Ingrid Bergman, présidente du Jury du Festival 1973

22 mai 1973
02m 39s
Réf. 00150

Notice

Résumé :

Ingrid Bergman s'exprime sur son rôle de présidente du jury au 26ème Festival.

Type de média :
Date de diffusion :
22 mai 1973

Transcription

Jacqueline Alexandre
Bonjour. J'ai le grand honneur, cet après-midi, d'accueillir sur ce plateau, Ingrid Bergman, qui, comme vous le savez, est présidente du jury du festival de Cannes. Ingrid Bergman, vous êtes, vraisemblablement, venue souvent à Cannes, au moment du festival, mais seulement en tant que comédienne. C'est la première fois que vous êtes présidente du jury, bien entendu, que vous êtes même membre du jury, je crois ? C'est la première fois ?
Ingrid Bergman
Oui, naturellement.
Jacqueline Alexandre
Vous veniez très souvent au festival de Cannes ?
Ingrid Bergman
Non. Il y a douze ans, et avant ça, c'est à peu près vingt ans. Deux fois je suis venue ici, pour rester deux jours.
Jacqueline Alexandre
Donc, vous vous souvenez très peu ?
Ingrid Bergman
Non, je me rappelle bien, je me rappelle bien que c'était un enfer. Et je me disais : " Jamais plus je ne veux aller au festival ". Et maintenant, je suis là pendant deux semaines, même plus. Et je veux dire que c'est très intéressant, amusant, fatigant.
Jacqueline Alexandre
Et c'est toujours un enfer ?
Ingrid Bergman
Oui. Mais c'est intéressant de voir tous les films différents. Il faut voir deux par jour. Et je suis même allée voir quelquefois un film hors compétition.
Jacqueline Alexandre
Hors compétition.
Ingrid Bergman
Oui. Alors, ça, c'est fatigant. Mais la chose la plus fatigante de toutes, c'est de donner les interviews et les radios.
Jacqueline Alexandre
Excusez-nous !
Ingrid Bergman
Oui, justement, c'est ça. Et puis, parce que vous êtes quand même mille cinq cent journalistes sur place. Et ça, c'est un peu difficile.
Jacqueline Alexandre
On va vous retenir très peu de temps puisque le plus grand moment de cette émission va se passer à parler de "La Grande Bouffe", le film français qui a été présenté hier soir. On ne cherche pas du tout à vous à vous influencer. C'est un hasard si vous êtes arrivée le lendemain de la projection de "La Grande Bouffe". J'aurai tout de même voulu vous demander selon quels critères vous choisissiez, vous aviez envie de voter pour un film plus que pour un autre ? Alors, je ne vous demande pas pour lequel mais selon quels critères ?
Ingrid Bergman
De la valeur. Si ça vaut la peine, allez. Et voir le film. Je veux dire quand vous pensez que les gens devaient se déplacer, trouver une place pour la voiture, il faut avoir les moyens d'avoir quelqu'un, à la maison, qui prend soin des enfants. Et on est là. C'est quand même... pas tellement difficile.
Jacqueline Alexandre
Qu'est-ce que la valeur pour vous ?
Ingrid Bergman
C'est quelque chose qu'on sent, quelque chose qui est émouvant, fait rire ou fait pleurer. Quelque chose qui touche le coeur.
Jacqueline Alexandre
Je n'ose pas vous demander... On dit déjà, d'ailleurs, il faut que je vous pose la question. On dit déjà que vous avez très envie de faire arriver très loin le film "Scarecrow" ?
Ingrid Bergman
Non, je n'ai jamais rien dit à personne.
Jacqueline Alexandre
Alors, c'est un bruit qui court ?
Ingrid Bergman
Oui, c'est un bruit.
Jacqueline Alexandre
Je vous passe la parole pour "La Grande Bouffe", le film de Ferreri, hier soir, dans la grande salle, en compétition, le film français.