Daniel Larrieu danse On était si tranquille
Notice
Au festival d'Avignon 1998, en plein air, Daniel Larrieu interprète sa nouvelle pièce On était si tranquille, épaulé par treize interprètes dont Alain Buffard et Christine Bombal, qui commentent le spectacle.
Éclairage
Le titre de ce spectacle de Daniel Larrieu On était si tranquille en dit long sur le tempérament du chorégraphe et le taux d'intensité douce de sa danse. Créée en 1998, cette pièce pour quinze danseurs joue sur une palette fantaisiste entre citations de Nijinski et jeux d'ombres. Le tout rhabillé dans des costumes légers aux nuances roses et mauves. Ce traité d'élégance décalée distille une subtile euphorie. Pas question de regretter quoi que ce soit – ce que pourrait sous-entendre le titre beau comme un soupir - mais plutôt de jouir du présent en tentant de retrouver un peu de l'innocence perdue de la jeunesse. Sur une bande-son tricotant Bach, des rengaines de feuilletons et du cha-cha-cha, les danseurs déroulent une ligne claire, nimbée d'un certain détachement.
Directeur du Centre chorégraphique national de Tours de 1994 à 2002, date à laquelle il prend la décision de quitter le confort de l'institution pour redevenir compagnie indépendante – il est le seul à avoir osé sauter le pas et en mesurera ensuite les conséquences -, Daniel Larrieu (né en 1957) est définitivement un cas à part. Lorsqu'il se retrouve à courir les co-producteurs pour monter ses spectacles, il assume cette nouvelle économie très raide. En 2006, il chorégraphie Never Mind, pièce en mode mineur pour huit interprètes, construite à raison de rendez-vous réguliers pendant deux ans. Autant dire un mode de travail au ralenti, à des années-lumières de l'efficacité d'un CCN. Daniel Larrieu assume cette nouvelle précarité et persiste avec la sincérité d'un artiste engagé. Parallèlement à la création de spectacles, il développe des activités d'enseignant et soutient des opérations étonnantes. En 2010, il réalise avec l'association les Robinsons des glaces un court-métrage intitulé Ice Dream dans lequel il danse sur un iceberg.
Le trajet de Daniel Larrieu a tout d'une belle histoire. A 16 ans, Larrieu étudiait les plantes vertes et les fleurs coupées pour passer son BEP jardins et espaces verts. Devenu chorégraphe, il retrouvera le geste du jardinier en intérieur comme en extérieur, dressant une danse aux gestes ronds, tout en spirales, douce comme une plante grimpante. Régulièrement, il va planter sa danse dans les parcs et jardins, au bord de la mer. Il sait combien le temps et la patience donnent raison à la poésie du geste. C'est en 1982 qu'il crée sa compagnie Astrakan. Passé comme ses collègues par le Concours de Bagnolet, il y décroche le deuxième prix en 1982 avec Chiquenaudes.
Identifiable au premier coup d'œil, son écriture a les hanches souples, les épaules qui roulent, les bras qui moulinent. Et ce sens des détails quotidiens qui rappellent que la danse est aussi une affaire de vie ordinaire. Toujours doux et souvent grave, Daniel Larrieu, qui a chorégraphié une vingtaine de pièces, sait aussi foncer tête baissée dans des défis étranges. En 1986, il conçoit Waterproof, pièce chorégraphique pour dix danseurs habillés en maillots de bains noirs. Une délicieuse anomalie que le chorégraphe remet à l'eau avec les mêmes interprètes en 2006. Six ans plus tard, Larrieu ose un autre type de plongeon. Dans le grand bain théâtral avec une bouée nommée Jean Genêt. Epaulé par la metteuse en scène Gloria Paris, il danse et joue le personnage de Divine du roman Notre-Dame-des-Fleurs. Escarpins en avant, il donne de la voix et continue à réinventer sa vie au plus près de lui. Parallèlement, il a été de juin 2006 à juin 2009 adminstrateur délégué à la danse à la Société des Auteurs et Compositeurs dramatiques.