Elsa Wolliaston danse Salomé ou la parabole du désir chorégraphié par le japonais Hideyuki Yano

13 juillet 1985
01m 50s
Réf. 00855

Notice

Résumé :

Quelques images de la danseuse Elsa Wolliaston dans le spectacle Salomé ou la parabole du désir chorégraphié en 1985 par le japonais Hideyuki Yano. Des phrases de l'une et de l'autre articulent les images filmées de la pièce.

Date de diffusion :
13 juillet 1985
Source :
A2 (Collection: MIDI 2 )

Éclairage

Salomé ou la parabole du désir porte haut la singularité de deux danseurs-chorégraphes, deux personnalités d'exception de la scène contemporaine : Elsa Wolliaston et Hideyuki Yano (1943-1988). C'est en 1975 que la chorégraphe africaine Elsa Wolliaston rencontre l'artiste japonais Hideyuki Yano et fonde avec lui l'une des compagnies emblématiques de la danse contemporaine française, le Ma Danse Rituel Theatre. Wolliaston l'Africaine élevée à New-York, et Yano, le Japonais qui a choisi Paris, travailleront au coude à coude pendant treize ans. C'est la mort de Yano, décédé du sida en 1988, qui mettra fin à leur compagnonnage. Ensemble, ils chorégraphieront une dizaine de pièces, ouvrant la voie à des rituels inédits nourris par le théâtre no et la tradition africaine. Dans ce documentaire, on peut voir Wolliaston dans Salomé ou la parabole du désir (1985). Parmi les interprètes, aujourd'hui chorégraphes reconnus, qui collaboreront avec Wolliaston et Yano, il faut citer Mark Tompkins, François Verret, Karine Saporta, mais encore Lila Greene, Sidonie Rochon, Maïté Fossen...

Personnalité phare de la danse en France depuis les années 70, Elsa Wolliaston reste l'une des artistes les plus étonnantes et engagées de la scène chorégraphique. Née en 1945 en Jamaïque d'un père originaire du Kenya et d'une mère métisse panaméenne, elle grandit auprès de sa grand-mère au Kenya et est initiée très jeune aux danses traditionnelles. A 16 ans, elle part vivre avec sa mère à New- York. Elle découvre la danse classique, puis s'initie au style contemporain de Merce Cunningham (1909-2009). Elle apprend également à jouer du piano à la Carnegie School of Music and Dance. En 1969, elle s'installe à Paris et participe aux ateliers de Jerome Andrews (1908-1992).

Revendiquant son ancrage dans la tradition ancestrale africaine, Elsa Wolliaston libère une danse puissante, originale et férocement libre, portant en creux tous ses apprentissages. Depuis ses débuts à la fin des années 70, elle a mis en scène une quarantaine de pièces dont Réveil ( 1998), version du Sacre du Printemps pour neuf danseurs et cinq musiciens sur la partition du percussionniste Bruno Besnaïnou. Pédagogue, elle continue de donner des cours et de transmettre sa vision de la danse. Selon sa définition, les fondements de la danse africaine sont le rapport au sol à travers les pieds nus, la colonne vertébrale droite, le cou sorti et pour porter le tout en lui donnant un sens, la musicalité au contact direct de la musique en scène. Grande improvisatrice, Elsa Wolliaston donne régulièrement des spectacles accompagnés par des partenaires comme le saxophoniste Steve Lacy, le batteur Jean-Yves Colson ou le percussionniste Bruno Besnaïnou.

Arrivé en France en 1973, le danseur et chorégraphe japonais Hideyuki Yano ( 1943-1988) a su cristalliser ses apprentissages (théâtre nô) et ses expériences (études littéraires au Etats-Unis au début des années 60). A Tokyo, à la fin des années 60, il conçoit des spectacles entre danse, théâtre et musique. A la tête du groupe Ma Danse Rituel Théâtre, en complicité avec des personnalités comme Elsa Wolliaston, mais aussi Lila Greene, Sidonie Rochon, Mark Tompkins..., il met en scène des spectacles structurés par des textes et une démarche approfondie autour du sens de chaque geste. Parmi ses pièces-phares, Rivière Sumida/folie (1976),Hana-Cristal fleur (1979), Le puits de l'épervier (1983) ou encore Salomé (1986). Ses spectacles ont tous été interprétés par Eslsa Wolliaston.

Rosita Boisseau

Transcription

(Musique)
Journaliste
Mais qui est Salomé ? La séductrice du roi Hérode qui obtint en dansant, la tête de Saint Jean-Baptiste. Le chorégraphe s’est aussi inspiré d’un mythe babylonien où à l’instar de Salomé ôtant successivement sept voiles jusqu’à la nudité, une déesse descend aux enfers et en franchit les sept portes. C’est Elsa Wolliaston, danseuse et chorégraphe, qui se glisse dans ce rôle.
Elsa Wolliaston
Je suis la déesse Ishtar qui fait les sept voyages initiatiques dans le royaume des morts pour récupérer son vrai mari.
(Musique)
Hideyuki Yano
J’ai tout simplement illustré une histoire de Salomé. Je voulais surtout parler de la vie interne de Salomé, si vous voulez. Donc, c’est pour moi, c’était le parcours de désir de quelqu’un. C’est aussi, c’est un parcours d’un homme, c’est-à-dire Salomé n’existerait pas sans Saint Jean-Baptiste. Donc elle était, quand elle demande la tête de Saint Jean-Baptiste, je pense qu’elle était prête aussi à risquer sa vie.