Fin de l'extraction du lignite à la centrale d'Arjuzanx
Notice
L'extraction de lignite a cessé à la centrale d'Arjuzanx, après plus de 30 ans d'activité. Un plan de redéploiement des 140 agents EDF a été envisagé. Quant au site, les 2700 hectares de friches industrielles seront, à terme, reconvertis en réserve naturelle et lieu touristique.
Éclairage
Après 32 ans d'activité, le site de la centrale thermique d'Arjuzanx va être démantelé. On y a pourtant extrait 30 millions de tonnes de "charbon de terre" dont un cadre, dûment protégé par son casque de chantier, tient un petit bloc noirâtre. Les souvenirs reviennent pour cet agent de maîtrise EDF, un peu carrier ou mineur par son travail mais "électricien" par sa fonction et sans doute l'état d'esprit ; celui de ceux qui sont passés par les centres d'apprentissage ou écoles de formation professionnelle de la grande entreprise nationalisée et ont pris des responsabilités.
Mais les temps ont changé. On est à l'époque du "presque tout nucléaire" ; les centrales thermiques, qui plus est au lignite ! renverraient presque à l'aube de la deuxième révolution industrielle...
La "grande maison" toutefois, où le taux de syndicalisation est encore largement élevé, ne liquide cependant pas brutalement ses employés, même si, en ce début des années 1990, on commence à entendre parler de la fameuse mondialisation et de ses conséquences sociales. Dès lors, EDF et le directeur, Philippe Subra, missionné pour la fermeture et la reconversion du site d'Arjuzanx, ont à cœur de laisser un relatif bon souvenir de cette phase délicate de la désindustrialisation en plein cœur des Landes.
Les plus anciens des agents partent à la retraite ou bénéficient des mesures alors courantes de mise en préretraite, dans un contexte assez généralisé de "traitement social du chômage". Les plus jeunes sont réaffectés sur d'autres sites de production électrique (dans une hydrocentrale pyrénéenne peut-être ou dans les centrales nucléaires du Blayais ou de Golfech), ou bien se reconvertissent dans les services de distribution (entretien et surveillance du réseau, dépannage...).
Au-delà du démantèlement de l'usine elle-même, de ses hautes cheminées et de ses non moins grandes tours de refroidissement, que va-t-on faire du gigantesque site d'extraction de lignite ? Ses 2700 hectares ont été largement bouleversés par trois décennies de dégagement et déplacement des sables argileux. Les responsables d'EDF ne veulent pas laisser une friche industrielle à l'état brut. Ils ont déjà engagé une action assez remarquable de réhabilitation des zones d'excavation : travaux d'hydraulique, remodelage des rives des plans d'eau, revégétalisation de l'ensemble. Une nouvelle vocation s'esquisse pour Arjuzanx, pays natal du photographe Ferdinand Bernède (1869-1966) qui fut parmi les premiers, à la Belle Époque, à se lancer dans l'édition de cartes postales "folkloriques" : le village va se retrouver nanti d'une immense réserve naturelle, alliant boisements et plans d'eau évidemment très favorables à la faune et à la flore. Il est même question de centre nautique et de golf... Un autre destin après le temps des pylônes aériens et du départ des lignes à haute tension.