Werner Herzog in Cannes for Kaspar Hauser

19 octobre 1975
09m 35s
Ref. 00164

Information

Summary :

Werner Herzog speaks about his film Kaspar Hauser, which received the "Grand prix spécial" of the jury at the 28th Festival, and which tells the mysterious story of a young man found in 1828 in a square in Nuremberg who did not know how to read or write and could hardly speak.

Media type :
Broadcast date :
19 octobre 1975
Source :
TF1 (Collection: POUR LE CINEMA )
Personnalité(s) :

Transcription

Journaliste
L'énigme de "Kaspar Hauser", ce jeune homme trouvé un matin de1828 sur une place de Nuremberg, marchant et parlant à peine. Il aurait pu passer toute sa jeunesse, enchaîné dans un cachot. C'est de ce fait réel que s'est inspiré Werner Herzog pour ce film qui a reçu le grand prix du jury à Cannes et le prix Jean Cocteau.
Werner Herzog
(Traduction) Sur le fond, le film suit fidèlement le cas authentique de Kaspar Hauser. C'est un cas unique dans l'histoire de la culture. Quelqu'un né pratiquement à l'âge adulte sans aucune conception du monde, sans aucune notion de civilisation.
Interviewé
[ALLEMAND]
Werner Herzog
(Traduction) Le titre allemand traduit en français c'est " Chacun pour soi, Dieu contre tous ". (Traduction) J'aime beaucoup ce titre qui donne un sentiment de solitude, l'oubli de l'être humain par Dieu lui-même. J'ai trouvé ce titre dans le dialogue d'un film brésilien "Macunaima", (Traduction) j'ai vu le film tandis que j'écrivais mon scénario, j'ai été cloué dans mon fauteuil, j'ai su que j'avais trouvé mon titre.
Interviewé
[ALLEMAND]
Werner Herzog
(Traduction) C'est un sujet très proche de celui de mes autres films. J'ai fait au moins 2 films sur des sujets analogues. C'est une histoire qui me fascine parce que ce n'est pas seulement l'histoire d'un cas unique, c'est l'histoire de nous-même. C'est la mienne. (Traduction) Comment adhérer à la société, comment ne pas être éjecté par elle, comment parvenir à s'expliquer, ce n'est pas seulement un film sur moi, mais sur vous, sur Bruno, sur le monde autour de nous.
Interviewé
[ALLEMAND]
Werner Herzog
(Traduction) Le vrai Kaspar Hauser a été lui aussi exhibé. Des milliers de gens sont venus le voir, s'amuser de cet animal étrange. (Traduction) C'était évident pour moi d'avoir une scène de cirque. C'était le cirque pour lui. Kaspar Hauser apparaîtrait maintenant, il serait poursuivi par la presse comme Soljenitsyne.
Interviewé
[ALLEMAND]
Werner Herzog
(Traduction) Cette phrase, elle est de Bruno. Il faut savoir que Bruno a lui-même souffert énormément. Son passé est très semblable à celui de Kaspar Hauser. Bruno a passé plus de 20 ans en maison de correction, en prison, en asile psychiatrique. (Traduction) Il m'a dit une fois "les hommes sont pour moi comme des loups". Je l'ai mis dans le dialogue, mais c'est de Bruno.
Journaliste
Comment dit-il cela en Allemand ?
Interviewé
[ALLEMAND]
Journaliste
(Traduction) Il y a une chose qu'il faut savoir dit Bruno, il y a des prisons que l'on peut voir dans lesquelles on vous enferme. Et puis, il y a aussi des prisons invisibles, les coups sur la tête que la police vous file, ça se voit encore. Ça s'est passé un 30 novembre.
Interviewé
[ALLEMAND]
Werner Herzog
(Traduction) J'ai trouvé Bruno dans un film, une sorte de documentaire, de reportage, diffusé par la télévision. Et Bruno m'a tellement fasciné, il était comme il est là, je me suis dit cet homme doit être Kaspar Hauser parce qu'il l'est déjà en un sens. (Traduction) Ce film ne fait que décrire un passé de souffrance et le passé de Bruno n'est fait que de souffrance. Et assis là, il souffre encore. C'est ce qui, selon moi, doit ressortir du film clairement, visiblement.
Interviewé
[ALLEMAND]
Werner Herzog
(Traduction) J'ai fait ce film "Kaspar Hauser" mais ce n'est pas fini entre Bruno et moi. Ce n'est pas un livre que j'ai refermé. Bruno reste si proche de mon coeur, il continue tellement de me fasciner, il a tant d'idées et une telle vision des choses, il faut continuer le film.