La CUMA de Le Vignau

13 février 1987
02m 07s
Réf. 00512

Notice

Résumé :

Créée en 1958, la CUMA de Le Vignau s'est développée au fil des années avec notamment la création en 1984 d'un hangar-atelier employant deux salariés permanents. Regroupant 140 adhérents, elle diversifie aujourd'hui ses champs d'action, projette la création d'un secteur informatique pour assurer sa propre gestion et celle de ses adhérents et facilite financièrement l'adhésion des jeunes agriculteurs.

Date de diffusion :
13 février 1987
Source :

Éclairage

Dans l'ancienne agriculture, la gestion de l'outillage ne posait guère de problèmes : la plupart des outils ne coûtaient pas grand chose et chaque paysan était capable de les entretenir avec l'aide du forgeron municipal pour les parties en fer. Seuls la charrette (à deux roues) et le char (à quatre roues) étaient plus onéreux et ne se trouvaient, surtout ce dernier, que dans les grandes exploitations qui les utilisaient aussi pour faire des transports à plus ou moins longue distance, ce qui leur procurait des revenus non négligeables. Ce qui manquait le plus, surtout à certaines époques de l'année, c'était la force de travail ; aussi, procédait-on à des échanges : le petit paysan qui ne possédait pas d'attelage empruntait ses bœufs à un voisin plus fortuné en échange de journées de travail lors des gros travaux, comme la moisson. Au cours du XIXe siècle, de nouveaux matériels apparurent, plus sophistiqués (charrue brabant, faucheuse etc.), mais ils n'intéressèrent guère que les plus gros exploitants, les autres se contentant de leur outillage traditionnel, parfois quelque peu amélioré. C'est seulement quelques années avant la dernière guerre, en conséquence de la crise des années 1930, que les premières formes de coopération apparurent dans le domaine de l'outillage, en particulier avec des coopératives de battage, une opération qui nécessitait un matériel lourd et qui n'était utilisé que quelques jours par an.

L'immédiat après-guerre vit un essor très rapide des Coopératives d'Utilisation de Matériel Agricole (CUMA) dont certaines purent bénéficier des premiers tracteurs apportés par le plan Marshall : on en comptait environ 8000 en 1949. Mais, tout aussi rapidement, beaucoup d'entre elles disparurent, notamment à cause des difficultés dues à l'individualisme paysan, mal préparé à cette forme de gestion en commun du matériel. La Fédération nationale des Cuma fut dissoute et le mouvement ne reprit son essor que quelques années plus tard : on en recensait 12 000 en 1965, vouées aux activités traditionnelles : labour, récolte, battage. Elles permirent le maintien de nombre de petites exploitations familiales qui ne pouvaient faire face à l'achat de gros matériel.

Les années 1970-80 virent le développement et la structuration des Cuma au niveau national et régional ; des liens de plus en plus étroits les relièrent aux coopératives et à d'autres institutions (Chambres d'Agriculture). Elles accompagnèrent la modernisation d'une agriculture de plus en plus mécanisée et où chaque exploitation disposait du matériel de base. Aussi, après la réforme de la PAC en 1992, les Cuma durent faire face à de nouvelles tâches afin d'alléger les coûts de production de leurs membres. Elles se chargèrent alors des opérations d'irrigation ou de drainage et ne sont pas insensibles aux problèmes environnementaux, acquérant des machines pour épandre les effluents issus des élevages, par exemple.

Aujourd'hui le mouvement des Cuma manifeste toujours une belle vigueur : on en compte 13 400 sur le territoire national qui regroupent à peu près la moitié des agriculteurs en activité. Leur activité est de plus en plus diversifiée et la sophistication de l'outillage moderne les a conduites à embaucher du personnel (5 500 salariés permanents) tant pour la conduite des engins que pour leur entretien. Ces embauches ont permis de régler un problème récurrent dans les Cuma : celui de l'entretien du matériel, chacun ayant tendance à se décharger de cette tâche sur le voisin. La Fédération nationale des Cuma est engagée dans un vaste projet, appelé "Cuma 2020", qui vise à faciliter l'adaptation des Cuma à l'évolution rapide de l'agriculture, un projet dont les maîtres mots sont diversité, adaptabilité et réactivité dans le but de pérenniser ces groupements au niveau local et de leur permettre de poursuivre une histoire vieille de plus de 60 ans.

Francis Brumont

Transcription

Présentateur
Une page agricole à présent, au moment où se déroule le congrès annuel des CUMA dans les Landes. Jean-François Meekel s’est intéressé à ces Coopératives d’Utilisation collective de Matériel Agricole que l’on appelle CUMA ; une formule qui fait chuter les coûts de mécanisation de l’ordre de 20 à 25 % par propriété agricole. Aujourd’hui, certaines CUMA fonctionnent comme de véritables entreprises. Elles embauchent du personnel et même se diversifient, exemple dans les Landes.
Journaliste
Crosse en l’air, en matière de culture, c’est la morte-saison, la période où le matériel agricole est passé au crible des mecanos. Ici le hangar de la CUMA Le Vignau, près de Mont-de-Marsan, une CUMA créée en 58 et qui regroupe aujourd’hui 140 adhérents pour 1 500 Ha. Objectif principal, la récolte du maïs en grains, épis ou ensilage avec un gros matériel, qui forme aujourd’hui un capital de trois millions de francs. Depuis 84, avec l’arrivée des jeunes aux responsabilités, la CUMA a trouvé son second souffle avec en particulier, la construction de ce hangar atelier, gage de pérennité de la structure.
Michel Saint-Martin
Ça nous a permis d’employer un salarié permanent, puisqu’il faisait la conduite des engins de la récolte pendant les travaux et ensuite en période creuse, pouvoir l’occuper.
Journaliste
En fait, la CUMA emploie aujourd’hui, en plus des six saisonniers, deux salariés permanents : chauffeurs et mécaniciens, qui passent une partie de l’année à entretenir eux-mêmes le matériel, et l’économie est très substantielle.
Michel Saint-Martin
La charge de ce hangar atelier nous revient 10 francs l'hectare ; alors qu’avant, sans entretien et réparation, cela nous coûtait 30 francs en faisant effectuer ces travaux à l’extérieur.
Journaliste
Avec ses deux salariés, la CUMA s’est faite attractive, comme un prestataire de service qui élargit sa gamme. Gros tracteur pour les labours, l’épandage [incompris] en vrac, en liaison avec la coopérative d’Aire sur Adour, une débroussailleuse, du matériel de séchage ou de pressage. En projet, un service très original pour une CUMA, la création d’un secteur informatique qui assurera aussi bien la gestion de la CUMA elle-même que celle de ses adhérents. Enfin, la CUMA fait un effort d’ouverture en direction des jeunes agriculteurs, en particulier par l’étalement sur cinq ans du règlement des parts sociales.