Max et Maurice, cirque de la débrouille
Notice
Reportage sur le spectacle Cirque Mons, de Max et Maurice. A la veille du dixième anniversaire de la compagnie, les artistes Emmanuel Gilleron et Antoine Deschamps évoquent leur parcours, sur des images de répétition du spectacle.
- Europe > France > Basse-Normandie > Calvados > Caen
Éclairage
Autoproclamés « saltimbanques urbains », Antoine Deschamps (alias Maurice) et Emmanuel Gilleron (alias Max) se rencontrent dans les années 80 : respectivement équilibriste et jongleur, tous deux musiciens (tuba, trompette), ils unissent leurs talents pour créer en 1987 la compagnie Max et Maurice, qui écumera places et terrasses à travers des formes courtes (Terminus, La Douloureuse agonie du moustique). Mêlant acrobaties, jonglage, théâtre muet, clown et musique, le duo sera au centre de toutes les créations ultérieures de la compagnie : « un clown rôde son numéro toute sa vie. » En 1997, ils quittent Caen pour s'installer à une poignée de kilomètres, dans le cadre verdoyant du Val de Maizet, sur le site d'ancien atelier de réparation des wagons. Ils y posent leur chapiteau, et fondent le « premier Centre Dramatique de Village », un lieu de résidence et de création « pour gens des environs, des villes et des champs. » [1]
En 1998, le duo s'étoffe de cinq autres talents : deux artistes de cirque (Michèle D'Angelo et Laurent Barboux) et trois musiciens (Elodie Fourré, Patrice Grente, Patrick Martin), au violoncelle, à la contrebasse et au saxophone. Ensemble, ils créent le Cirque Mons, du nom d'un commerçant à la retraite. Débrouille et humour circonstancié : à peine retouchée, l'enseigne du camion acheté d'occasion à M. Mons - « Vêtements Mons. Qualité, Choix, Prix » - deviendra la devise de ce spectacle itinérant. Sur la piste, Max et Maurice, clowns en errance, tentent de s'intégrer dans l'univers d'un cirque familial fictif : pour séduire la jolie acrobate, ils devront se faire malmener par son père revêche et autoritaire. Entièrement muet, le spectacle exploite les ressorts comiques du burlesque, ne regimbant pas à décocher quelques flèches contre le pouvoir établi : « Max et Maurice débarquent sur la piste, plus proches d'ouvriers au sortir de l'usine que de deux enfants de la balle, le genre Laurel et Hardy dans ce vieux rapport de dominant-dominé. Et rencontrent un patron de cirque qui a trop regardé Billy Ze Kid au cinéma du coin : sec comme un coup de trique, aimable comme une porte de prison, aussi compréhensif qu'un DRH biberonné aux discours du MEDEF. (...) L'enfance de l'art : jonglerie d'éventail, danse des grelots, fildeféristes sans chichi ni superflu. Avec des vrais bouts de vécu dedans, quand les jongleurs doivent se coltiner de plus en plus de quilles sous le regard sévère d'un patron retors, surveillant d'un côté les carottes qu'ils épluchent et de l'autre ceux qu'il considère comme des sous-fifres. » [2]
Au milieu des saynètes variées, émergent des moments de grâce : une valse intimiste entre le directeur et sa fille, un numéro de danse avec des bracelets à grelots, l'ascension d'une échelle pour décrocher le fil de la funambule... Sans renier la loufoquerie ni l'autodérision, les histoires sans paroles de Max et Maurice cultivent le doux fumet de la mélancolie, « drôle et triste à la fois ». Le Cirque Mons tournera jusqu'en 2001. D'autres spectacles suivront : L'Arche à songe en 2002, Oups en 2005 (avec une scénographie autour d'un zeppelin), puis La quincaillerie Lamoureux en 2011 : « la première quincaillerie dédiée à l'amour, parce que l'amour... c'est du bricolage. »
Source : site de la compagnie Max et Maurice.
[1] Pour plus d'information, voir sur Ina.fr, Max et Maurice et le centre dramatique de village.
[2] Article de Sébastien Homer, L'Humanité, 1er janvier 2001.