Harkas dans le secteur de Collo [muet]
Notice
Ce film réalisé par l'armée rend compte des opérations menées par des troupes supplétives algériennes ou harkis.
Éclairage
Après le déclenchement de l'insurrection, l'armée française procède au recrutement de troupes supplétives en Algérie. Cinq catégories de formation civiles sont mises en place pour contribuer au « maintien de l'ordre » : les goumiers des groupes mobiles de police rurale transformés en groupes mobiles de sécurité (GMS), les mokhaznis chargés de la protection des Sections administratives spécialisées (SAS), les gardiens des unités territoriales, les groupes d'autodéfense (GAD) et enfin les harkis, formant des harkas (unités en mouvement), salariés embauchés localement à la journée puis au mois. Le terme harkis désigne ensuite, après l'indépendance et leur rapatriement en France, l'ensemble des supplétifs algériens. Ils représentent au total 250 000 personnes sur la durée de la guerre d'Algérie (cf Fatima Besnaci-Lancou, Abderahmen Moumen, Les harkis, Paris, éd. Le Cavalier bleu, collection Idées reçues, 2008).
Ce film réalisé par l'armée se présente sous forme de reportage sur une harka évoluant dans le secteur de Collo, une petite ville portuaire du nord-est de l'Algérie, à environ 120 kilomètres au nord de Constantine. La mission assignée à ces harkis, dont on remarque ici le jeune âge, est de contribuer à la « pacification » sous la direction de militaires français, après avoir reçu un entraînement. D'une part, ils participent aux opérations militaires proprement dites : ratissages, patrouilles, quadrillage... D'autre part, ils contribuent au contrôle des populations civiles, essentiellement dans la politique de regroupements, comme on peut le voir à l'image.
À la fin du conflit, après leur démobilisation et leur désarmement, les représailles et massacres à l'encontre des harkis débutent dès le mois d'avril 1962 et s'intensifient durant l'été. Le nombre de victimes est difficile à établir, les chiffres avancés allant de 10 000 à 150 000 morts. Malgré la tragédie en cours, le gouvernement ne met aucune mesure en œuvre. Un plan de transfert destiné aux harkis « très engagés » et directement menacés est finalement mis en place, mais il demeure très limité. Les pouvoirs publics découragent même fortement toute arrivée en France. Le ministre d'État Louis Joxe, dans un télégramme en date du 16 mai 1962, indique que « toutes les initiatives individuelles tendant à l'installation en métropole des Français musulmans sont strictement interdites ». Le rapatriement des harkis a donc lieu clandestinement, parfois selon des initiatives personnelles de leurs responsables militaires. Ils sont déjà 10 000 réfugiés en France en juin 1962, rapidement rejoints par beaucoup d'autres. Ils vivront dans des conditions très précaires dans des camps de transit.