Portrait d'Héléna Gayral
Notice
Rencontre avec la rejoneadora Héléna Gayral sur son domaine "El Cortijo", à Mées. Passionnée de tauromachie depuis le plus jeune âge, c'est en Espagne et au Portugal qu'elle apprend à toréer à cheval, dans un milieu traditionnellement masculin. De retour en France à la fin des années 1980, elle participe à de nombreuses corridas avant de recevoir, en 1993 à Dax, l'alternative.
Éclairage
Il n'a jamais été facile pour les femmes de participer en tant qu'actrices aux spectacles taurins. Devenir torera, novillera, picadora ou rejoneadora s'est toujours révélé une tâche complexe. L'une des premières qui osa rivaliser avec les hommes, à la fin du XVIIIe siècle, s'appelait Nicolasa Escamilla, dite "La Pajuelera". Un après-midi, dans les arènes de Zaragoza, elle piqua et toréa un taureau sous les yeux de Francisco de Goya, qui l'immortalisa dans l'une des gravures de sa Tauromachie (Valor Varonil de la celebre Pajuelera en la plaza de Zaragoza).
Au XXe siècle, la situation fut encore plus délicate pour elles, en raison des interdictions de toréer à pied qui leur furent faites sous différents régimes, et ce jusqu'en 1974. C'est donc naturellement à cheval qu'elles purent donner libre cours à leur passion. La plus célèbre de ces rejoneadoras fut sans conteste Conchita Cintrón (1922-2009), "la déesse blonde", qui triompha dans toutes les arènes d'Amérique latine et du Mexique entre 1936 et 1945, puis d'Espagne et de France jusqu'en 1950. On peut noter qu'une française, à la même époque, pratiquait également cet art du rejoneo, la gardianne Emma Calais.
A leur suite, dans les années 1950-1970, nombre de leurs congénères vont embrasser la même carrière. On peut citer une autre française, Pierrette Le Bourdiec dite "la Princesa de Paris", les colombiennes Amina Assis et Ana Beatriz Cuchet, la brésilienne Lolita Muñoz, la portugaise Gina María, et les espagnoles comme Antoñita Linares, Paquita Rocamora, ou encore les sœurs Carmen et Rosario Dorado.
La génération suivante va voir plusieurs françaises fouler avec leurs chevaux le sable des arènes. La plus connue, sans doute, reste "María Sara" (Marie Sara Leconte Bourseiller), qui prit l'alternative en 1991 à Nîmes des mains de la grande Conchita Cintrón, alors septuagénaire. Deux ans plus tard, le 14 août 1993, une cérémonie semblable se déroulait à Dax pour introniser Héléna Gayral.
Destinée dans un premier temps à l'enseignement, mais ayant la passion taurine dans le sang, Héléna Gayral part au début des années 1980 à Séville où elle reçoit, peu avant qu'il ne décède tragiquement, les conseils du grand matador Paquirri. Après avoir abandonné ses rêves de devenir matador à pied et avoir été initiée au dressage des chevaux au contact de Rafael Jurado, elle devient rejoneadora à partir de 1987 et jusqu'en 2000, toréant au Portugal, en Espagne et enfin en France, où elle triomphe. A l'issue de sa carrière taurine, elle ouvre à Mées, près de Dax, un domaine avec écuries, manège et arènes, "El Cortijo", dédié au dressage des chevaux.