Retour sur la carrière de Pierre Albaladejo
Notice
Considéré comme l'un des plus grands demi d'ouverture de l'histoire du ballon ovale, Pierre Albaladejo, le célèbre joueur de l'US-Dax, devient en 1968 le premier consultant sportif qui, aux côtés de Roger Couderc, contribua à populariser le rugby. Egalement passionné de tauromachie, il commente depuis 1986 l'émission Toromania, sur France 3 Aquitaine.
Éclairage
Pierre Albaladejo, né en 1933 à Dax, a connu sa grande période à titre individuel entre 1954 (première sélection en équipe de France) et 1964, où il reçoit l'Oscar du Midi olympique (meilleur joueur français du championnat).
Au cours de 30 sélections (1954 et de 1960 à 1964), il connaît 3 victoires dans le Tournoi des cinq nations en 1960 (avec l'Angleterre), 1961 et 1962.
Au niveau de son club, l'US Dax, il joue 4 finales du Championnat de France (1956, 1961, 1963, 1966)et remporte 2 fois le Challenge Yves du Manoir (sorte de Coupe de France), en 1957 et 1959 (où il passe 4 drops).
De 1968 à 1999, il est consultant en radio, puis en télévision et commente plus de 500 matchs en direct sur Antenne 2 et Europe 1. Il forme un duo avec Roger Couderc, puis avec Pierre Salviac. Ses interventions se situent plutôt dans les temps d'arrêt de jeu, où il revient sur ce qui vient de se passer, et les ralentis prouvent souvent la pertinence de son diagnostic à chaud, voire de son expertise à plus long terme. Sa complémentarité avec l'excitation du reporter qui suit ou accompagne l'action de jeu contribuent largement à faire connaître, comprendre et apprécier le jeu et sa culture, et ainsi le rendre populaire en France.
S'il a connu comme joueur des gabarits variés, des styles de jeu encore plus divers, il n'apparaît pas comme un nostalgique, mais comme lucide et responsable, car il a été aussi président de son club.
Président de la commission d'éthique et de la déontologie de la Fédération Française de Rugby, il démissionne en novembre 2010 : "je me demandais à quoi nous servions".
Il attire l'attention sur une possible dérive de l'évolution actuelle du jeu et de la formation-préparation des joueurs : "a n'être que physique, il n'y aura plus de place pour les artistes", or "ce sont les artistes qui font rêver les enfants".
On peut voir dans son goût de la tauromachie une analogie avec une conception d'un rugby complet, où l'esquive est au moins aussi importante que l'affrontement frontal : certes, il y a un temps de "châtiment", qui agit sur "le potentiel qu'on peut enlever à l'adversaire, pour après le dominer". Mais ensuite, on ne doit pas oublier de déployer des actions variées, d'occuper tout l'espace, par des passes, qui trompent ou affolent l'adversaire, qui le "mettent dans le vent".
"Un grand rugbyman est un homme qui sera à la fois un excellent torero et un brillant taureau." [1]
[1] ALBALADEJO, Pierre, Les clameurs du rugby. Ce jeu qui interdit le JE, Paris : Solar, 2007, p. 122.