Jean Babilée danse sa vie (Life) selon Béjart

03 janvier 1980
04m 50s
Réf. 00963

Notice

Résumé :

Film en couleurs tourné lors des représentations de Life à l'Opéra de Paris en septembre 1979. Jean Babilée, 66 ans (mais il en parait trente de moins) montre en quelques extraits, avec pour seul accessoire une structure métallique, sa maîtrise aussi exceptionnelle que sa concentration et sa décontraction. Les figures qu'il exécute ici sont simples, passant du vif au ralenti, mais toujours avec une élégance extrême. L'étoile Elisabeth Platel, qui participe également à ce ballet, ne fait qu'une brève apparition dans ce document.

Date de diffusion :
03 janvier 1980
Source :
A2 (Collection: Life )
Thèmes :

Éclairage

Maurice Béjart explique lui-même la genèse de Life dans son livre de mémoires Un instant dans la vie d'autrui :

« J'ai monté le ballet en trois jours. J'étais à Paris et il me manquait quelque chose pour les programmes de New-York où nous partions la semaine d'après. J'ai croisé par hasard Jean Babilée dans un studio. J'ai tout de suite eu envie de créer quelque chose pour lui. Je lui ai demandé : Tu es libre ? Viens à Bruxelles, on travaillera ensemble, on n'a qu'un minimum de temps et tu partiras pour New-York avec nous » [1].

Début 1979,Jean Babilée qui vient de chorégraphier et danser Triptyque à l'Opéra-Comique, et de mettre en scène et chorégraphier L'Histoire du soldat de Ramuz et Stravinski pour les Ballets de Félix Blaska, se trouve libre en effet.

« Jean est un danseur de ma génération (en fait plus âgé de quatre ans que Béjart) mais il a l'air d'avoir dix-sept ans. On a travaillé très vite, lui, moi et une fille étonnante qui est dans ma compagnie depuis quelques années, Cathy Dethy. Une structure en tubes de métal a joué le rôle d'un troisième personnage (abri, couloir, miroir et partenaire) tempérant de sa géométrie affable les meurtrissures et les espoirs d'un homme seul sans symphonie. Babilée déchira l'espace de la scène comme d'autres vous déchirent le cœur.» ...

... « Il me suffit d'avoir des interprètes qui veuillent bien me bouleverser en me dévoilant techniquement leur vie, leurs cicatrices et ces choses sur eux-mêmes qu'ils ne savent pas et que j'ignore autant qu'eux mais que la danse repère très vite, elle qui vous découpe quelqu'un mieux que tous les scalpels du monde......Vie, Life, je suis exclu de mon passé. Je suis responsable de mon avenir » .

Life est crée en mars 1979 au Théâtre Minskoff de New-York. Le ballet est prévu pour le troisième programme. Mais des journalistes américains ayant vu Jean Babilée au travail insistent pour que Life soit présenté dès le premier soir. A son entrée en scène Jean Babilée est acclamé. A l'issue du spectacle un jeune danseur vient dans la loge de Babilée, se met à genoux et lui déclare « You are the greatest ! ». Il lui demande de travailler avec lui Le Jeune Homme et la Mort. Babilée qui ne le connait pas reste vague. « C'est Mikhaïl Barychnikov ! » lui souffle alors Béjart! Life part ensuite à la conquête de Bruxelles, Berlin, Paris et Chicago. Il est donné en 1981 au Mai Musical Florentin, en 1983 au Festival de Nervi, en 1985 au Festival d'Avignon, et en 1991 au Théâtre des Champs Elysées avec Marie-Claude Pietragalla.

Jean Babilée joue sur, avec ou dans une immense structure métallique parallélépipède, assez légère et mobile pour pouvoir être basculée, ou pivotée selon les caprices du danseur, de sa partenaire et de Maurice Béjart ! Life est accompagné d'extraits de la Première Partita pour violon seul de Bach, de longs silences, et d'improvisations aux percussions (jouées par Sylvio Gualda, de l'Opéra de Paris).

Entre ces diverses reprises, en 1984, à 61 ans, Jean Babilée reprend, le rôle qui fit sa gloire à 23 ans, l'acrobatique Jeune Homme et la Mort à l'Opéra de Marseille, puis au Théâtre du Châtelet.

« Je n'ai jamais pu considérer la danse comme un métier même si c'est complètement le mien » confie le danseur dans la biographie que lui a consacré Sarah Clair, Jean Babilée ou la danse buissonnière. « Avant tout c'est un bonheur, jamais une obligation. Chaque fois que ce bonheur m'a quitté, j'ai arrêté de danser. La danse doit vous coller à la peau ou cesser. Et si le désir revient, je recommence.... ».

[1] Toutes les citations sont extraites de Jean Babilée ou la Danse buissonnière de Sarah Clair, pp 123 à 126. Babilée y cite Béjart.

Bibliographie

- Un instant dans la vie d'autrui, Maurice Béjart, Flammarion, 1998.

- Jean Babilée ou la Danse buissonnière, Sarah Clair, Van Dieren éditeur, Librairie de la danse, 1995.

René Sirvin

Transcription

(Bruit)
(Silence)
(Bruit)
(Musique)
(Silence)
(Bruit)
Comédien
Eh !
(Musique)
(Silence)
(Bruit)