Ouverture de la Maison de la Culture de Bourges : Malraux et De Gaulle

14 mai 1965
03m 12s
Réf. 00387

Notice

Résumé :

André Malraux et le général de Gaulle font chacun un discours pour l'inauguration de la maison de la culture de Bourges en 1964. C'est à cette occasion que De Gaulle parle de la culture comme de la « condition sine qua non de notre civilisation ».

Date de diffusion :
14 mai 1965
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Lieux :

Éclairage

Les maisons de la culture ont été initiées par André Malraux, à partir de 1960, jusqu'en 1966. Elles prennent le relais de la politique de décentralisation théâtrale, telle qu'elle fut menée par Jeanne Laurent, sous-directrice à la direction des spectacles de 1946 à 1952. Le premier ministère chargé des Affaires Culturelles naît en 1959, sous le Général de Gaulle, avec à sa tête André Malraux. Ce dernier annonce très vite son intention de créer une maison de la culture dans chaque département. Elles auront pour fonction de concilier l'action culturelle, les pratiques amateurs et les pratiques professionnelles. Assez rapidement, la prédominance du théâtre dans ces maisons de la culture en font la succession logique du programme de décentralisation. L'implantation des centres dramatiques nationaux permet au Ministère de trouver des interlocuteurs un peu partout, capables de gérer de tels établissements. De plus, la plupart des Centres Dramatiques ne disposaient pas de lieux en 1962, et la direction des futures maisons de la culture leur assuraient des équipements neufs ou rénovés. La première maison de la culture voit le jour en 1961 au Havre. L'ambition affichée est de rendre la culture accessible à tous, de la sortir de son carcan élitiste. Il s'agit également de créer un réseau de diffusion des œuvres, théoriquement sans spécialité dominante, permettant une diffusion sur tout le territoire. Dans le projet initial, il était aussi prévu la création d'une formation des animateurs culturels. On compte parmi les maisons de la culture les plus célèbres celle dirigée par Guy Rétoré, le Théâtre de l'Est Parisien, ou encore celle de Caen, dirigée par Jo Tréhard. Malgré cette conception d'une culture étendue sur toute la France, le projet sera vivement critiqué.

Aujourd'hui la plupart des maisons de la culture sont devenues municipales, seuls quelques établissements ont conservé le titre, comme celles d'Amiens, de Grenoble ou de Bobigny. En 1991, les maisons de la culture sont regroupées avec les centres d'animation culturelle sous la dénomination « Scènes nationales » par Bernard Faivre d'Arcier, alors directeur du Théâtre et des Spectacles au Ministère de la Culture.

Sidonie Han

Transcription

(Silence)
André Malraux
En face de ces puissances, on a compris qu’il n’y a qu’une seule autre puissance. En face de la mort, il n’y a que ce qui résiste à la mort. En face des puissances de la nuit, il n’y a que l’immortalité. Pour des raisons assez mystérieuses, tous les gens qui sont ici ont compris que tantôt avec la douleur et tantôt avec le rire, ceux qui avaient survécu pendant les siècles, étaient l’arme la meilleure que le monde puisse trouver contre ceux qui étaient en train de le menacer. Tels sont, mon Général, les raisons qui ont guidé les femmes et les hommes qui sont devant vous, je tenais à vous le dire en leur nom.
(Bruit)
Charles (de) Gaulle
C’est pourquoi, encore une fois la culture domine tout. Elle est la condition sine qua non de notre civilisation d’aujourd’hui comme elle le fut des civilisations qui ont précédé celle-là. Je me félicite encore une fois d’être venu parmi vous. J’en emporterai, d’abord, au point de vue général, le sentiment d’une création et l’évidence d’une innovation, par conséquent quelque chose d’émouvant et d’encourageant au possible. Bien entendu, j’en retire aussi quelques conclusions pratiques sur ce qu’il y a lieu que l’Etat continue de faire pour la culture française en général, et pour ses maisons de la culture en particulier. Il faut en créer d’autres, un certain nombre étaient prévus par notre quatrième plan, d’autres le seront par notre cinquième. Il faut faire aussi sans doute un centre national de diffusion culturelle pour que tout ce dont nous disposons puisse se répandre et être vu, entendu, connu, par le plus grand nombre possible d’hommes et de femmes chez nous. Il faudra aussi un centre de formation de nos animateurs de plus en plus complet et de plus en plus efficace. A cela, je suis convaincu que le ministre d’Etat chargé des affaires culturelles est l’homme le plus qualifié pour le faire, comme j’ai dit tout à l'heure qu’il était le plus qualifié pour comprendre, pour vouloir et pour faire connaître ce qu'est l’esprit humain. Je vous remercie.
(Bruit)