Pour nos soldats musulmans
Notice
Présentation de la « Maison du soldat blessé musulman » d'Alger, où sont soignés les soldats maghrébins de l'armée française.
Éclairage
Les soldats « musulmans » (comme on les appelle alors), qu'ils viennent d'Algérie, de Tunisie ou du Maroc, ont largement participé à la libération du territoire français. Ils participent encore, au moment de la diffusion de ce sujet des Actualités françaises en mars 1945, aux combats qui font rage en Europe et ne prendront fin que le 8 mai avec la capitulation de l'Allemagne. Mais le 8 mai 1945 sera aussi marqué, en Algérie, par des soulèvements indépendantistes suivis par une répression aveugle dans la région de Sétif, faisant des milliers de morts algériens. Ainsi, on note la difficile reconnaissance des désirs d'indépendance au sein des populations colonisées ayant participé à l'effort de guerre, qui se prolongeront pendant presque dix ans jusqu'à la guerre d'Algérie (1954-1962).
Le document présenté est un court sujet d'un peu plus d'une minute des Actualités françaises du 9 mars 1945, filmé à l'occasion de la « journée du blessé musulman », organisée le 25 février 1945 par le service de santé et le service social de l'armée. Son but est de mettre en valeur l'action de la France envers les soldats nord-africains qui se sont battus dans l'armée française. Ces « soldats de l'Empire » (une dénomination employée sous Vichy, et qui intègre les soldats africains) sont donc présentés comme des êtres souffrants ou mutilés, la France valorisant dans ces actualités d'Etat la reconnaissance du sacrifice de « ses enfants venus de tous les points du globe et de toutes les civilisations ». Ce sont ici les seuls « musulmans » qui sont à l'honneur, avec « les traditions qui leur sont familières » ; et la musique arabisante, calme et rythmée, va dans le sens de cette reconnaissance de dette envers la civilisation orientale, qui passe par la mise à disposition d'un magnifique bâtiment sur les hauteurs d'Alger. Le sujet met également en scène une religieuse catholique faisant la quête pour les blessés, dans un esprit d'ouverture interreligieuse. « Il n'y a plus dans l'Empire que des hommes qui se battent, et un peuple immense qui leur marque sa reconnaissance », entend-on sur des plans des donateurs aux « mains de toutes les couleurs ». C'est donc avant tout la communion de la France et de son empire colonial que présente le sujet, entre obligation militaire et hommage national, avec le gouverneur général de l'Algérie Yves Chataigneau saluant « ces troupes africaines qui, en combattant dans l'armée française, défendent aussi leur sol natal ». D'autres sujets d'actualité et courts métrages mettront en avant ces soldats à la fin des années 1940 et au début des années 1950.