Ouverture de l'usine Sony à Pontonx
Notice
A Pontonx, l'usine Sony spécialisée dans la fabrication de cassettes vidéo vient d'ouvrir. Parfaitement inscrite dans la politique industrielle du groupe, elle emploie pour l'heure 200 personnes ; le management des équipes reposant sur la responsabilité individuelle et la communication.
Éclairage
Sony : du choix du site au management à la japonaise et à son application dans une usine française
1984, une usine industrielle et de plus japonaise à Pontonx-sur-l'Adour : c'est parti !
Ce document de France 3 rappelle les conditions de mise en place de cette unité industrielle dans les Landes (un investissement de 200 millions de francs à la charge des collectivités locales, commune et département, la société japonaise Sony devenant propriétaire après quinze ans de loyers), et l'impact positif sur le bassin d'emploi, même si sur les 3 000 demandes reçues par l'usine, seulement 200 ont été retenues dans un premier temps, mais à moyenne échéance l'entreprise devrait compter plus de 500 salariés.
La politique industrielle de Sony qui amène le groupe à créer ses usines près des marchés, et les conditions financières d‘implantation particulièrement avantageuses suffisent certainement à expliquer pourquoi la société japonaise a choisi cette région agricole pour développer son activité industrielle. Mais peut-être peut-on penser qu'il y a d'autres raisons à ce choix : le charme incontestable du cadre forestier du village... ou la supposée faiblesse de sa culture industrielle et syndicale ?
Ces images attirent l'attention sur les principes généraux de fonctionnement de cette entreprise japonaise et en particulier la gestion des ressources humaines.
La qualité de la production est prépondérante et doit correspondre aux besoins des clients. Pour éviter une concentration particulaire susceptible de dégrader les produits, toutes les opérations concernant la bande magnétique sont réalisées dans des ateliers "salles blanches" qui minimisent l'introduction, la génération et la rétention de particules à l'intérieur. Toute personne devant y pénétrer, ouvrier, cadre, visiteur, doit revêtir une combinaison intégrale (que l'on voit blanche dans le reportage) et doit passer par un sas muni de douches à air.
Les opérateurs sont au début payés 5% au dessus de la moyenne ; l'augmentation générale annuelle des salaires ne parviendra pas à conserver cet avantage pour les employés au bas de l'échelle. Cependant les primes liées au travail en "trois huit" (ou plus tard en "feu continu" dans la deuxième unité) permettent de majorer significativement les revenus des ouvriers.
Si les postes de responsables techniques sont systématiquement doublés par des cadres venus du Japon - on parle de transfert de technologies - le management reste Français. Mais l'entreprise se veut différente, basée sur la responsabilité individuelle, favorisant en principe la communication et le dialogue à travers de nombreuses réunions. En particulier, tous les deux mois, des réunions dites "d'information", ont pour but de renseigner l'ensemble du personnel sur l'évolution de la société (résultats de production, bilan financier, ressources humaines, perspectives...). La culture d'entreprise japonaise reste présente, axée sur le fait que l'employé est membre d'une communauté et que l'esprit de groupe l'emporte sur l'individualisme, dans le respect de l'autorité et de la hiérarchie. Des "cercles de qualité" initiés au Japon au début de la deuxième moitié du vingtième siècle apparaîtront pendant quelques années sur les sites de Pontonx et de Bayonne. Ils ont pour buts l'amélioration de la qualité, de la sécurité et de la productivité et la diminution du gaspillage en activant la dynamique de groupe et en accroissant la satisfaction dans le travail. Au Japon, le salarié est même sensé rester au sein de l'entreprise toute une vie.
Il semble donc clair que dans un tel esprit, tout se passera définitivement bien, qu'aucun syndicat n'est nécessaire, et d'ailleurs il n'y en a pas eu à Pontonx pendant de nombreuses années... La suite prouva le contraire.