Le projet d'éco-hameau de Garein
Notice
A Garein, la municipalité vient de lancer un projet de construction d'un hameau écologique constitué d'une dizaine de maisons en bois et s'inspirant des airiaux landais tant au niveau de l'architecture des maisons d'habitation qu'au niveau de l'aménagement de l'espace.
Éclairage
Garein est un petit bourg situé sur l'axe Bordeaux - Mont-de-Marsan, dans une lande marécageuse séparant les bassins versants de la Leyre et de l'Adour. On ne sait pas grand-chose du passé de la paroisse dont il n'est fait mention qu'au XIIe siècle à travers l'évocation des "seigneurs de Garein".
La commune vit, comme tant d'autres, des produits de la résine, au XIXe et dans la première moitié du XXe siècle. Mais elle s'assoupit ensuite jusqu'aux années 1990 où, sous l'impulsion d'une politique locale dynamique, novatrice et ouverte aux techniques nouvelles, elle se métamorphose.
Les maisons anciennes à colombages qui ourlent la route sont restaurées, la vieille auberge revit, l'église gothique Saint-Jacques, fortifiée et classée monument historique, est restaurée. Les "floralies" du 1er mai connaissent un succès croissant dans le vallon de verdure qui enserre le chœur de la vieille bâtisse où l'on a mis au jour des peintures murales de la fin du XIIIe siècle. Des chemins de randonnée sont aménagés pour découvrir la source du Geloux.
En 2005, au cœur du village, on restaure aussi harmonieusement une maison du XVIIIe siècle, désormais vouée à la découverte pédagogique de la sylviculture : c'est Graine de Forêt qui promeut la forêt landaise, le pinhadar. "Grâce à l'homme la forêt fabrique du bois", tel est le fil rouge de cet espace ludique et pédagogique inter-actif, conçu pour collégiens et lycéens, mais qui s'inscrit dans le cadre plus large d'un tourisme industriel. De la loi de 1857 initiant le boisement systématique des Landes de Gascogne à la forêt de production, de la graine à la coupe rase, tout est clairement expliqué. Marcher en forêt pour observer et comprendre les paysages, semer soi-même une graine de pin maritime, voilà ce qui est proposé dans ce parcours original fait aussi pour découvrir les métiers du bois.
De la graine de pin à la maison de bois : bientôt germe l'idée d'un "éco hameau" dans le cadre d'aménagements inscrits dans le développement durable. La commune, dirigée par son maire Philippe Sartre, présente ainsi un projet d'urbanisme original utilisant les recettes du passé et mettant à profit les fruits des dernières recherches en matière de technologie. Le bois de pin maritime est utilisé pour construire une dizaine de maisons en respectant les principes HQE [1] dans un espace qui reprend la forme de l'airial de la Grande Lande : les cheminements (viòts) et espaces publics (portuis) [2] sont traités dans la plus grande simplicité, les dépendances réalisées en bois et les parcelles de grande taille.
Cette expérience-pilote destinée à promouvoir l'identité architecturale landaise, dans le respect des préconisations du Livre blanc [3], émane d'un partenariat entre le Parc naturel régional, le Conseil général et la Région. Une initiative qui permet de renouer avec le bon sens : bien orienter une maison pour optimiser son ensoleillement [4], utiliser des matériaux naturels et locaux, créer un espace de vie simple et agréable embelli par une végétation autochtone en parfaite adéquation avec le milieu.
[1] Haute qualité environnementale.
[2] Mots gascons correspondant précisément à l'espace libre situé sur l'airial, traversé par un réseau de petits chemins empruntés par les hommes et le bétail.
[3] Édité en 2005, le Livre blanc est une publication du Parc naturel des Landes de Gascogne qui explique comment restaurer et réhabiliter un patrimoine bâti dans le respect des usages locaux ; il montre aussi les erreurs grossières à éviter et constitue une référence pour la réalisation des documents d'urbanisme sur le territoire.
[4] L'ethnologue Félix Arnaudin souligne l'importance de cette opération préalable à la construction des maisons et des "parcs" destinés à abriter les troupeaux. Il insiste sur le sens du verbe amijornar, "tourner vers le midi" (en réalité, le sud-est), dans une région où il faut, avant tout, se protéger des vents dominants.