Palmarès du festival 1959

15 mai 1959
02m 40s
Réf. 00056

Transcription

François Chalais
Voici, maintenant, le palmarès du festival de Cannes tel qu'il vient d'être établi. Le premier prix, la palme d'or, a été attribuée à Marcel Camus pour son film, "Orfeu Negro", à l'unanimité. Ceci est très important. Ce film a plu à la fois au public et au jury. C'est quand même un signe. C'est un très beau film qui a été réalisé comme Camus, lui-même nous l'a dit, dans des conditions très difficiles et il est bouleversant de beauté, de noblesse. Et, mon dieu, je pense, nous pensons tous que cette décision s'imposait, qu'il ne pouvait pas y en avoir d'autre. Le prix spécial du jury à "Etoiles", film bulgare, qui est également d'une grande beauté et une grande virilité, surtout. Le prix international attribué à "Nazarin", Mexique, avec un homage spécial rendu à l'oeuvre de Luis Bunuel, le réalisateur de "Nazarin", pour l'audace et la puissance de ses créations. Hommage parfaitement mérité. Prix de la mise en scène à François Truffaut pour le film "Les 400 coups" dont on a déjà beaucoup parlé, dont on parlera encore beaucoup. Là aussi, c'est une décision qui, si elle n'avait pas été prise, aurait provoqué beaucoup de drames. D'une façon générale, ce palmarès semble avoir été celui à la fois de la sagesse, plus exactement, qui rend homage à la folie. Le prix d'interprétation masculine pour trois acteurs en même temps du film "Génie du Mal", dans un ordre très précis : Dean Stockwell, Bradford Dillman et Orson Welles. Prix de l'interprétation féminine : Simone Signoret, qui représente assez étrangement l'Angleterre, dans le film "Les Chemins de la haute ville". Décision également qui a été accueillie avec une extrême faveur car on ne voit pas à qui d'autre on aurait pu l'attribuer. Simone Signoret a accompli une merveilleuse performance, et je pense que ça donnera peut-être des idées à quelques producteurs français de bonne volonté, je ne crois pas qu'ils auraient grand-chose à y perdre. Le prix de la comédie à "Polycarpe", c'est est un prix spécial qui est destiné à récompenser une oeuvre gaie. Il n'y en a pas eu beaucoup dans le festival. Et "Polycarpe" est un petit film charmant dont tout le monde n'a pas compris la grâce et l'esprit. Enfin, une mention particulière au "Héron Blanc", Japon, pour la noblesse de son style et la beauté de ses images. Encore une fois, ce palmarès s'imposait. Je ne pense pas qu'il puisse en être autrement. Et c'est bien la première fois depuis douze ans que nous sommes... je pense que tout le monde sera d'accord avec un palmarès.