Les croûtes aux cèpes
Notice
Raymond Oliver, assisté par Catherine Langeais, prépare des croûtes aux cèpes, une spécialité landaise.
Éclairage
Raymond Oliver (1909-1990), natif de la ville de Langon en Gironde restera un des très grands chefs de la tradition française. Outre la création du célèbre Grand Véfour à Paris, sa reconnaissance par le Guide Michelin (3 étoiles) comme nombre de ses confrères originaires du Sud-Ouest, il lance et anime la première émission de cuisine à la télévision dans les années 1960.
La recette de la croûte aux cèpes est identifiée comme landaise par Raymond Oliver, qu'il honore ainsi de la meilleure façon. Les variétés de bolets dont les cèpes dits de Bordeaux et les cèpes des pins constituent des bases de la gastronomie landaise, associés à d'autres produits emblématiques comme les volailles ou les viandes.
Selon la tradition de plusieurs régions, la famille des croûtes aux champignons désigne généralement des préparations à base de pain servant de supports de présentation. Le choix du pain dépend du contexte de la préparation culinaire, ici une cuisine citadine de chef qui utilise du pain "formé". Habituellement, ce sont de bonnes grosses tranches de pain de campagne qui étaient désignées justement comme croûtes.
C'est bien le cèpe qui est servi dans cette préparation qui met à l'honneur le "prince" de forêts landaises. L'épluchage, la découpe, le mode de cuisson, l'assaisonnement témoigne d'un véritable respect de ce produit naturel rare et envié ; il ne faut rien perdre de sa précieuse chair (les têtes restent entières, les pieds sont hachés) et n'est généralement associé qu'à d'autres produits dignes de lui comme les palombes, les canards, les sauces fines...
Les croûtes aux cèpes désignent une recette de la plus grande simplicité, dans la mesure où le champignon, à l'exception d'un ajout d'ail et de persil – ce n'est parfois même pas le cas – est en réalité présentés sur des morceaux de pain découpés à la forme, servant plus de support que d'accompagnement.
Les gestes de ce grand chef, aux côtés de la célèbre présentatrice que fut Catherine Langeais, témoignent d'un grand respect du produit, et le fait de faire référence aux Landes est une manière d'honorer un terroir qui offre nombre de richesses gustatives issues de la nature même.
L'image des Landes est souvent associée à des référents gastronomiques très qualitatifs (produits, noms de grands chefs) qui trouvent sans doute leur origine dans ce savant dosage entre produits de la nature comme les bolets et savoir-faire de tradition comme le foie gras.
Bibliographie générale :
- BARREAU Jacques, Les Hommes et leurs aliments. Esquisse d'une histoire écologique et ethnologique de l'alimentation humaine, Paris : Messidor/Temps Actuels, 1983, 381 p.
- COURTINE, Robert Jullien, La cuisine des terroirs. Traditions et recettes culinaires de nos provinces, Lyon : La Manufacture, 1994, 575 p.
- FLANDRIN, Jean-Louis et MONTANARI, Massimo (dir.), Histoire de l'alimentation, Paris : Fayard, 1996, 919 p.
- MONTAGNE, Prosper, Larousse Gastronomique, Paris : Larousse, 1938, 1088 p.
- TOUSSAINT-SAMAT, Maguelonne, Histoire naturelle et morale de la nourriture, Paris : Bordas, 1987, 592 p.
Bibliographie spécifique :
- CLAUSTRES, Francine, La cuisine landaise, Bordeaux : éditions Sud-Ouest, 1996, 128 p.
- CNAC (Centre National des Arts Culinaires), L'inventaire du patrimoine gastronomique, Aquitaine, Paris : Albin Michel, 1997, 322 p.
- CONSTANS, Rémy, Gastronomie gasconne à la Belle Epoque, Bon-Encontre : Association de Livres en Livres, 1998, 108 p.
- CORTY-CAPDEVILLE, Claudie, Manuel de cuisine de Gascogne, Bayonne : Jean Curutchet / éditions Hariette, 1994, 228 p.
- La cuisinière de la campagne et de la ville ou nouvelle cuisine économique, 63ème édition, Paris : Librairie Audot, 1885, 701 p.
- MANCIET Bernard, Le cuisinier landais, Bordeaux : éditions Confluences, 2001, 255 p. (comprenant le recueil du célèbre texte de la fin du 19ème)
- Dictionnaire consulté pour le gascon : Simin Palay, éditions du CNRS, 1974.