Manifestation des employés de la centrale d'Arjuzanx à Mont-de-Marsan

06 mai 1985
50s
Réf. 00212

Notice

Résumé :

A l'appel de l'intersyndical CGT-FO, les employés de la centrale d'Arjuzanx manifestent dans les rues de Mont-de-Marsan contre le plan de restructuration envisagé par la direction d'EDF et revendiquent l'exploitation de la "tache b" de Beylongue qui permettrait de pallier l'épuisement du gisement d'Arjuzanx.

Date de diffusion :
06 mai 1985
Source :

Éclairage

En ce mois de mai 1985 on découvre dans les rues du centre administratif de Mont-de-Marsan, aux abords de la préfecture et du Conseil général, les classiques images d'une manifestation syndicale. Elle est essentiellement organisée par la CGT (Confédération générale du travail), dont on voit calicots et affiches appelant au maintien de l'activité - et donc de l'emploi – de la centrale thermique EDF d'Arjuzanx. Un plan du reportage laisse cependant entr'apercevoir une banderole siglée des rouges lettres de FO (Force ouvrière), l'autre centrale syndicale née aux premières années de la Guerre Froide. Mais l'heure n'est pas à la concurrence ni à la surenchère : les  électriciens d'Arjuzanx et de Morcenx, le chef-lieu de canton voisin où résident bon nombre d'agents EDF, sont inquiets. Portant casque blanc "des hommes en bleu", casquette ouvrière ou béret landais identitaire, ils ont revêtu aussi les habits de la colère.

Délaissant pour quelques heures la salle de contrôle de la vieille centrale du Brassenx ou leur poste sur les "sauterelles" métalliques excavant le lignite du sous-sol de la Haute-Lande, ils se mobilisent pour la « tache B ».

Ils veulent conserver leur "outil de travail", ce site de production surgi au milieu de la lande au tournant des années 1960. Ils mettent leur espoir dans la mise en exploitation de milliers d'hectares supplémentaires qui, du côté de Beylongue-Sud, pourraient prolonger l'activité d'Arjuzanx.

Mais les options des décideurs en matière énergétique ne sont justement pas favorables. Les chocs pétroliers des années 1973-1979 ont changé la donne et le choix de l'électricité nucléaire a été largement entériné malgré certaines critiques, au demeurant légitimes, qui n'ont pas pesé lourd dans le débat.

La CGT, dans une tradition "productiviste" rappelant sans doute aux plus anciens la bataille du charbon des années postérieures à 1945, veut encore croire à une "énergie d'avenir"... Les élus du Conseil général, dont l'ancien président a été aussi l'élu de Morcenx [1], entrouvrent la porte aux délégués syndicaux.

Cependant, la fin approche. EDF se désengage, en ayant cependant à cœur d'aider à la reconversion du site industriel. La mine arrête définitivement ses machines le 21 février 1992 et, cinq jours après, la centrale se sépare à jamais du réseau.

[1] Henri Scognamiglio, maire de Morcenx de 1977 à sa disparition en 1982, et également conseiller général de ce canton.

Jean-Jacques Fénié

Transcription

Y. De Solminihac
200 personnes environ ont manifesté dans les rues de Mont-de-Marsan à l’appel de l’intersyndical CGTFO. Selon ces syndicats, on est en train de liquider la centrale thermique d’Arjuzanx ; cette centrale fonctionne actuellement grâce au gisement de lignite qui se trouve à ses pieds. Le gisement devrait être épuisé en 1993 au plus tard mais les syndicats affirment qu’EDF a déjà condamné la centrale en supprimant une centaine de postes d’ici la fin de l’année. Les manifestants ont donc demandé à rencontrer aujourd’hui le président du Conseil général des Landes, monsieur Emmanuelli a réaffirmé qu’il était favorable à l’exploitation de la tache B, un autre gisement qui pourrait prolonger la vie de la centrale thermique, mais qu’il ne pouvait pas inverser à lui seul le cours des choses ; un conflit qui concerne actuellement 600 emplois.