Atys de Lully et Quinault

19 mars 1990
04m 16s
Réf. 00266

Notice

Résumé :

Encadrant une interview du metteur en scène Jean-Marie Villégier, qui évoque les rapports complexes du classicisme français avec le baroque européen dont il se nourrit et se démarque à la fois, extraits de l'opéra : acte III, scène 4 (air du sommeil) et acte V, scène 6 (mort d'Atys et chant de Cybèle).

Date de diffusion :
19 mars 1990

Éclairage

Après sa brouille avec Molière en 1671, Lully s'associe à un autre dramaturge et librettiste, Philippe Quinault, avec lequel il crée un genre nouveau, la « tragédie en musique », considérée aujourd'hui comme la forme française de l'opéra. Après Cadmus et Hermione (1673), Alceste (1674) et Thésée (1675), Atys (1676) est leur quatrième grand succès et connaît de nombreuses parodies. On l'appelle « l'opéra du roi », en raison d'un célèbre prologue adressé au « plus grand des Héros » et de l'affection particulière que lui porte le souverain.

Parmi les tragédies en musique de Quinault et Lully, Atys occupe une place à part : au lieu des habituelles fins heureuses, il présente un dénouement désespéré. Inspiré des Fastes d'Ovide, il raconte les amours funestes d'Atys, aimé de la déesse Cybèle, avec la princesse Sangaride, promise au roi de Phrygie Célénus : rendu fou par une Furie appelée par Cybèle, Atys tue Sangaride et se poignarde en comprenant son acte. Contrairement à la plupart des opéras de Lully, la pièce ne comporte pas de valets comiques, mais des confidents de tragédie, sacrifiant en cela aux préférences du roi, qui n'aime guère le mélange des genres.

La production présentée à l'Opéra-Comique en 1987 par le metteur en scène Jean-Marie Villégier et le chef d'orchestre William Christie, accompagné de son ensemble Les Arts Florissants, constitue un événement capital : non seulement il s'agit de la première fois que cet opéra est joué depuis le XVIIIe siècle, mais c'est aussi la première présentation scénique d'un opéra de Lully depuis l'Ancien Régime. Le spectacle, qui connaît un succès phénoménal au cours d'une longue tournée internationale, impose l'ensemble des Arts Florissants dans le paysage musical français et marque l'acte de fondation du mouvement baroque auprès du grand public.

Céline Candiard

Transcription

(Musique)
Intervenant
J’ai cette chance de travailler dans un espace immense, qui est celui des XVIIème et XVIIIème siècles ; et qui se trouve être une réserve infinie d’oeuvres de première grandeur, tant au théâtre que dans le domaine lyrique ; qui nous parle de choses qui sont très importantes pour nous, aujourd’hui et en particulier de la relation, à la fois, d’empreint et de polémique qui s’établit à cette époque entre la France et les autres pays d’Europe. Je crois que c’est un discours très important à tenir aujourd’hui que celui du classicisme dans le baroque. De savoir, savoir comment notre classicisme s’inscrit en empruntant sa nourriture au baroque des pays voisins ; et en particulier de l’Italie et aussi de l’Espagne. Comment, à l’intérieur du classicisme, il demeure du baroque et comment cependant, à l’intérieur de cet horizon baroque, l’art français arrive à se définir en tant que tel ?
(Musique)