Départ du général Jacquot de Saïgon
Notice
Le Haut commandement français en Indochine est dissous ; le Général Pierre Jacquot, commandant en chef en Indochine, rentre en France.
Éclairage
Le 21 juillet 1954 est signée la conférence de Genève qui scelle le sort de l'Indochine et notamment le découpage du Vietnam en deux territoires de part et d'autre du 17e parallèle : au Nord, la République Démocratique du Vietnam (RDV) d'obédience communiste, entité fondée par Ho Chi Minh dès le 2 septembre 1945 (jour de la signature de la capitulation sans condition du Japon) ; au Sud, la République du Vietnam, avec à sa tête Bao Dai, dernier empereur d'Annam, puis, après un putsch, son Premier Ministre, Ngo Dinh Diem, devenu le nouvel homme fort des Américains dans le Sud-Est asiatique.
Si les accords de paix datent de l'été 1954, leur mise en œuvre est, en revanche, graduelle. Fin 1955, la France, représentée par les généraux Cogny et Vanuxem, évacue le Nord du pays (ex-Tonkin) pour laisser place aux forces vietminh. Avril 1956, c'est au tour du général Jacquot et ses hommes de quitter le Sud (ex-Cochinchine).
Comme on le voit sur ces images, ce départ s'organise dans une relative décontraction. Le sujet des Actualités insiste largement sur les mondanités qui précèdent le retour en France, notamment la remise de décoration par Diem au général Jacquot et le cocktail qui suit. Le reste du sujet se concentre sur un général Jacquot détendu, saluant ses troupes avant d'embarquer. Quelques plans en plongée depuis le pont, pour mieux inscrire la montée du général dans une vue d'ensemble du quai, montrent le général montant la passerelle du paquebot, un drapeau français flottant dans son sillage alors que les troupes sont au garde-à-vous à l'arrière-plan. Le commentaire ponctue ces images d'un laconique « son départ marque la dissolution du Haut-Commandement français en Indochine », tandis que résonnent les derniers accords d'une accompagnement musical typique et solennel, à la manière d'un happy end sonore.
Outre la mise en scène « festive » orchestrée par le montage audiovisuel, ces images sont d'autant plus marquantes qu'elles contrastent avec celles plus largement restées en mémoire, de la noria d'hélicoptères décollant dans la panique générale du toit de l'ambassade américaine au moment de la chute de Saïgon en 1975, quasiment 29 ans jour pour jour plus tard, au terme de la seconde guerre d'Indochine, la guerre du Vietnam opposant les Etats-Unis au Viet cong.