L'airial landais, une construction traditionnelle
Notice
Patrimoine architectural landais lié à l'ancienne économie agro-pastorale, les airiaux, labellisés en 1993, sont aujourd'hui très prisés. Dans sa dernière publication, L'airial landais, le CAUE des Landes propose un certain nombre de conseils pour leur restauration et encourage les communes à envisager leur projet d'urbanisme selon les caractéristiques de ces constructions ancestrales.
Éclairage
Dérivé du latin area, "surface, sol uni, emplacement pour bâtir", l'airial constitue, certainement dès le Moyen Âge, un élément patrimonial identitaire d'une grande partie de la Gascogne. C'est un modèle du passé, un exemple pour l'avenir.
Dans un pays d'habitat dispersé, il constitue, jusqu'à la fin du XIXe siècle, le fondement de l'organisation de la société agro-pastorale où la survie des hommes est intimement liée à la valorisation de terres pauvres constituées de sols acides peu productifs. C'est l'impérieuse nécessité de modifier le milieu par l'amendement qui a regroupé dans un espace commun hommes et bêtes, lieux d'habitation et dépendances dans un équilibre harmonieux que l'on redécouvre depuis quelques décennies.
L'action du Parc naturel régional des Landes de Gascogne et le rôle de l'écomusée de Marquèze ne sont pas étrangers à cette évolution et à la réhabilitation de l'airial labellisé depuis 1993 par le ministère de l'Environnement.
Si la lettre est morte, l'esprit demeure. La beauté d'une nature harmonieusement maîtrisée, l'élégance d'une décoration naïve sur un élément architectural et la paisible tranquillité de ces espaces ouverts, laissés au gran libran [1], séduisent plus que jamais des citadins en mal d'authenticité, décillent les yeux de propriétaires locaux qui se réconcilient avec ce monument du passé quelque peu dédaigné parce que devenu inutile et coûteux.
Le guide du CAUE [2] intitulé L'airial landais [3], et d'autres publications spécialisées sur la question - notamment le Livre blanc du PNRLG - prodiguent maints conseils pour la réalisation d'une restauration réussie de ces oasis d'authenticité et constituent de précieux auxiliaires pour ceux qui ont fait le pari de rendre un airial à la vie.
Les malheureuses initiatives rédhibitoires opérées çà et là sur les milliers d'airiaux que compte la Gascogne, entre Adour et Garonne, sont heureusement compensées aujourd'hui par des restaurations admirables évitant les excès, respectant la nature des matériaux [4] et acceptant les contraintes d'un habitat traditionnel éloigné parfois des exigences du mode de vie actuel. La conservation de petites ouvertures en harmonie avec les proportions du bâti en est un exemple ; le défaut de lumière y est largement compensé par la fraîcheur des lieux en été et par l'intimité d'une chaleur confinée en hiver pour peu que l'on consacre un certain budget à l'isolation faite de matériaux nobles traditionnels (laine, chanvre).
Cette prise de conscience des particuliers gagne désormais municipalités et entrepreneurs soucieux de pérenniser un modèle qui a fait ses preuves et qui correspond surtout aux aspirations de clients de plus en plus informés et cultivés. De nouveaux projets d'urbanisme voient ainsi le jour, tant à Retjons qu'à Garein où un éco-hameau installe, dans l'écrin d'un airial couvert de chênes, des maisons en pin des Landes reprenant formes et volumes des bâtisses traditionnelles et qui respectent l'environnement : alliant respect du passé et techniques du futur, ce lieu de vie éco-responsable constitue une promesse pour l'avenir, renoue avec l'identité propre du territoire.
Mais un airial est un espace vivant ; chênes tauzins et pédonculés, tilleuls et arbres fruitiers survivants nécessitent les soins constants des élagueurs tandis que le propriétaire averti veille à la croissance de générations nouvelles qui continueront de protéger cet espace de vie unique.
[1] Expression gasconne, employée dans le nord des Landes, signifiant "en liberté".
[2] CAUE : Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement.
[3] Collectif, L'airial landais, Mont-de-Marsan : CAUE des Landes, décembre 2000, 48 pages.
[4] Bois, torchis, pierre locale appelée garluisha, brique de terre cuite ou barron, carreau "de Gironde" ou adrilha, tuile romane et chaux.