueline Maillan
Je ne suis pas là pour écouter des histoires, j’ai à purger Bébé !
Jean Poiret
Eh, ben bon, va purger Bébé !
Jacqueline Maillan
Vous m’excuserez un instant, Monsieur ?
Michel Serrault
Je vous en prie, Madame.
Jacqueline Maillan
Ah, tu viens oui ?
Jean Poiret
Non, non, je ne viens pas.
Jacqueline Maillan
Ce père, est-ce que tu viens ?
Jean Poiret
Oui, c’est entendu. Bon, et habille-toi. Se montrer dans une tenue pareille, on n’a pas idée, bon Dieu !
Michel Serrault
Ca a l’air d’une femme bien charmante que Madame Follavoine.
Jean Poiret
Ah oui, délicieuse, délicieuse, délicieuse, délicieuse. Elle est quelquefois un peu, ah… Mais, sans ça, délicieuse, délicieuse. Là, vous n’avez pas bien pu la voir. Je regrette qu’elle se soit montrée comme ça pas habillée…
Michel Serrault
Oh, mais je me rends très bien compte de ce qu’avec des….
Jean Poiret
Oui, oui, oui, mais non, non, non… Ainsi, pas coiffée, avec ses bigoudis… Justement, ses cheveux, c’est ce qu’elle a de mieux. Elle a des cheveux superbes, frisant naturellement, quelle splendeur.
Michel Serrault
Ah… Ah
Jean Poiret
Alors, quand vous la voyez comme ça… Mais la coquetterie et elle,… alors, quand en plus de cela, elle croit devoir s’inquiéter pour son fils.
Michel Serrault
Il n’a rien en somme cet enfant ?
Jean Poiret
Il n’a rien, il n’a rien du tout. Seulement, allez donc lui dire ça. Tenez, vous lui avez parlé de Châtelguyon ?
Michel Serrault
Oui !
Jean Poiret
Alors, ça y est. Maintenant, il ne va plus y en avoir que pour Châtelguyon, ça c’est fini.
Michel Serrault
Oh ben, je suis désolé, c’est à cause de moi… !
Jean Poiret
Mais du tout, du tout ! Seulement, alors, quand après ça, vous êtes venu lui parler de votre régime à Plombières, en dedans de moi-même, je ne pouvais pas m’empêcher de me tordre.
Michel Serrault
Ça ne l’intéressait pas du tout.
Jean Poiret
Mais pas pour un sou.
Michel Serrault
Oh, cette pauvre Madame Follavoine ! Et moi qui… Oh !
Jacqueline Maillan
Oui, eh bien, il est furieux après toi, papa. Veux-tu dire à ton fils…
Jean Poiret
Allons, voyons quoi.
Jacqueline Maillan
Je dis à Toto que tu es furieux après lui, s’il te voit te tordre avec Monsieur Chouilloux.
Jean Poiret
Quoi, quoi ? Qu’est-ce qu’il y a encore ?
Jacqueline Maillan
Il y a que je te prie de faire obéir ton fils au lieu de le purger !
Jean Poiret
Moi, mais moi ? Ben jamais de la vie, mais non.
Jacqueline Maillan
Voilà le verre, voilà la bouteille, moi j’y renonce, moi j’y renonce.
Jean Poiret
Mais ce n’est pas mon affaire, est-ce que ça me regarde ?
Jacqueline Maillan
Tu es son père. C’est à toi de faire montre d’autorité.
Jean Poiret
Ah oui.
Jacqueline Maillan
Tiens, donne-moi ta mimine.
Jean Poiret
Ah ?
Jacqueline Maillan
Dépêche-toi !
Jean Poiret
Ah !
Jacqueline Maillan
Allons !
Jean Poiret
Opf !
Jacqueline Maillan
Ah, tu veux que je te regarde ? Hep, viens là.
Jean Poiret
Je vous demande pardon Monsieur Chouilloux.
Michel Serrault
Je vous en prie
Jean Poiret
Qu’est-ce que c’est, Monsieur ? Je suis très mécontent, qu’est-ce que c’est que ça ?
Comédien 3
Non, mais regarde-le….
Jean Poiret
Comment, comment, quoi, qu’est-ce que ça veut dire ça, comment ?
Jacqueline Maillan
Voilà ce que j’entends depuis une demi-heure Monsieur.
Michel Serrault
Mais comment, mon petit ami, c’est un grand garçon comme vous ?
Jean Poiret
Qu’est-ce que c’est, d’abord, dis bonjour à monsieur.
Comédien 3
Ça m’est égal, je ne veux pas me purger.
Jean Poiret
Oui, eh bien, on ne te demande pas ce que tu veux ! Dis donc, espèce de petit garnement, est-ce que tu t’imagines… ?
Jacqueline Maillan
Tu vas laisser tranquille ce petit ?
