Extrait de la Déclaration de Villeurbanne
Notice
Cette lecture est un extrait de la Déclaration de Villeurbanne du 25 mai 1968, signée par les directeurs de la plupart des Maisons de la Culture de l'époque, alors réunis dans l'espoir de faire entendre leurs doléances et leurs revendications concernant l'avenir d'un service public culturel en France.
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Éclairage
En mai 1968, la grande majorité des directeurs de Maisons de la Culture se réunissaient au Théâtre de la Cité de Villeurbanne, alors dirigé par Roger Planchon, pour discuter de leurs espoirs concernant une culture de service public en France. « Quand les événements de Mai ont éclaté, j'étais sur le point de partir avec ma femme prendre quelques jours de repos dans le Midi. Jacques Fornier me demanda très gentiment de m'arrêter au passage à Villeurbanne, où une réunion était prévue. La réunion dura trois semaines... » [1] C'est le 25 mai que la réunion des directeurs aboutit à la Déclaration de Villeurbanne autour de trois points essentiels : la formation, la création et l'action culturelle. Cette Déclaration fut signée par trente-trois responsables d'institutions culturelles.
À cette époque, André Malraux est le Ministre des Affaires Culturelles de Charles de Gaulle. Il est à l'initiative des premières Maisons de la Culture, qui devaient réunir sous un même toit les différentes activités culturelles de chaque ville. À l'issue de la Déclaration, le Ministère entre en négociation avec les signataires, constitués en conseil permanent. La réunion de Villeurbanne intervient dans un contexte politique bouleversé, pendant le mois de mais 1968 et quelques semaines à peine après l'occupation du Théâtre de l'Odéon par des manifestants, à l'origine d'un violent désaccord entre Jean-Louis Barrault et André Malraux. Les négociations qui ont suivi cette Déclaration n'ont finalement pas abouti à une revalorisation du budget, ni à l'application des autres revendications du groupe. Les Maisons de la Culture ont été peu à peu abandonnées, cédant leur place à des scènes nationales.
Aujourd'hui encore, la Déclaration de Villeurbanne reste un document fondateur de la réflexion sur l'accès à la culture. La volonté d'aller à la rencontre du « non-public », c'est-à-dire toute cette frange de la population qui ne se rend pas dans les lieux culturels, la mise en place d'une véritable action culturelle, qui ne soit pas de l'animation socio-culturelle, l'intégration du théâtre pour enfant comme théâtre à part entière, la revalorisation du budget national consacré à la culture, etc., toutes ces revendications restent d'actualité. Cependant, les divergences entre les différents metteurs en scène directeurs d'institutions ont peu à peu pris le dessus, délaissant la solidarité des rencontres de Villeurbanne. Francis Jeanson conclut ainsi : « Avec le recul, je comprends mieux pourquoi certaines idées se sont estompées. Sur le moment même, il y avait malgré tout d'assez fausses ententes, des divergences sous-jacentes, qui ont fini par ressortir, et parfois très vite. Dans certaines rencontres officielles, d'âpres discussions opposèrent Planchon et moi-même à quelques autres (par exemple Hubert Gignoux). Sans doute les divergences étaient-elles là dès le début : mais elles ne s'étaient pas exprimées, parce qu'il y eut tout une période où il fallait que tout le monde soit d'accord, solidaire.
J'ai toujours regretté que la réflexion d'alors ne soit pas poursuivie. » [2]
[1] JEANSON Francis, "La Réunion de Villeurbanne" in La Décentralisation théâtrale, 2., Les Années Malraux, 1959-1968, Actes-Sud Papiers, coll. « Théâtre, éducation », cahiers n°6, Arles, 1993, p. 87.
[2] JEANSON Francis, "La Réunion de Villeurbanne" in La Décentralisation théâtrale, 2., Les Années Malraux, 1959-1968, Actes-Sud Papiers, coll. « Théâtre, éducation », cahiers n°6, Arles, 1993, p. 93.
Voir aussi "La déclaration de Villeurbanne" sur le site de la bibliothèque municipale de Lyon.