Alger, au rythme des attentats
Notice
Suite aux attentats sanglants perpétrés par l'OAS, le fossé se creuse entre la communauté musulmane et européenne.
Éclairage
Après la signature des accords d'Évian le 19 mars 1962, l'OAS s'engage dans une guerre d'usure qui commence le 23 mars dans Bab El Oued. En ce lieu où l'OAS s'est retranchée, des membres de l'organisation y désarment des soldats, provoquant des escarmouches qui font des victimes. Mais si les événements de Bal El Oued voient la victoire des forces de l'ordre, ils ne mettent pas pour autant fin à la détermination des membres de l'organisation. Ainsi cette dernière multiplie-t-elle les attentats. Ce qui a pour effet d'instaurer un climat de terreur. Parmi ceux-ci, le 2 mai, l'attentat à la voiture piégée du port d'embauche des dockers d'Alger sera des plus sanglants, faisant de nombreuses victimes parmi les musulmans présents en ce lieu. Le lendemain, c'est un camion-citerne qui explose sur les hauteurs de la Casbah. Quelques jours plus tard, c'est au FLN de répliquer, s'en prenant à des bars réputés comme étant fréquentés par des membres de l'OAS. Ce qui, en retour, entraîna les inévitables représailles de ces derniers.
Quotidienne, massive, cette surenchère a pour effet d'accélérer le départ des Européens et, par conséquent, de déjouer les projets de l'OAS. Mi-mai, une rencontre entre FLN et OAS est donc envisagée. Après une série de négociations, elle se déroule le 15 juin. Une trêve en résulte ; elle est assortie d'une amnistie pour les personnes concernées. Les modalités de l'application de celle-ci seront annoncées, le 17 juin, via les canaux respectifs du FLN et de l'OAS. C'est Jean-Jacques Susini – l'un des fondateurs de l'OAS – qui, pour ce mouvement, lit le communiqué sur une radio dédiée. Côté FLN, c'est Chawki Mostefaï – conseiller du président de l'Exécutif provisoire Abderrhamane Farès – qui se charge de l'annonce.
Si les images des attentats traduisent la réalité de la violence, elles sont assorties d'un discours tranché sur les responsabilités et cèdent à une forme d'angélisme. En effet, elles laissent entrevoir – même timidement – une issue favorable aux événements, musulmans et Européens pouvant être conduits à collaborer pour faire face à une situation de crise.
Pour autant, c'est des auteurs des attentats que viendra la sortie de crise, les responsables politiques étant impuissants face à l'escalade dont ont été victimes les populations. Or, en mai 1962, rien encore ne peut laisser présager d'une telle perspective.