Arrestation de Fernand Iveton [muet]

17 novembre 1956
01m 42s
Réf. 00001

Notice

Résumé :

[Document muet] Arrestation, le 14 novembre 1956, de Fernand Iveton, militant du Parti communiste algérien, qui a posé une bombe à retardement dans l'usine Hamma Gaz à Alger.

Date de diffusion :
17 novembre 1956
Source :
ORTF (Collection: JT 20H )
Personnalité(s) :
Lieux :

Éclairage

Né le 12 juin 1926, Fernand Iveton est mort guillotiné le 11 février 1957 à Alger, dans la cour de la prison Barberousse. Le 14 novembre 1956, il avait prévu de déposer une bombe à l'usine de gaz du Hamma où il était ouvrier tourneur. Or, celle-ci n'a jamais explosé car, programmée pour une explosion à 19 h 30, la bombe avait été désamorcée avant même d'avoir été placée au bon endroit. En effet, ayant entendu, depuis le casier de Fernand Iveton installé dans le vestiaire de l'usine, un tic-tac pouvant ressembler à celui d'une bombe, un ouvrier avait prévenu la police qui avait arrêté le suspect en milieu d'après-midi.

Avec deux autres de ses compagnons, Mohamed Ouenouri et Mohamed Lakhnèche, Fernand Iveton fut condamné à mort 11 jours plus tard, le 25 novembre 1956, en application du décret n°56-269 qui prévoyait « la traduction directe sans instruction préalable devant un Tribunal permanent des Forces armées des individus pris en flagrant délit de participation à une action contre les personnes ou les biens ». Par la suite, son recours en grâce fut refusé par le président de la République de l'époque – René Coty – mais aussi par le Garde des Sceaux d'alors, François Mitterrand.

Militant au sein de l'aile militaire du Parti – interdit – communiste algérien, les Combattants de la Libération, Fernand Iveton est le seul militant européen du FLN à avoir été exécuté pendant la guerre d'Algérie. Ceci sans avoir fait aucune victime ni aucun dégât matériel. Un mort pour l'exemple donc.

La séquence consacrée à l'arrestation de Fernand Iveton est prudente quant à la description des faits. Une attitude pouvant s'expliquer par un contexte télévisuel particulier. En effet, en cette fin d'année 1956, le journal télévisé a connu quelques difficultés à se stabiliser. Des journalistes venus de la radio ont rejoint la rédaction et certains semblent déplaire au secrétaire d'État à l'Information de l'époque, Gérard Jacquet (SFIO).

Ce qui confirme une tendance perceptible au cours de cette période : l'intérêt du monde politique pour la télévision s'accentue, provoquant des velléités de contrôle à son égard. Avec cette conséquence : le 1er juin 1956, le JT est placé sous l'autorité du directeur des informations et détaché de la direction des programmes. Tensions et ajustements résulteront donc de cette disposition, les journalistes évitant de traiter des sujets pouvant s'avérer dérangeants.

En ce qui concerne l'affaire Iveton, place est donnée à la démonstration des faits. L'ouvrier ayant entendu le tic-tac de la bombe "Betty" rejoue devant la caméra la scène au cours de laquelle il aurait conduit les policiers jusqu'au casier de Fernand Iveton. Ainsi le reportage livre-t-il aux téléspectateurs les preuves de la culpabilité de ce dernier, les préparant de fait à la sanction qui suivra.

Béatrice Fleury