OAS à Alger [muet]
Notice
A Alger, témoignages visuels du soutien dont bénéficie l'OAS dans la population européenne [document muet].
Éclairage
Créée en février 1961, l'Organisation de l'armée secrète (OAS) a pour objectif premier d'empêcher la tenue des négociations prévues à Évian. Entre autres contacts, elle résulte des échanges entre des militants de l'Algérie française exilés en Espagne. Autour du général Salan, on trouve Pierre Lagaillarde, Jean-Jacques Susini, Marcel Ronda... Elle fait suite à l'annonce du projet d'autodétermination, accepté via le referendum du 8 janvier 1961 par 74, 99 % d'électeurs français. Mais c'est surtout après l'échec du putsch des généraux Salan, Challe, Jouhaud, Zeller en avril 1961, qu'elle prend de la consistance, l'Organisation s'employant alors à structurer et rationaliser ses forces. Ainsi le FLN et l'OAS, mais aussi l'OAS et l'État français se livrent-ils une guerre qui fait des victimes, évidemment dans les rangs de chacun, mais aussi au sein de la population civile.
Toujours est-il que pour contrer l'action des forces armées engagée contre l'OAS, l'organisation s'engage, parallèlement à son action armée, dans une stratégie de mise en visibilité d'elle-même en même temps que d'intimidation. À côté des opérations ponctuelles telles les exécutions, l'organisation se lance dans la confection d'émissions pirate. Ainsi le 25 septembre 1961, au cours d'une émission de ce type, le général Salan enjoint-il ses partisans et sympathisants à sortir des pavillons aux couleurs de l'OAS. Une manière de montrer que l'organisation est présente et qu'elle veille... Une manière donc de toucher le domaine public.
Des oriflammes OAS qui flottent sur des fils télégraphiques, des femmes musulmanes voilées qui marchent dans les rues d'Alger, un ballon de baudruche qui se déplace dans le ciel et que regardent une femme et son fils depuis le balcon de leur appartement, autant de scènes pouvant sembler insolites mais qui ont pour effet de montrer une ville contrastée en même temps que fragilisée.
Surtout, si ces images traduisent en arrière-fond un climat de tensions, elles ne présentent la guerre que de façon elliptique. En fait, le journal télévisé – mais aussi radiophonique – est alors étroitement contrôlé par le ministère de l'Information. Si bien que les journalistes finissent ou bien par contourner le contrôle ou bien par en intégrer les règles. Ce qui explique une vision très partielle des faits dont la violence est euphémisée.