Nicolas Le Riche danse Jerome Robbins

22 décembre 2002
02m 57s
Réf. 00726

Notice

Résumé :

Nicolas Le Riche interprète le premier mouvement de Suite of Dances, une chorégraphie de Jerome Robbins sur des pièces pour violoncelle seul de Jean-Sébastien. Bach. Il est accompagné par la violoncelliste de l'Opéra de Paris, Martine Bailly, pantalon et veste noirs, assise côté jardin de la scène pendant le spectacle. Nicolas Le Riche achève ce solo en s'agenouillant avec élégance devant la musicienne.

Date de diffusion :
22 décembre 2002
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Éclairage

Jerome Robbins conçoit Suite of Dances à la demande de Mikhaïl Barychnikov qui le donne le 3 mars 1994 dans le cadre de White Oak Dance Project, un lieu de création que le danseur a fondé en 1990 avec le chorégraphe Mark Morris. Il s'agit d'un solo en trois mouvements, interprété en simple jogging rouge sur le Prélude de la Suite N° 1, la Sarabande de la Suite N°5 et le Prélude de la Suite N°6 pour violoncelle seul de Bach.

Cette magnifique création d'environ quinze minutes entre au répertoire de l'Opéra de Paris dansé par Manuel Legris pour un gala de l'AROP consacré à Jerome Robbins le 18 mars 1996. Le programme comprend les reprises de deux joyaux de Robbins : Moves, ballet dans le silence datant de 1959, En Sol sur le concerto de Ravel, et une nouveauté pour l'Opéra, The four Seasons. Suite of Dances est dansé en mars et avril par trois étoiles en alternance : Manuel Legris, Patrick Dupond et Nicolas Le Riche, toujours accompagnés par Martine Bailly sur scène.

La musique de Bach inspire Robbins une première fois en 1971 avec les monumentales Variations Goldberg au NYCB (voir Répétition de Goldberg Variations avec Jerome Robbins). Il ne reviendra à ce compositeur qu'en 1994 avec A Suite of Dances pour Barychnikov et 2 et 3 Part Inventions pour la School of American Ballet. Son ultime création sera encore sur la musique de Bach avec Brandebourg donné en 1997 au NYCB, un an avant sa mort, peu avant son quatre-vingtième anniversaire.

Le premier mouvement de A Suite of Dances sur le Prélude de la première Suite, est joué, selon la volonté de Robbins, sur un tempo assez lent, aussi décontracté que la chorégraphie. Comme l'écrit Tobi Tobias dans le programme de l'Opéra de Paris, « Il n'y a là que danse pure. A l'écoute de la musique, c'est une sorte de pas de deux avec le violoncelle. Comme le titre du ballet, ce solo semble simple, commençant avec la nonchalance d'une improvisation ».

C'est exactement l'impression que donne Nicolas Le Riche dans ce premier mouvement. Il semble prendre ses marques, écouter la musique, se laisser peu à peu gagner par elle, se livre a une série de mouvements souples et naturels, avec toutefois de plus en plus d'intensité, les bras et les dégagés prennent de l‘ampleur, l'énergie pousse le danseur à quelques sauts, tours, pirouettes, déboulés, manèges, sans excès de virtuosité apparente, toujours avec allégresse et légèreté, une liberté totale et un plaisir extrême.

Ce document en couleurs, magnifiquement filmé, montre la souplesse décontracté du danseur étoile, à l'opposé de sa formidable interprétation virtuose et tourmentée du Jeune Homme et la Mort.

Rudolf Noureev, revenu à l'Opéra en 1991 pour remonter son Roméo et Juliette, repère ce jeune danseur et impose Nicolas Le Riche à 19 ans dans le rôle de Mercutio puis dans celui de Roméo. L'année suivante Nicolas danse son premier Robbins, In The Night, composé de trois pas de deux, pour trois couples différent, ballet également tout en délicatesse, sensibilité et musicalité, sur des musiques de Chopin.

Avec A Suite of Dances, Nicolas Le Riche peut exprimer toute sa musicalité, mais aussi la variété de son jeu et ses moyens physiques, car la tension et la virtuosité progressent d'une pièce à l'autre, « pour atteindre dans la deuxième et la dernière section, à une infinité de pas et de variations de trajectoire, que la vitesse d'exécution rend encore plus complexe. Une pyrotechnie masquée par le charme » comme le note avec justesse Tobi Tobias.

La personnalité de l'interprète donne une couleur différente à ce grand solo. Rien de commun entre les interprétations de Barychnikov, Manuel Legris ou Nicolas Le Riche, si ce n'est l'excellence et leur réel bonheur de danser un tel joyau.

René Sirvin

Transcription

(Musique)