Sophia Loren et les photographes
27 avril 1955
03m
Réf. 00021
Notice
Résumé :
Présentation de la nouvelle jeune beauté italienne, Sophia Loren, qui pose pour les photographes.
Date de diffusion :
27 avril 1955
Source :
INA
(Collection:
Reflets de Cannes
)
Personnalité(s) :
Thèmes :
Au festival de Cannes cette année-là...
Transcription
François Chalais
Brusquement, toute la ville s'est mise à parler italien. Ou plus exactement, brusquement, on n'a plus entendu parler que l'italien, la voix de ceux qui ne connaissent pas la langue de Dante et de Toto, étant étouffée, submergée, supprimée par les chantants accents de Naples, de Milan ou de Rome. Quand l'Italie décide de faire quelque chose, elle le fait bien. Cannes a été purement et simplement annexée en vingt-quatre heures. L'hôtel Martinez, quartier général de leur tête de pont, partent ordres et contre-ordres, ce qui, chez les Italiens, est d'ailleurs la même chose. Les ascenseurs ne fonctionnent plus qu'à leur commandement et grincent seulement avec l'accent napolitain. Le spaghetti se portera cette année vert, blanc, rouge et en bandoulière comme le grand cordon de la Légion d'honneur. Mais à ce drapeau splendide et envahissant, il fallait une forte poigne pour le brandir. L'Italie n'a pas eu à s'inquiéter bien longtemps dans sa recherche d'un tambour majeur à la hauteur. Celui-ci a un mètre soixante dix, des yeux qui finiront bien, à force d'entraînement, par rejoindre le commencement des oreilles, un port de monarque dont le Parlement viendrait de voter le pouvoir absolu, celui-ci d'ailleurs est un terme impropre, le porte-drapeau de l'Italie est en effet une femme, il n'y a même aucun doute là-dessus puisqu'il s'agit de Sophia Loren. Sa venue à Cannes a fait exactement l'impression d'un cyclone dévastateur. Il lui a suffit de paraître, de marcher. Quand elle marche, on dirait que tout ce qui n'est pas elle et qui bouge est immobile. Il lui a suffit de cligner un oeil, puis l'autre, quand elle déplie le bras pour prendre un magazine, on s'attend aussitôt à tout. "Pourquoi, se demande-t-on, prend-elle ce magazine ?" "Elle ne va pas se mettre à le lire, tout de même". Cela cache quelque chose. Depuis quand Sophia Loren a-t-elle quelque chose à cacher ? Mais, chassez le naturel, il revient au galop. Sophia, comme toutes les grandes vedettes, est la gentillesse même. Les appareils des photographes s'useront avant sa patience. D'ailleurs toute la journée, voici ce que cela donne : un, deux, dix, vingt photographes se ruent autour d'elle dès qu'elle paraît. Notre studio de télévision a été envahi par les reporters de tous les pays dès qu'on a su qu'elle s'y trouvait. En vain a-t-elle essayé de sortir le plus discrètement possible. C'est dur d'être discrète quand on a un corps aussi bavard...(Silence)