La mine de lignite d'Arjuzanx
Notice
Sur le site d'Arjuzanx, l'entreprise EDF exploite, depuis plus de 10 ans, le gisement de lignite le plus important de France. 8500 tonnes sont extraites quotidiennement pour alimenter les chaudières de la centrale thermique. Présentation des moyens mis en œuvre pour l'extraction du charbon de terre et rencontre avec le directeur de la centrale, monsieur Turpin.
Éclairage
C'est à compter de 1958 que, dans le secteur d'Arjuzanx, canton de Morcenx, est programmée la mise en exploitation par EDF de l'important gisement de lignite [1] pour alimenter une centrale thermique. Ce charbon de terre, certes de moindre qualité que la houille, est fort précieux tout de même dans le contexte économique d'une France avide de consommation d'électricité qui est cependant de plus en plus assurée par les thermocentrales brûlant des hydrocarbures en cette époque du "tout pétrole". Le lignite a été repéré dans les Landes de Gascogne dès les années 1925-1929, si bien que le gisement d'Hostens, au sud de la Gironde, est exploité de 1930 à 1959, au départ avec du matériel allemand acheminé de Sarre au titre des réparations imposées par le Traité de Versailles.
Dans les Landes, le petit pays du Brassenx est bouleversé par l'immense excavation qui progresse de part et d'autre de la route départementale n°38 filant de Morcenx vers Mont-de-Marsan. Entre les confins de Villenave et Beylongue au sud et les marais du Platiet au nord, de grandes dragues d'extraction, telles d'immenses "sauterelles" mécaniques à jamais rassasiées, dégagent de leurs roues à godets les sables argileux de surface. Ces morts-terrains doivent être enlevés et déplacés [2] afin d'acheminer le brun combustible vers les foyers de l'usine électrique au moyen d'une machinerie complexe de pelleteuses et de tapis-roulants.
Décor, sinon ambiance assurée d'un grand chantier du temps de la Reconstruction [3] et des premiers plans quinquennaux "à la française"... L'ingénieur-directeur de l'entreprise publique donne des chiffres. Les ouvriers, conscients de participer à l'effort national, débordent assurément d'enthousiasme à l'appel de la sirène rythmant la vie de ce grand chantier qui a bouleversé la lande comme en témoigne une saisissante vue aérienne.
En 1964 la puissance installée de la centrale est doublée (250 MW au total). Une dizaine d'années plus tard, les chocs pétroliers de 1973 et 1979 suscitent pour les employés d'EDF, "mineurs" ou techniciens de la production électrique, l'espoir de voir se prolonger l'activité de la centrale ; mais un tournant définitif est pris en mars 1987 avec la décision de programmer la fin de l'activité. De 1959 à 1992, où se clôt la vie de la centrale, 32,5 millions de tonnes de lignite ont été extraits, avec un volume de 200 millions de m3 de morts-terrains.
[1] Ressources minérales du sol et du sous-sol des Landes de Gascogne, Actes du colloque de Brocas, 24-25 mars 2000, Travaux et colloques scientifiques du Parc naturel réginonal des Landes de Gascogne, n°3, 2001.
[2] Dès 1980, EDF s'engage, avec le concours de l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, à réhabiliter de façon exemplaire la très grande friche industrielle qui se profile. Faite de vastes étendues d'eau, c'est désormais une réserve naturelle de 2 600 hectares.
[3] La Reconstruction de la France après la Deuxième Guerre mondiale va, en gros, de 1945 à 1960. Elle se caractérise surtout par la politique interventionniste et très volontariste de l'État ; nationalisations (charbonnages, gaz et électricité notamment), "sécurité sociale" et planification indicative en sont les illustrations les plus significatives.