La naissance du Centre Dramatique de l'Est
Notice
Le Centre Dramatique de l'Est est le premier centre dramatique national à voir le jour, en 1946, à l'initiative de Jeanne Laurent. Germain Muller et Raymond Wirth témoigne des débuts du CDE, à l'occasion de ses vingt ans.
Éclairage
En 1946, Jeanne Laurent est nommée sous-directrice des spectacles et de la musique à la direction générale des Arts et Lettres au ministère de l'Éducation nationale. Dès son entrée en fonction, elle appuie une politique de décentralisation théâtrale en créant le premier centre dramatique national : le Centre Dramatique de l'Est à Colmar, en 1947. La direction en est confiée à Roland Pietri. La création du CDE n'est pas le fruit du hasard ; en 1946, plusieurs municipalités alsaciennes s'étaient réunies pour créer le Syndicat Intercommunal pour la gestion d'un théâtre, et avaient également soutenu la création d'une troupe régionale. C'est suite à cette initiative que Jeanne Laurent décide d'appuyer la création du CDE.
Dès 1947, Roland Pietri ouvre une école d'art dramatique au sein du CDE. « Seule école reconnue par l'État au sein d'un établissement de la Décentralisation, sa vocation est d'abord régionale : elle vise à « former de jeunes élèves comédiens qui pourront être appelés à participer à l'effort artistique actuel et futur du Centre dramatique de l'Est » » [1]. Le CDE est aussi le premier centre dramatique à recevoir l'usage d'un lieu dédié, alors que d'autres centres continuent à être itinérant, comme le Grenier de Toulouse, dirigé par Maurice Sarrazin. En 1954, sous la direction de Michel Saint-Denis, le CDE déménage à Strasbourg, capitale de la région Alsace, dans le but d'avoir un rayonnement plus important. Il restructure également l'école d'art dramatique, posant les jalons de l'école telle qu'elle existe encore aujourd'hui.
Pour la saison 1968-69, le Centre Dramatique de l'Est devient le premier, et encore unique à ce jour, Théâtre National hors de Paris, sous la direction d'Hubert Gignoux. Ce changement de statut s'accompagne de problèmes budgétaires importants qui provoquent la démission d'Hubert Gignoux, puis de son successeur, Jacques Fornier.
Symbole incontournable de la décentralisation théâtrale de l'après-guerre, le CDE, devenu Théâtre National de Strasbourg est désormais dirigé par Julie Brochen depuis 2008. Il abrite toujours une école d'art dramatique, l'école du TNS, qui fait partie des trois écoles nationales d'art dramatique avec l'ENSATT (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre) à Lyon, et le Conservatoire d'Art Dramatique à Paris.
[1] Voir « L'Histoire du Théâtre National de Strasbourg » sur le site du TNS