La professionnalisation du rugby : réactions à Saint-Vincent-de-Tyrosse
Notice
Réaction des habitants de Saint-Vincent-de-Tyrosse suite à l'annonce de la professionnalisation du rugby, par les instances internationales. Si les jeunes considèrent le sport comme un débouché professionnel possible, les plus anciens s'inquiètent de la disparition des petits clubs et s'interrogent quant au réel pouvoir de l'argent dans le milieu sportif.
Éclairage
Saint-Vincent-de-Tyrosse, bourgade de 5000 habitants, est une pépinière formatrice, et voit ses meilleurs joueurs suivre une carrière qui les éloigne d'elle. Cela ne date pas du système professionnel mis en place en 1995. Pour ne citer que quelques exemples de ces nombreux départs : en 1971, Jean-Pierre Lux part, à 25 ans, à Dax ; en 1985, Guy Accoceberry part, à 18 ans, à Bègles ; en 1999, François Gelez part, à 20 ans, à Agen...
A Saint-Vincent-de-Tyrosse, le rugby doit être une fête, qui allie créativité et joie sur le terrain. On n'imagine pas embaucher des salariés et adopter des stratégies de "gagne" qui fermeraient le jeu pour assurer la marque.
Leur conception de la formation n'est pas de former de futurs professionnels, mais des amateurs, parmi lesquels les plus doués pourront choisir de se consacrer au rugby pro quelque temps, quitte à se faire remarquer pour être recrutés par des clubs plus fortunés.
Peut-on imaginer de "sauver" des équipes de purs amateurs et à quelle échelle ?
D'abord, "le rugby amateur, contrairement aux représentations communes, n'est pas réellement un rugby de villages, mais de sous-préfectures et de petites villes" [1]. L'implication des parents, des bénévoles, des anciens, peut alors se déployer en direction de tous les âges. Une organisation durable suppose aussi une convergence des acteurs : "le rugby amateur, d'enracinement local, repose sur une relation ternaire entre les pratiquants, les associations et les décideurs des structures politiques et administratives. " [2]
Il y a donc une question d'échelle, d'infrastructures, mais aussi d'animation d'un réseau, où les occasions de se retrouver et de faire la fête, "à la landaise", donne des motivations pour s'engager dans un service bénévole et faciliter la transmission entre générations. Cela ne peut être décidé en haut lieu, mais soutenu localement et par les instances de la Fédération.
[1] BOUTHIER, Daniel, Le rugby, Paris : Presses Universitaires de France, 2007.
[2] Ibid.