Ouverture de l'usine Sony à Pontonx

26 septembre 1984
02m 42s
Réf. 00202

Notice

Résumé :

A Pontonx, l'usine Sony spécialisée dans la fabrication de cassettes vidéo vient d'ouvrir. Parfaitement inscrite dans la politique industrielle du groupe, elle emploie pour l'heure 200 personnes ; le management des équipes reposant sur la responsabilité individuelle et la communication.

Date de diffusion :
26 septembre 1984
Source :

Éclairage

Sony : du choix du site au management à la japonaise et à son application dans une usine française

1984, une usine industrielle et de plus japonaise à Pontonx-sur-l'Adour : c'est parti !

Ce document de France 3 rappelle les conditions de mise en place de cette unité industrielle dans les Landes (un investissement de 200 millions de francs à la charge des collectivités locales, commune et département, la société japonaise Sony devenant propriétaire après quinze ans de loyers), et l'impact positif sur le bassin d'emploi, même si sur les 3 000 demandes reçues par l'usine, seulement 200 ont été retenues dans un premier temps, mais à moyenne échéance l'entreprise devrait compter plus de 500 salariés.

La politique industrielle de Sony qui amène le groupe à créer ses usines près des marchés, et les conditions financières d‘implantation particulièrement avantageuses suffisent certainement à expliquer pourquoi la société japonaise a choisi cette région agricole pour développer son activité industrielle. Mais peut-être peut-on penser qu'il y a d'autres raisons à ce choix : le charme incontestable du cadre forestier du village... ou la supposée faiblesse de sa culture industrielle et syndicale ?

Ces images attirent l'attention sur les principes généraux de fonctionnement de cette entreprise japonaise et en particulier la gestion des ressources humaines.

La qualité de la production est prépondérante et doit correspondre aux besoins des clients. Pour éviter une concentration particulaire susceptible de dégrader les produits, toutes les opérations concernant la bande magnétique sont réalisées dans des ateliers "salles blanches" qui minimisent l'introduction, la génération et la rétention de particules à l'intérieur. Toute personne devant y pénétrer, ouvrier, cadre, visiteur, doit revêtir une combinaison intégrale (que l'on voit blanche dans le reportage) et doit passer par un sas muni de douches à air.

Les opérateurs sont au début payés 5% au dessus de la moyenne ; l'augmentation générale annuelle des salaires ne parviendra pas à conserver cet avantage pour les employés au bas de l'échelle. Cependant les primes liées au travail en "trois huit" (ou plus tard en "feu continu" dans la deuxième unité) permettent de majorer significativement les revenus des ouvriers.

Si les postes de responsables techniques sont systématiquement doublés par des cadres venus du Japon - on parle de transfert de technologies - le management reste Français. Mais l'entreprise se veut différente, basée sur la responsabilité individuelle, favorisant en principe la communication et le dialogue à travers de nombreuses réunions. En particulier, tous les deux mois, des réunions dites "d'information", ont pour but de renseigner l'ensemble du personnel sur l'évolution de la société (résultats de production, bilan financier, ressources humaines, perspectives...). La culture d'entreprise japonaise reste présente, axée sur le fait que l'employé est membre d'une communauté et que l'esprit de groupe l'emporte sur l'individualisme, dans le respect de l'autorité et de la hiérarchie. Des "cercles de qualité" initiés au Japon au début de la deuxième moitié du vingtième siècle apparaîtront pendant quelques années sur les sites de Pontonx et de Bayonne. Ils ont pour buts l'amélioration de la qualité, de la sécurité et de la productivité et la diminution du gaspillage en activant la dynamique de groupe et en accroissant la satisfaction dans le travail. Au Japon, le salarié est même sensé rester au sein de l'entreprise toute une vie.

Il semble donc clair que dans un tel esprit, tout se passera définitivement bien, qu'aucun syndicat n'est nécessaire, et d'ailleurs il n'y en a pas eu à Pontonx pendant de nombreuses années... La suite prouva le contraire.

Claude Garin

Transcription

Journaliste
Ici à Pontonx, la production sera annuellement de 9 000 000 de cassettes vidéo, tout format, destinée à 90% à l’exportation. Le personnel a été entièrement recruté dans un rayon de 15 km autour de Pontonx, 3 000 demandes ont été étudiées, 200 ont été retenues, 500 d’ici à trois ans. Salaire proposé 5% au dessus de la moyenne. L’usine a été construite par le département des Landes, celui-ci la loue à Sony qui en sera propriétaire dans 15 ans, son coût, 200 000 000 de francs.
Yves Ragougneau
La politique industrielle de Sony à travers le monde est d’avoir ses usines là où nous avons nos marchés, c'est-à-dire pour l’essentiel, au Japon bien sûr mais aussi aux Etats-Unis et en Europe. La France est l’un des grands marchés européens, il était tout à fait naturel que nous ayons une usine et maintenant deux en France.
Journaliste
Ces investissements, ils profitent à Sony ou ils profitent aussi à la France par l’intermédiaire des exportations ?
Yves Ragougneau
Bien entendu, ils profitent à Sony sinon nous ne les ferions pas, nous avons besoin de ces usines pour alimenter le marché commercial. Mais bien entendu aussi ils profitent à la France car une très grande partie de l’investissement qui a été fait à Bayonne et qui maintenant est fait à Pontonx est financé par des augmentations de capital en provenance du Japon. Donc ce sont les Japonais qui, dans la balance des paiements, envoient des dizaines, des centaines de millions de francs pour financer ces investissements, donc ces investissements étrangers en termes de balance de paiement sont très bénéfiques à la France.
Journaliste
Chez Sony comme à Bayonne, on ne travaille pas à la japonaise, mais on y pratique cependant une autre politique du personnel. Une politique qui repose sur 2 points, la responsabilité individuelle à tous les niveaux et la communication au sein de l’entreprise. D’ailleurs l’aptitude à communiquer est un critère déterminant dans le recrutement du personnel, le tout doit contribuer à l’instauration d’un état d’esprit différent au sein de l’entreprise.
Pierre Samat
Mais la communication elle s’applique à tous les niveaux, il y a une façon formelle d’abord des réunions qui sont instituées, des réunions d’information, des réunions de tout le personnel, des réunions des cadres, des réunions techniques. Et en plus dans chaque atelier, dans chaque secteur de la production, il y a des réunions de secteurs qui sont faites pour permettre à chacun de participer à la production et à la gestion de l'établissement.
Journaliste
L’usine Sony de Pontonx est aujourd’hui la deuxième du groupe en France. Pontonx à 60 km de Bayonne, à la fois pas trop loin pour permettre des relations étroites entre chaque unité et pas trop près pour laisser à chacune son autonomie de fonctionnement. En évitant une seule usine trop importante, Sony veut toujours produire dans des entreprises à taille humaine et le cadre des Landes s’y prêtait à merveille.