Elsa Wolliaston, Fabrice Dugied ensemble dans Enfin
Notice
Les chorégraphes Elsa Wolliaston et Fabrice Dugied dansent et improvisent ensemble accompagné par le batteur complice de Wolliaston, Jean-Yves Colson, pour le spectacle Enfin
Éclairage
Elle ne voulait pas devenir sorcière tout court, elle est devenue sorcière de la danse. Cette déclaration de la chorégraphe Elsa Wolliaston en dit long sur l'invincibilité de cette femme au parcours aussi accidenté et riche que ses origines. Figure de proue de la danse africaine en France depuis les années 70, Elsa Wolliaston reste l'une des artistes les plus étonnantes et engagées de la scène chorégraphique. Née en 1945 en Jamaïque d'un père originaire du Kenya et d'une mère métisse panaméenne, elle grandit auprès de sa grand-mère au Kenya et est initiée très jeune aux danses traditionnelles. A 16 ans, elle part vivre avec sa mère à New- York. Elle découvre la danse classique, puis s'initie au style contemporain de Merce Cunningham (1909-2009). Elle apprend également à jouer du piano à la Carnegie School of Music and Dance. En 1969, elle s'installe à Paris et participe aux ateliers de Jerome Andrews (1908-1992). Lestée de ce bagage incroyable, elle devient interprète dans la compagnie des Ballets du Dahomey avant de fonder en 1975 le Ma Danse Rituel Theatre avec le japonais Hideyuki Yano. Pendant treize ans, jusqu' à la mort de Yano décédé du sida en 1988, Wolliaston dansera et chorégraphiera des pièces comme autant d'hypnotiques rituels. Dans ce documentaire, on peut la voir dans Salomé, parabole du désir (1985) (voir la vidéo). Parmi les interprètes, aujourd'hui chorégraphes reconnus qui collaboreront avec Wolliaston et Yano, il faut citer Mark Tompkins, François Verret, Karine Saporta, mais encore Lila Greene, Sidonie Rochon, Maïté Fossen...
Revendiquant son ancrage dans la tradition ancestrale africaine, Elsa Wolliaston libère une danse puissante, originale et férocement libre, portant en creux tous ses apprentissages. A la tête de sa compagnie, elle a mis en scène une quanrantaine de pièces dont Réveil (1998), version du Sacre du Printemps pour neuf danseurs et cinq musiciens sur la partition du percussionniste Bruno Besnaïnou. Pédagogue, elle continue de transmettre sa vision de la danse. Selon sa définition, les fondements de la danse africaine sont le rapport au sol à travers les pieds nus, la colonne vertébrale droite, le cou sorti et pour porter le tout en lui donnant un sens la musicalité au contact direct de la musique. Grande improvisatrice, Elsa Wolliaston donne régulièrement des spectacles accompagnés par des partenaires comme le saxophoniste Steve Lacy, le batteur Jean-Yves Colson ou le percussionniste Bruno Besnaïnou. Son immense talent fait de chacune de ses séquences d'improvisation des pics d'invention et de beauté.
Dans le film, c'est avec Fabrice Dugied, danseur et chorégraphe contemporain de vingt ans son cadet, qu'elle se cogne, emportée par les crépitements de batterie de Colson. Le spectacle intitulé Enfin fut crée en 2000 au Centre culturel de Mont-Saint-Aignan. Ame sauvage, Elsa Wolliaston poursuit sa quête artistique et identitaire au plus près d'elle-même.