Le trafic sur la RN10 dans les Landes
Notice
La DDE des Landes dispose, le long de la RN 10, de 90 postes de comptage de véhicules dont les informations, regroupées sur un ordinateur, permettent de connaître l'état du trafic. Si celui-ci a augmenté au cours des deux dernières années, ce n'est pas le cas des accidents. Un constat inquiétant cependant : l'augmentation du trafic des poids lourds.
Éclairage
Le département des Landes, qui ne présente aucun obstacle géographique majeur, fut de tout temps une terre de passage, une zone de flux, une interface entre l'Europe du Nord et la péninsule ibérique. Les routes de la transhumance entre Béarn et Landes existent dès la Préhistoire et les voies « romaines », créées sous l'Empire, reprennent d'anciens tracés protohistoriques que suivent ensuite les grands axes d'échanges au Moyen Âge. C'est le cas de la « nationale 10 », calquée sur la via turonensis empruntée par les pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle, puis réaménagée par les « intendants » au XVIIe siècle avant de devenir route nationale puis « voie rapide » ou autoroute, au gré des plans et des finances...
Cette histoire des routes landaises a donc suivi, à un rythme très lent, et pendant des siècles, le rythme des hommes ; quand les hommes se déplaçaient à l'allure des chevaux. Mais le développement de l'automobile au lendemain du second conflit mondial entraîne partout des mutations majeures et rapides dans le domaine des transports (1).
Une cinquantaine d'années plus tard, les choses ont, de fait, bien changé. Le comptage opéré par la DDE qui veille au trafic dans la traversée nord-sud du département est précis. Les chiffres parlent et disent qu'en un an l'évolution du trafic des poids-lourds y a presque quadruplé : une augmentation de 8% entre 1998 et 1999 mais un bond de 28,5 % entre 1999 et 2000. Comment expliquer ce phénomène ? Quelles en sont les conséquences ?
Le paysage économique de la France, en ce début du troisième millénaire, est plutôt serein : la croissance du PIB atteint 3,9 %, soit le niveau qu'il affichait pendant les Trente Glorieuses ; le chômage est en baisse (8,5 % de la population active) et l'heure est plutôt à l'optimisme.
Les échanges augmentent donc de façon exponentielle à l'intérieur de l'Europe, dopés par la consommation intérieure - la vitalité du bâtiment notamment - et les délocalisations qui l'accompagnent (2). L'axe de la nationale 10, encore loin d'être aux normes autoroutières, supporte mal un trafic gonflé par la vitalité de Bilbao, au Pays basque sud, mais aussi par la masse de transporteurs originaires de l'ex Europe de l'Est.
Pourtant, cette même année, le 22 mars 1999, un rapport du Conseil Economique et Social intitulé « Pour une politique intermodale » préconise une action à long terme en faveur du transport combiné, fondé sur un investissement accru des pouvoirs publics et une réhabilitation du transport du fret par la SNCF ; deux jours avant l'accident du tunnel du Mont Blanc où un camion est impliqué, faisant 39 victimes... S'ensuivent des directives relatives à la taxation des poids lourds pour l'utilisation de certaines infrastructures.
Puis l'année 2000 est décrétée « année de la sécurité routière » qui est déclarée grande cause nationale. On commence en effet à prendre la mesure des dangers que constituent la pollution et la sur-fréquentation des grands axes routiers. En présence de Jean-Claude Gayssot, ministre de l'Équipement, des Transports et du Logement, la Fédération nationale du transport routier, la SNCF et sa filiale Novatrans signent une charte de qualité destinée à développer le transport combiné « rail-route ».
Derrière les écrans de la DDE, on peut être inquiet puisque ces mesures n'ont jamais été réellement suivies d'effet : chaque année, 3 300 000 camions passent sur l'A63, en Aquitaine (3).
(1) Les Italiens créent la première autoroute entre Milan et Côme suivis par les Allemands qui ouvrent l'AVUS, autour de Berlin, en 1921. En France, il faut attendre 1946 pour inaugurer l'autoroute de Normandie commencée avant guerre.
(2) En France, le transport de marchandises est effectué à 89 % par la route. Par ailleurs, la délocalisation de la production automobile, notamment vers l'Espagne, est emblématique de l'évolution des flux sur l'axe Paris-Madrid.
http://www.usinenouvelle.com/article/l-inexorable-declin-de-la-production-automobile-francaise.N219578
(3) Chiffres donnés pour 2007 sur
le site fr.wikipedia.org/wiki/Autoroute_A63_(France)