Jean Poiret
Ah, zut !
Jacqueline Maillan
Oh, mais Monsieur, on ne peut pas ne pas le purger, il a la langue d’un blanc. Fais voir ta langue au monsieur.
Michel Serrault
Attendez, pardon !
Jacqueline Maillan
Fais voir ta langue au monsieur. Il va mettre les petites lunettes pour voir.
Michel Serrault
Voyons. Mon Dieu, elle me paraît plutôt… noire.
Jacqueline Maillan
Ah oui, mais c’est parce qu’il a travaillé, alors, vous comprenez, on lui a mis des… Mais on ne peut pas ne se pas rendre compte qu’il a l’haleine trouble. Fais A dans le nez de monsieur.
Michel Serrault
Mais non, Madame, je n’en ai pas besoin, mais non, je m'en rend très bien compte. Qu’est-ce que c’est, mon petit ami ? C’est comme cela qu’on est raisonnable ? Comment vous appelez-vous ?
Jean Poiret
Eh, bien, réponds, voyons ! Comment t’appelles-tu ?
Comédien 3
Je ne veux pas me purger.
Jean Poiret
Oh, il s’appelle Toto.
Michel Serrault
Ah ?
Jean Poiret
C’est un diminutif d’Hervé.
Michel Serrault
Tiens, c’est curieux. Et alors, vous vous appelez Toto, quel âge avez-vous ? Huit ans !
Jacqueline Maillan
Nous avons neuf ans, Monsieur, nous sommes un grand.
Michel Serrault
Ainsi, voyez neuf ans, et vous vous appelez Toto. Mais, quand on s’appelle Toto et qu’on a neuf ans, est-ce qu’on fait une histoire pour se purger ?
Comédien 3
Ça m’est égal, je ne veux pas me purger.
Michel Serrault
Mais c’est très mal ça. Qu’est-ce que vous direz donc plus tard quand vous irez à la guerre ?
Jacqueline Maillan
Ah, taisez-vous, mon Dieu !
Comédien 3
Ca m’est égal, je n’irai pas à la guerre.
Michel Serrault
Vous n’irez pas, vous n’irez pas. Cependant, s’il y en a une, il faudra bien… !
Comédien 3
Eh ben, ça m’est égal, j’irai en Suisse.
Michel Serrault
Hein ?
Jacqueline Maillan
Ah chéri, tu es intelligent, tu es intelligent toi hein.
Michel Serrault
Mes compliments, c’est vous qui l’élevez dans ces idées ?
Jean Poiret
Ah non, ah non, pas du tout, pas du tout. C’est très mal de dire des choses comme ça, tu entends… Hervé !
Jacqueline Maillan
Oh, tu as fini d’ennuyer cet enfant avec des histoires qui ne sont pas de son âge. Il va être gentil, faire plaisir à sa maman et il va prendre un petit peu de purge.
Comédien 3
Je ne veux pas me purger.
Jacqueline Maillan
Mais puisqu’on te dit qu’il le faut, voyons.
Jean Poiret
Regarde, Toto, regarde Toto, si tu avais obéi tout de suite, ce serait fait, tu serais débarrassé maintenant.
Comédien 3
Ca m’est égal, je ne veux pas.
Jean Poiret
Veux-tu être raisonnable, Toto.
Comédien 3
Non, je ne veux pas !
Michel Serrault
Mon petit ami, moi, quand j’avais votre âge, que j’étais tout petit, quand mes parents me disaient de faire une chose, eh, bien croyez-moi, je…
Comédien 3
Ta gueule !
Michel Serrault
Comment ?
Jean Poiret
Rien, Rien !
Michel Serrault
Ah, pardon !
Jean Poiret
Ah, tu vas me faire le plaisir d’obéir maintenant, dis donc, ce n’est pas un avorton de ton espèce…
Jacqueline Maillan
Vas-tu le laisser ce petit tranquille, il est méchant…
Jean Poiret
Mais tu n’as pas entendu ? Il a dit ta gueule !
Jacqueline Maillan
Eh, bien quoi, il a dit ta gueule eh ben, tiens, eh ben tiens, c’est français non ?
Jean Poiret
Oh, oh, oh ! Non, zut, alors zut, alors zut !
Jacqueline Maillan
Ton père est un méchant, va !
Jean Poiret
Oui, c’est ça, voilà ! Mets-lui bien ces idées-là dans la tête, ben mets-lui bien.
Jacqueline Maillan
Heureusement, ta maman est là, petit bonhomme.
Jean Poiret
Dorénavant, tu sais, tu t’adresseras à qui tu voudras parce qu’à moi c’est fini hein.
Jacqueline Maillan
Oui, c’est ça. Maltraiter ce petit qui n’est déjà pas si bien mon bonhomme, hein ? Tu veux être gentil et faire plaisir à ta maman.