Concours de foies gras dans les Landes
Notice
Les marchés de Dax et d'Aire-sur-l'Adour accueillent, en ce mois de janvier 1968, les concours de foie gras. Les lauréats, parmi les producteurs de foies d'oies et de canards, reçoivent leurs récompenses des mains des maires des deux communes, monsieur Moras à Dax et monsieur Darblade à Aire-sur-l'Adour.
Éclairage
Survivance du passé ou facteur de promotion ?
Les concours de foie gras, tels qu'ils se pratiquaient encore dans la décennie 1960, semblent relever autant du folklore au sens de "langage du peuple", que d'un concours de beauté ; mais il n'en est sans doute rien. Issus directement des Comices Agricoles du Second Empire et de la III° République, les concours de foie gras de canard, de foie gras d'oie, de canards gras et d'oies grasses étaient organisés par les municipalités, les Syndicats d'Initiatives ou les Associations de Commerçants, dans toutes les petites villes où ont lieu des marchés hebdomadaires.
Le rite était immuable : les foies, bien rangés dans des paniers en osier et recouverts par une serviette, ne se découvraient que devant le jury, afin de garder le mystère du nombre et de la qualité des produits. C'était toujours aux femmes que revenait l'honneur de la parade. Elles avaient été à la peine, depuis la naissance des canetons ou oisons, jusqu'au gavage, en passant par l'élevage, le sacrifice et l'éviscération, il était naturel qu'elles soient flattées par les regards posés sur elles, espérant secrètement être parmi les lauréates et recevoir le prix de Monsieur le Maire. Monsieur Max Moras, député-maire de Dax, parfois accompagné de Monsieur le Sous-préfet en personne, se fait un devoir et un plaisir de serrer les mains, encourager les malchanceuses et donner rendez-vous à l'an prochain à toutes.
L'exercice prend l'allure d'une manifestation de prestige pour la ville ou le chef-lieu de canton; la publicité qui l'accompagne dans la presse avec photo, est moins futile qu'il n'y paraît. Le prestige pour l'organisateur est bien réel : se vanter de pouvoir aligner 1500 oies grasses au concours à Aire sur l'Adour, c'est s'assurer de consolider sa place de capitale du foie gras. Le retentissement devient national avec l'arrivée des Actualités Télévisées. Pour les paysannes, souvent laissées pour compte dans l'exercice de leur quotidien, il s'agit là d'une reconnaissance publique d'un savoir-faire qu'elles ne sont pas nombreuses à maîtriser.
Facteur de promotion ? Bien entendu. La meilleure preuve en est, le succès des récompenses distribuées aux vins primés lors des foires-expositions aux quatre coins de l'hexagone. En l'an 2000, les concours de "gras" ne sont pas en reste, tant au Salon de l'Agriculture à Paris une fois l'an, ou dans les Landes, à l'occasion de Foie Gras Expo à Mont de Marsan ou pour la Fête du canard à Saint Sever. Les concours de foie gras ont, de nos jours, un grand succès. Afficher son palmarès, surtout quand il est glorieux est à la fois la récompense d'un trophée qui s'apparente à une œuvre d'art et un tremplin de promotion reconnu et efficace.