Présentation du club de rugby de Tyrosse
Notice
Reportage consacré au club amateur de rugby de Tyrosse dans les Landes. Retour sur les joueurs qui ont marqué l'histoire du club et son palmarès. Evocation également du rôle social du club, qui aide ses joueurs à obtenir un emploi, et de la grande qualité de la formation qui y est dispensée.
Éclairage
Plus que n'importe quel autre club des Landes, Saint-Vincent-de-Tyrosse, cité de 6000 âmes entre Dax et Bayonne avec son stade de La Fougère et ses couleurs Rouge et Bleu, est l'histoire d'amour d'un village et de son rugby. En 1910, à l'instigation d'un jeune instituteur, Monsieur Nagouas, fut organisée une réunion en vue de créer une société sportive avec pour objectif : le rugby ! Le Sport Athletic Tyrossais (S.A.T). « Il y a deux messes à Tyrosse : celle de 11 heures et celle de 15 heures... », a-t-on habitude d'entendre au cœur du village. Né le 24 juin 1919 de la fusion de deux sociétés préexistantes, le Sport athlétique tyrossais et le Ralliement, fondées avant la guerre, l'U.S Tyrosse a forcé l'admiration en se maintenant en Première Division entre 1928 et les années 1990. Le club a toujours puisé ses joueurs dans la population locale : le plus souvent des employés des usines, les chaussures Merle et Bellocq, puis Adidas ou encore les agriculteurs et ouvriers de la forêt. L'U.S Tyrossaise s'est construit, au fil des ans, une réputation d'équipe volontaire défendant avec une passion énorme, se surpassant devant son public et soulevant l'admiration du monde du rugby.
Sans avoir les moyens de ses illustres voisins de Bayonne, Biarritz, Dax ou Mont-de-Marsan, les Landais ont joué longtemps dans la cour des grands. Et les Tyrossais ont donné à la Fédération une pléiade d'internationaux faisant de cette ville l'un des viviers le plus riche de la France d'Ovalie : le premier en 1937, le pilier gauche Pierre Daulouede (4 sélections). Puis la fameuse charnière des frères Guy (demi d'ouverture, 14 sélections entre 1961et 1968) et Lilian Camberabero (demi de mêlée, 13 sélections entre 1964 et 1968) mais aussi Jean-Pierre Lux (centre, 47 sélections entre 1976 et 1975), Jo Rupert (Troisième-ligne, 14 sélections entre 1963 et 1968), Christophe Milheres (troisième-ligne, 1 sélection en 2001), Guy Accoceberry (demi de mêlée, 19 sélections entre 1994 et 1997), François Gelez (demi d'ouverture, 8 sélections entre 2001 et 2003). Cette passion, installée vers 1911 dans un village d'ouvriers, de notables et de chasseurs gastronomes, se transmet de génération en génération. Pour citer un des frères Camberabero : «Notre destin de rugbyman est inscrit sur le registre de l'état civil.»
L'esprit tyrossais si vivant, si spécifique, se nourrit de confiance, vitalité, générosité, talent naturel et continuité. Il se transmet de génération en génération, chaque ancien veillant au respect scrupuleux de l'héritage. Avec son budget de petit poucet (700.000 euros), l'U.S.T ne pourrait exister sans sa formation. Du précurseur André Desclaux, un éducateur hors norme, à l'instituteur Paul Dabat, Guy Perrin et Michel Laborde, chacun, à son époque, a apporté sa pierre à l'édification de l'académie Rouge et Bleu. Jeannot Grocq, en 1968, crée l'école de rugby sous sa forme actuelle pour prolonger et élargir le travail effectué en milieu scolaire et notamment dans les collèges catholiques où il était défendu de jouer au rugby dans les cour de récréation de l'immédiat après-guerre. « L'école de rugby (labélisée FFR depuis 2007) compte deux cent quarante gamins avec trois équipes cadettes, une équipe Crabos, une équipe Reichel, se félicite Max Dando, président de l'U.S.T en 2010. Avec dans l'équipe première huit à dix gamins issus de l'école de rugby. » Les nombreuses sélections éclairent la qualité du travail accompli.
Champion de France Groupe B en 1981, l'U.S Tyrossaise a subi de plein fouet, comme ses voisins plus huppés de Dax et Mont-de-Marsan, l'arrivée du professionnalisme et, après quelques années de lutte, a dû se résigner à descendre d'un étage, à quitter l'élite pour rejoindre le giron fédéral. Mais la force de ce club centenaire est de tisser un lien social entre les entreprises locales et ses joueurs. « C'est le rôle des petits clubs de trouver des emplois, insiste Philippe Dando, président de la commission sociale et partenaire de l'U.S.T. C'est primordial pour que le club perdure en Fédérale 1. » Des valeurs véhiculées par le club qui séduisent de nombreux joueurs et font perdurer la légende du rugby tyrossais.
Vincent Péré Lahaille